Parce que même en région parisienne, l’évasion n’est qu’à quelques coups de pédalier, Le journal du Grand Paris vous propose quatre idées d’échappées belles, à vélo, dans la région. La première suit les premières étapes de l’avenue verte, qui relie Paris à Londres.
Les amoureux de la petite reine peuvent se réjouir : non seulement pistes cyclables et coronapistes fleurissent désormais dans la métropole, mais il en va de même pour les itinéraires plus touristiques, qui permettent au Grand Parisien en mal de verdure, ou de vacances, de s’échapper de l’agitation de la zone dense pour rejoindre des paysages plus bucoliques. Scandibérique, Avenue verte, Véloscénie, Seine à vélo : désormais quatre grands itinéraires cyclables traversent la Capitale, ou en partent. Pour ceux qui ne passeraient pas (tout) l’été hors du Grand Paris, Le journal du Grand Paris en a testé quelques portions.
L’Avenue verte, ou Paris-Londres à vélo
Inaugurée en 2012, à point pour les JOP londoniens, l’avenue verte permet de rejoindre les deux capitales européennes à deux roues. Mais aussi, tout simplement, de sortir de Paris à bicyclette pour rejoindre de quelques coups de pédales ses jolies banlieues ouest.
Dès le départ, ou presque, l’itinéraire est bordé par l’eau : du parvis de Notre-Dame, le cycliste rejoint le Canal Saint-Martin puis le bassin de la Villette. Avant d’entrer dans le parc de la Villette, une bifurcation vers le Canal Saint-Denis permet de rejoindre la ville éponyme puis le Stade de France. Au passage, l’on pourra admirer les fresques murales de la « Street art avenue ». Les choses se corsent ensuite, le tronçon Saint-Denis-Colombes n’étant ni des plus enchanteurs, ni des plus sécurisés. Cependant, l’on peut opter pour le train, et rejoindre Argenteuil (Val d’Oise) ou pour le RER A, et commencer la balade à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Ici, en effet, la randonnée longe les jolies demeures blotties sur les berges de la Seine.
Sur l’Ile de Chatou (Yvelines), l’on peut apercevoir la maison Fournaise, lieu de rencontres des impressionnistes, fermée pour restauration. La véloroute traverse à cet endroit la Seine, pour rejoindre Chatou, Croissy-sur-Seine, puis Le Pecq (Yvelines). Sur l’autre rive, se trouvent la fameuse machine de Marly, un impressionnant dispositif de pompage destiné à l’alimentation en eaux de la Seine des jardins du parc de Versailles, et, un peu plus loin, le Château de Monte-Cristo à Port-Marly. Le trajet se poursuit au nord et longe le parc départemental de la boucle de Montesson.
A Sartrouville, l’on quitte la Seine (en passant sous le pont pour revenir dessus) pour entrer dans Maisons-Laffitte, face à son château. Ici, mieux vaut consulter sa carte : les panneaux ont (temporairement) disparu. La traversée de la ville conduit le cycliste au coeur de la forêt de Saint-Germain-en-Laye. A sa sortie, un pont offre une superbe vue sur Conflans-Sainte-Honorine, ses péniches et ses bateaux de croisière. Ici, la halte sur une terrasse en bord de fleuve s’impose, si le beau temps l’autorise.
Confluence
Il est temps également de consulter cartes et guides et de préparer l’alternative qui, bientôt, devra être tranchée : faut-il continuer l’avenue verte par la route du Vexin ou par celle des bords de l’Oise ? Si le parcours entre les deux options est commun jusqu’à Neuville-sur-Oise (Val d’Oise), à quelques kilomètres de Conflans, les voies divergent ensuite.
Le journal du Grand Paris a, partiellement du moins, testé les deux. Côté Vexin, s’il n’a pas pédalé entre Neuville-sur-Oise et Villarceaux, il a rejoint l’avenue verte près de ce château et de ses jardins. Sur des petites routes, l’on descend vers Bray-et-Lu, où une voie verte, extrêmement agréable, aménagée sur une ancienne voie ferrée souvent bordée de champs de moutarde et de coquelicots, relie Gisors (Eure), au nord, à Gasny, au sud. L’emprunter permet aussi d’atteindre, à quelques kilomètres de Gasny, le fameux bourg de Giverny, connu pour son musée des impressionnistes et la maison de Monet. De là, 3 km suffisent pour entrer dans Vernon, dont le vieux moulin, en bord de Seine, et le centre historique, valent le détour. Une escapade à la Roche Guyon et sur les falaises qui la surplombe est aussi incontournable.
