En campagne avec… Laurent Russier

Après Mathieu Hanotin et Bally Bagayoko, Le journal du Grand Paris a suivi Laurent Russier, maire sortant (PCF) de Saint-Denis, lors d’un après-midi de campagne. Entre défense de son bilan et projection pour l’avenir. Avec le logement pour tous les Dionysiens comme première priorité. 

Avenue de la Métallurgie, au cœur de la Plaine, à mi-chemin entre le centre de Saint-Denis et la Porte de la Chapelle, Laurent Russier effectue cet après-midi de fin janvier son porte-à-porte avec ses colistiers d’Europe Ecologie-Les Verts. Vivons Saint-Denis en Grand, son mouvement de campagne, réunira dès le premier tour le PCF, Europe-Ecologie-Les Verts, Place publique, les Radicaux de gauche, la Gauche républicaine et socialiste et de nombreux citoyens engagés. Mais il affrontera Mathieu Hanotin, (PS), Bally Bagayoko, un de ses adjoints qui se présente sous les couleurs de la France insoumise, ainsi qu’Alexandre Aïdara, chef de file de La République en marche en Seine-Saint-Denis et soutenu par le Modem et l’UDI. L’élection s’annonce disputée.

Laurent Russier et ses colistières vertes, porte-à-porte avenue de la Métallurgie, au cœur de la Plaine, samedi 1er février. © Jgp

A la rencontre des Dionysiens. © Jgp

A chaque locataire des immeubles de logements sociaux visités, Laurent Russier décline, avec une grande gentillesse, teintée d’humilité, les lignes forces de son projet : « Notre objectif est de permettre à tous de pouvoir vivre à Saint-Denis », résume-t-il.

Le logement constitue pour le maire sortant la priorité. Il repousse vigoureusement les propos d’un Mathieu Hanotin accusant le Parti communiste, qui règne sur la ville depuis plusieurs décennies, d’avoir paupérisé la commune en construisant trop de logements sociaux. « Nous sommes naturellement favorables à la mixité sociale, ainsi qu’aux entreprises. Mais il faut aussi construire du logement social, pour permettre aux Dionysiens et à leurs enfants, de pouvoir continuer à vivre à Saint-Denis. Et s’attaquer à la folie des prix dans le privé », poursuit-il.

Ingénieur agronome

Cet ingénieur agronome de formation, ancien salarié de la banque et de la distribution, habitant à Saint-Denis depuis 1999, évoque l’action de la Ville pour préempter des fonciers afin de maîtriser leur prix, ainsi que les chartes promoteurs, imposées par la mairie. Des contraintes que les acteurs privés de l’immobilier acceptent sans difficulté, affirme-t-il. « Si Saint-Denis n’était pas attractif, cela se saurait », résume le maire sortant.

En échange d’un prix du foncier maîtrisé, ces chartes imposent non seulement aux promoteurs de respecter des plafonds de prix de sortie, mais aussi de ne pas concevoir que des petits logements. « La plupart des promoteurs ont tendance à privilégier les surfaces réduites, plus rentables. Mais cela nuit à la mixité, et favorise la venue d’investisseurs, qui sont moins enclins que les propriétaires habitants à entretenir les copropriétés », détaille l’élu. Laurent Russier affiche sa satisfaction, en l’espèce, de constater que désormais « l’insalubrité perd du terrain », soulignant « qu’il s’agit d’une des rares politiques de l’Etat qui a plutôt tendance à s’améliorer ». « Nous travaillons très bien avec la préfecture à ce sujet », indique-t-il.

Il cite en contre-exemple le cas de communes voisines, qui ont supprimé toutes mesures visant à encadrer les prix du logement, et où ces derniers « se sont envolés de plus de 50 % parfois, au cours des six ans écoulés ».

« Le pouvoir d’achat s’est amélioré »

Laurent Russier nie toute paupérisation de la ville. « Les chiffres attestent d’une amélioration du pouvoir d’achat moyen des Dionysiens au cours des dernières années même si les inégalités augmentent à l’image du pays », affirme-t-il. Il se félicite de l’arrivée prochaine de plusieurs lignes du Grand Paris express, qui feront de Saint-Denis un hub de transports que l’on annonce plus important que celui des Halles à Paris.

Il se déclare également favorable aux Lumières Pleyel, grand projet d’aménagement situé près de la future gare du Grand Paris express, lauréat d’« Inventons la métropole du Grand Paris » et à ses émergences, de grande hauteur. « C’est à côté des gares qu’il faut densifier, estime-t-il, si l’on veut éviter l’étalement urbain. A condition toutefois d’être très attentif à la mixité des logements, aux commerces, aux équipements publics et aux espaces verts », poursuit-il, se félicitant que les Lumières Pleyel, réalisées sous l’égide de Sogelym Dixence, contiennent un parc de plus d’un hectare.

