Pour éviter l’afflux de voyageurs dans les transports en commun et d’automobilistes sur les routes, les collectivités franciliennes ont décidé la construction de pistes cyclables temporaires pour faciliter les trajets à vélo. Petit état des lieux au 10 mai 2020, à la veille du déconfinement.
Le constat est impressionnant : en quelques jours, une multitude de lignes jaunes et de pictogrammes représentant des vélos ont été tracés sur une vingtaine de kilomètres de voies grandparisiennes. Et, tout particulièrement, sur quelques grands axes donnant accès à la Capitale : comme sur la RD7, entre Chevilly-Larue (Val-de-Marne) et la Porte d’Italie (Paris 13e arr.), sur le tracé de la Iigne 7 du métro ; sur la RD120 qui longe le RER A et la ligne 1 à l’est de Paris ; sur la RD920 entre la place de la Vache noire à Arcueil et la Porte d’Orléans (ligne 4 du métro) ; sur la RD 906 qui arrive à la porte de Chatillon (ligne 13) ; ou encore, et non des moindres, sur le Pont de Neuilly puis l’avenue Charles de Gaulle à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) entre la Porte Maillot et le quartier d’affaires de La Défense.
Mais d’autres voies sont concernées : comme plusieurs tronçons de la transversale RD86 qui relie Thiais à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) en suivant le tracé du bus TVM. Ou encore le boulevard Saint Michel (Paris 5e arr.) et une partie de la Rue de Rivoli.
Lignes de RER et de métro doublées
Très bientôt, a annoncé la mairie de Paris, des pistes cyclables temporaires permettront de doubler, à Paris intra-muros, les lignes de métro 1, 4 et 13, les plus fréquentées de la Capitale. Le tunnel de l’Etoile devrait également rouvrir pour les deux roues non motorisés.
L’idée est en effet de donner aux travailleurs la possibilité de prendre leur vélo en empruntant des pistes cyclables larges, sécurisées, permettant tout à la fois un trafic important et la distanciation physique nécessaire. L’espoir est aussi que cette augmentation du nombre de cyclistes allège le trafic des transports en commun, et dissuade le recours accru à la voiture particulière. Pour ce faire, les aménageurs ont décidé d’avancer la réalisation de pistes déjà prévues par les collectivités ou de reprendre à leur compte les propositions des associations d’usagers. La plupart de ces “coronapistes” préfigurent ainsi le réseau du RER V, promu par le Collectif Vélo Ile-de-France.
Petit tour de coronapistes
A la veille du déconfinement, le 10 mai, Le journal du Grand Paris a fait un petit tour des aménagements déjà réalisés. Premier constat : les départements de la petite couronne ont été plus rapides à dégainer leurs traceurs de lignes que la ville de Paris. La Capitale n’a pour l’heure aménagé que le boulevard Saint-Michel, la rue Saint-Jacques et plusieurs tronçons de la Rue de Rivoli à l’est de la place du Châtelet. La Capitale, il est vrai, a vu fleurir ces derniers mois de nouvelles pistes cyclables assez larges un peu partout, par exemple sur le boulevard de Sébastopol.
Problème cependant : la jonction n’est pas encore assurée avec les aménagements très rapides réalisés par les départements voisins. C’est tout particulièrement flagrant dans deux endroits : ainsi les aménagements réalisés par le département des Hauts-de-Seine sur la RD920 butent sur une Porte d’Orléans puis sur une avenue du Général Leclerc extrêmement peu accueillantes pour les cyclistes, surtout les néo-cyclistes. De la même façon, la coronapiste qui traverse le Pont de Neuilly puis longe l’avenue Charles-de-Gaulle à Neuilly débouche sur une Porte Maillot en pleins travaux qui dissuade même un cycliste chevronné.
“Les aménagements devraient être réalisés par la ville de Paris dès le milieu de la semaine”, rassure cependant Louis Belenfant, directeur du Collectif Vélo Ile-de-France, qui rassemble plus de 30 associations franciliennes de cyclistes. De la même façon, une réunion menée sous l’égide de la préfecture d’Ile-de-France avec les départements de la petite couronne et la mairie de Paris, lundi 11 mai, devrait permettre de régler quelques points durs, comme la sécurisation de la piste traversant le Pont de Neuilly. Pour l’instant, les cyclistes doivent remonter sur le trottoir, la liaison avec La Défense n’étant pas assurée.
Voies de circulation neutralisées
Deuxième constat : les nouveaux aménagements sont pour la plupart larges et confortables. Les nouvelles voies cyclables occupent en effet, en général, une voie de circulation ou de bus, neutralisée pour la circulation automobile. La sécurité est assurée par des balises situées aux endroits stratégiques (intersections) et empêchant donc que les voitures ne se rabattent sur les vélos pour tourner à droite. Quelques exceptions cependant : par exemple sur l’avenue Charles-de-Gaulle à Neuilly, dans le sens Neuilly-Paris. La “coronapiste” est située sur la gauche de la contre-allée du métro, cette dernière étant trop étroite pour permettre une véritable séparation du trafic entre voitures et cyclistes.
Reste que ces aménagements généreux risquent fort de déplaire aux automobilistes, confinés sur un espace plus réduit qu’à l’habitude. Dès le week-end du 8 mai, certains espaces faisaient l’objet d’un stationnement non autorisé…