L’Oise des peintres et des abbayes
Mais les chemins vers Londres sont divers et l’on peut tout autant, à Neuville, opter pour une route un peu plus orientale, après être passé au sud de l’île de loisirs de Cercy, rejoint les bords de l’Oise. L’on traverse Port-Cergy, et sa marina, avant de longer une vaste zone maraîchère. La véloroute conduit ensuite à Pontoise où l’on pourra, au prix d’une forte grimpette, aller admirer la cathédrale Saint-Maclou, mais aussi le petit musée Pissarro – qui vécut dans la ville – situé sur les ruines du château et d’où l’on bénéficie d’une belle vue sur l’Oise.
L’on dévale ensuite la côte pour rejoindre l’avenue verte qui quitte l’Oise peu après Pontoise pour arriver, par des petites routes agréables, à Auvers-sur-Oise. Le petit village doit une bonne part de sa notoriété à Vincent Van Gogh, qui y passera les deux derniers mois de sa vie. Mais il a également hébergé d’autres peintres impressionnistes et les occasions d’y faire une halte prolongée ne manquent pas : l’on peut ainsi jeter un oeil à la maison du Docteur Gachet, à l’église, peinte par Van Gogh, au cimetière, où il repose avec son frère Théo, visiter le château, où un parcours-spectacle très didactique (mais un peu long) revient sur l’impressionnisme, ses sources et ses prolongations, ou encore le musée Daubigny, à l’auberge Ravoux, où Van Gogh avait sa chambre, et au cimetière, où il repose.
Villégiatures
L’Avenue verte rejoint ensuite l’Isle-Adam. La petite ville est particulièrement charmante aux beaux jours, avec sa plage (privée) bordée de cabines, et ses multiples cafés et restaurants posés sur les rives de l’Oise. Elle constitue une halte parfaite, même s’il faut parfois pédaler quelques kilomètres supplémentaires pour trouver un hébergement sympathique.
Le parcours entre l’Isle-Adam et l’abbaye de Royaumont est assez décevant : après quelques kilomètres de chemin rustique (et interrompu par les travaux d’une marina) le long des berges, il alterne ensuite parcours sur des petites routes et chemins pastoraux aux herbes parfois très hautes et très peu dignes d’une véloroute. Cependant, la destination vaut ces quelques déconvenues : l’abbaye cistercienne de Royaumont est une merveille et vaut la visite (si possible guidée). Rien n’empêche par ailleurs d’y revenir pour un week-end chic et artistique : géré par une fondation, le lieu accueille des jeunes artistes en résidence, qui s’y produisent, et propose au visiteur chambres et couverts.
De Royaumont, une jolie promenade largement boisée, et qui longe les magnifiques demeures du très chic quartier du lys à Lamorlaye permet ensuite de rejoindre Chantilly, et son très beau château, dont on admirera particulièrement la bibliothèque. Retour à Paris par le train en moins d’une demie-heure, sauf incident.
Plus loin sur l’avenue verte, à environ 90 km de Bray-et-Lu, commence la partie sans doute la plus familiale du trajet Paris-Londres : il s’agit de la voie verte aménagée entre Forges-les-Eaux et Dieppe, sur une ancienne voie ferrée. Ici, les cyclistes ne seront dérangés par aucun véhicule automobile, sauf sur une partie de la portion finale, entre Arques-la-Bataille et Dieppe.
Si les derniers kilomètres, même protégés – le cycliste longe pendant plusieurs kilomètres une voie ferrée grillagée… – sont assez ennuyeux, le reste de ce trajet de 57 km vers la mer est sinon très plaisant et bucolique. L’on retrouve les marques de l’ancienne voie ferrée, et d’anciennes gares. Dont celle de Nesle-Saint-Saire où un petit restaurant, qui vend également des produits du terroir, peut constituer une halte agréable. A Neufchatel, l’on achètera les fromages du terroir, en forme de coeur.
Des guides existent qui décrivent l’Avenue Verte notamment aux éditions Ouest France, et le Routard propose un très pratique “Paris Ile-de-France à vélo” qui décrit les parties franciliennes de l’itinéraire. Sur internet, le site Avenuevertelondonparis.com, permet de préparer les étapes voire de télécharger les tracés en format gpx.
C’est un des projets phares de la Vallée de la Seine qui n’a pas recueilli l’écho qu’il méritait car il a été opérationnel en octobre 2020, alors que le territoire était à nouveau confiné en raison de la pandémie de Covid-19. Pourtant, la Seine à vélo, après plusieurs années de travaux, offre 430 km de voies cyclables de Paris au Havre et à Deauville. 8 départements et plus de 130 communes sont traversés par cet itinéraire – commun en partie avec l’Avenue verte – qui dessert deux parcs naturels régionaux, différents musées, cathédrales, châteaux et autres points d’intérêts.