Laurent Russier se réjouit également du nouveau franchissement des voies ferrées qu’offrira à la ville le pont habité de Marc Mimram, en gestation. « Alors que Paris bénéficie d’un franchissement du faisceau ferré tous les 300 ou 400 m, nous n’avons aujourd’hui que celui du Landy », constate-t-il.

Porte à porte

Lors de ces visites d’appartements, les locataires confient leurs problèmes d’emploi, de fins de mois parfois, ou d’insécurité, avec des dealers et leurs molossoïdes qui empoisonnent bien des quartiers. « Ces trafics sont intolérables », estime Laurent Russier, qui considère toutefois que la police municipale, qu’il souhaite renforcer, doit se concentrer sur ses missions de proximité, et ne pas être armée. Entre deux blocs d’immeubles, il répond aux critiques des uns et des autres. Par exemple sur le sous-investissement supposé de la ville en matière d’équipements publics ou l’abandon du centre-ville.

Laurent Russier, le maire sortant, décline ses propositions. © Jgp

« Tout le monde ne connaît pas bien l’histoire, remarque-t-il. Une histoire marquée notamment par la désindustrialisation de la Plaine, laissant d’immenses friches, sur lesquelles il a fallu, au cours des dernières décennies, reconstruire de la ville ainsi qu’un réseau viaire, là où il n’y avait quasiment aucune rue, mise à part l’avenue Wilson », fait-il valoir. Ce qui explique une certaine concentration des investissements au sud du territoire.

« De même, pendant des années, la croissance démographique était particulièrement élevée, nous conduisant à construire des établissements scolaires en nombre », souligne également le maire sortant de Saint-Denis. Une baisse de l’augmentation de la population, qui ne s’élève plus qu’à 4 % aujourd’hui, permettra également une meilleure diversification des investissements à l’avenir, indique-t-il avec une constante bonhommie, citant le futur conservatoire ou la rénovation des équipements sportifs.

Avec ce locataire, il souligne la création d’une mairie annexe, dans la Plaine, ou l’agrandissement de la poste, comme autant de signes de la volonté de la mairie de soigner ces quartiers. Il évoque aussi le prolongement du tramway T8, qui reliera dans quelques années le centre de Saint-Denis à la porte de la Chapelle, avec plusieurs stations à La Plaine. « La culture, souvent utilisée comme variable d’ajustement, est essentielle à mes yeux », poursuit-il, évoquant la nécessité d’un agrandissement de l’Ecran, le cinéma d’art et d’essai dionysien, qui mérite une troisième salle, ou encore la présence d’une librairie, « Folie d’encre », maintenue alors que de nombreux commerces ont fermé au cours des dernières années.

Les bienfaits de la foncière commerce

La création récente d’une foncière commerce, afin de favoriser le développement des boutiques dans le centre-ville, figure parmi ses motifs de fierté. « Nous avons déjà permis l’implantation, d’une poissonnerie, d’une fromagerie et d’une boucherie », se réjouit-il. Il se félicite, au passage, de l’abandon d’EuropaCity, évoquant la multiplication des centres commerciaux, Qwartz à Villeneuve-la-Garenne, Le Millénaire à Aubervilliers ou Aéroville à Tremblay-en-France, comme la principale cause des difficultés des commerces de centre-ville.

Cet après-midi, un « Atelier femmes » se tient à la permanence du maire sortant, au centre de Saint-Denis. © Jgp

Les participantes de l’Atelier. © Jgp

Laurent Russier évoque la transition écologique, sa volonté – en phase avec Anne Hidalgo – de réduire la part de la voiture, et de donner plus de place au vélo, ce qui nécessite encore, à Saint-Denis, de nombreux investissements. Mais il juge très insuffisantes les aides publiques à la conversion automobile, qui constituent à ses yeux « un effet d’aubaine pour des gens qui auraient de toute façon changé de voiture et n’accompagnent pas assez les plus fragiles ».

Comme Patrick Braouezec, il estime que les territoires sont l’échelon à renforcer, jugeant que les Départements sont sans doute celui qu’il faudrait choisir, si l’on devait en supprimer.

Après cet après-midi à la rencontre des locataires, Laurent Russier rejoint son vaste local de campagne du centre-ville, où un « Atelier femmes » réunit une cinquantaine de Dionysiennes. Des habitantes qui ont planché pour lui faire leurs propositions pour une meilleure place des femmes dans la démocratie locale.

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