Notre-Dame : zoom sur la préservation des œuvres et la restauration de la cathédrale

Karine Duquesnoy, directrice régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, et Charlotte Hubert, présidente de la compagnie des architectes en chef des monuments historiques, ont fait le point, jeudi 25 avril 2019, à l’invitation du préfet Michel Cadot, sur la restauration de Notre-Dame de Paris.

Karine Duquesnoy, directrice régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, a décrit, jeudi 25 avril 2019, les efforts entrepris par ses services et ceux du ministère de la Culture, dans son ensemble, dès la survenue de l’incendie du 15 avril dernier pour préserver les œuvres d’art abritées par Notre-Dame de Paris, ainsi que le bâtiment lui-même. La haute fonctionnaire a indiqué que deux exercices, en lien avec la Drac, avaient été effectués par les sapeurs-pompiers au cours de l’année écoulée, permettant aux soldats du feu de posséder une connaissance fine du patrimoine artistique de Notre-Dame, notamment les grands Mays, tableaux offerts chaque année par la confrérie des orfèvres à la cathédrale dans la première moitié du XVII° siècle.

Idem pour les grandes rosaces, que ces exercices préparatoires réalisés par les pompiers ont permis de préserver, a-t-elle indiqué.

Notre-Dame de Paris. © Jgp

Karine Duquesnoy, directrice régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France. © Jgp

Karine Duquesnoy est revenue sur l’enjeu majeur qui a consisté à combattre l’incendie lorsqu’il a gagné le beffroi nord, dont l’effondrement aurait assurément provoqué celui du beffroi sud, compte-tenu de la structure en clé de voute de l’architecture gothique. « Pendant que les pompiers travaillaient, des équipes de la Drac étaient présentes, pour préparer l’évacuation des œuvres, dès la nuit de l’incendie, notamment les saintes reliques, d’une valeur inestimable », a-t-elle indiqué. La plupart d’entre elles ont donc été extraites de la cathédrale, en lien avec les équipes de la ville de Paris, qui a mis à disposition les camions nécessaires au transfert des œuvres, statuaires, tableaux ou mobiliers liturgiques d’une moindre valeur.

Le chœur placé sous un filet

La mission de la Drac s’est poursuivie par l’inventaire de l’ensemble de ces pièces. 1 300 sont désormais entreposées, pour partie au sein du musée du Louvre et pour partie dans divers entrepôts sécurisés. Ces objets ont souffert à la fois de la suie et de l’eau projetée. « Nous avons bénéficié du retour d’expérience de l’incendie du Parlement de Bretagne pour ne pas reproduire les mêmes erreurs », a indiqué la Drac.

Certaines œuvres, qui ne sont pas menacées, demeurent sur place. Le maître-autel, la piéta, le vœu de Louis XIII et toute la statuaire présente dans le chœur ont ainsi été placés sous la protection d’un filet, a indiqué Karine Duquesnoy. L’orgue, inspecté mercredi 24 avril, a reçu un peu d’eau mais pourra être remis en service.

« Nous avons eu, dans notre malheur, la chance immense de n’avoir perdu aucun objet, a souligné Charlotte Hubert, présidente de la compagnie des architectes en chef des monuments historiques. Des œuvres d’art et des sculptures, appartenant à l’architecture, très visibles sur les deux pignons des bras de transept, au nord, côté rue du Cloitre et au sud, côté Seine, parties triangulaires de maçonnerie situées au droit du toit, ont également été mises en sécurité, a-t-elle poursuivi. Ces opérations ont été réalisées dans les mêmes conditions de soins que pour les objets mobiliers. Il n’est pas question de perdre de la matière. Le cœur de métier des architectes des monuments historiques est la conservation et la transmission », a encore fait valoir Charlotte Hubert.

L’effondrement du beffroi nord  aurait assurément provoqué celui du beffroi sud, compte-tenu de la structure en clé de voute de l’architecture gothique.©Jgp

Charlotte Hubert, présidente de la compagnie des architectes en chef des monuments historiques. © Jgp

« Le pignon nord a été sécurisé en priorité, il est aujourd’hui sous un filet, avec un frettage, de grosses poutres de bois le pinçant pour le garder en place », a-t-elle poursuivi.

Inquiétude pour la stabilité des voûtes hautes

Le pignon ouest, situé entre les deux tours, a également été sécurisé. « Un exercice plus complexe parce qu’il a fallu, pour l’atteindre, passer au-dessus de l’arcature ajourée que l’on voit en regardant la façade de Notre-Dame, pour déposer l’ange situé à son sommet. Un ange déplacé vendredi dernier, pour fretter la maçonnerie de la même manière », a détaillé la présidente. Une grue mobile, de 87 m de haut, a été utilisée pour ce faire.

« L’objectif est la sécurisation du bâtiment, en garantissant celle de tous les intervenants, compagnons, ouvriers qui travaillent sur place », a-t-elle indiqué. L’accessibilité des différents éléments constitue en l’espèce un enjeu primordial, l’intervention de cordistes étant requise.

Relevés par drones

La nef et le chœur de la cathédrale sont aujourd’hui sous bâche. « Notre inquiétude porte sur la stabilité des voûtes hautes, a souligné Charlotte Hubert, qui ont été exposées très directement au feu, avec la charpente située immédiatement au-dessus, puis à l’eau ». Des capteurs permettent leur surveillance, des relevés étant réalisés en continu par les drones de la société Art graphique & patrimoine. « Nous nous battons, nous, architectes des monuments de France, pour que l’on parle de restauration et non de reconstruction de Notre-Dame de Paris, qui conserve sa voûte, sa nef, ses tribunes », a-t-elle insisté.

La nef et le chœur de la cathédrale sont aujourd’hui sous bâche.©Jgp

Des savoir-faire multiples sont mis en œuvre, notamment ceux d’archéologues, dans le cadre de ce chantier, a également souligné l’architecte. « Un bois de 800 ans qui brûle est un matériau pour l’étude et pourra être exploité historiquement et archéologiquement, a indiqué Karine Duquesnoy, il ne s’agit donc pas d’évacuer les gravois n’importe comment. »

Aucune indication n’a été donnée, enfin, quant au concours d’architectes qui sera organisé pour la reconstruction de la flèche. Les services de l’Etat entendent faire de ce chantier une œuvre partagée par le plus grand nombre. Le parvis de Notre-Dame pourrait, à l’avenir, être un lieu d’exposition de la rénovation de la cathédrale.

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