Ch. Blanc : « Il n’y a pas de problème de financement du Grand Paris express »

L’ancien secrétaire d’Etat au développement de la région capitale, Christian Blanc, qui figure parmi les pères-fondateurs du réseau du Grand Paris express, réagit aux annonces d’inclusion d’une partie du réseau dans la pause annoncée dans la réalisation de nouvelles infrastructures de transport.

Quel regard portez-vous sur le risque d’un report du calendrier de réalisation d’une partie du réseau du Grand Paris express ?

Il n’y a pas de problème de financement. Déjà, quand François Hollande a accédé à la présidence de la République, les techniciens de Bercy ont repris leur tradition et j’ai commencé à entendre et à lire, ici et là, que l’on n’avait pas les moyens pour mettre en œuvre le réseau du Grand Paris express que nous avions dessiné.

Christian Blanc, ancien secrétaire d’Etat au développement de la région capitale, le 19 septembre à Paris. © Jgp

J’ai rappelé alors à ces hauts fonctionnaires que le métro de Paris n’a pas été financé par des fonds publics mais seulement garanti par la ville de Paris, et financé par l’emprunt. Sur des durées de 40 ou 50 ans. Et l’on n’a plus entendu parler de ces problèmes de financement, qui refont surface aujourd’hui.

Il y a beaucoup d’argent qui tourne autour de la terre. Et les grands fonds souverains recherchent les investissements dans ce type d’infrastructures de transport, qui offrent une sécurité maximale sur des durées très longues. Ils acceptent donc des taux d’intérêt très bas. Aujourd’hui, de nouveau, on recherche des économies, en souhaitant rester dans le même système de financement. C’est une impasse. Il faut puiser davantage dans les emprunts extérieurs. Voilà la solution.

On évoque une possible remise en question de la ligne 17, prévue pour relier Roissy à Saint-Denis Pleyel, jugée par certains redondante avec le CDG express, qu’en pensez-vous ?

On peut toujours prendre les décisions que l’on veut, pour des considérations budgétaires. Mais permettez-moi de vous dire que tout cela est ridicule. Et le ridicule ne résiste pas longtemps. A deux titres : ne pas vouloir relier Charles de Gaulle par trois tracés convergents, un qui passe par Paris, la ligne 14, un qui passe par l’est qui tangente Marne-la-Vallée et qui va jusqu’à Orly, et un qui passe à l’ouest, et qui devra bien un jour rallier Saclay, n’est pas une bonne idée. Cela offrirait une desserte maximale de ce que l’on peut appeler une ville monde.

On peut dire que l’on ne réalisera pas la partie nord du tracé parce que l’on va construire le CDG express. Mais cela constitue à mes yeux une bêtise. J’ai essayé de le dire à l’époque. En vain. Ce que je vous dis est le fruit du travail des meilleurs experts de la région parisienne : il existe un différentiel d’un à dix entre la ligne 17 et celle du CDG express. Autrement dit, vous aurez dix fois plus de passagers sur la ligne 17 que sur la ligne du futur CDG express. J’ai essayé d’expliquer, à l’époque, que l’on pouvait faire circuler sur la ligne 17 une ligne express, grâce à des dédoublements de voies ponctuels. C’est l’option choisie par exemple au Japon, pour un coût qui n’est pas exorbitant. Mais je n’ai pas été entendu.

Signalétique du chantier préparatoire aux travaux du Grand Paris express, sur le tarmac de l’aéroport de Roissy. © Jgp

Il existe aussi un problème de rentabilité sur le CDG express, avec un prix du billet qui s’élève à plus de 25 euros alors que le prix d’un taxi est de 50 euros, à diviser par le nombre de passagers. Et qu’en est-il des salariés de cette zone ? Ne doivent-ils pas être pris en compte ? Avec cette ligne, nous risquons d’aller tout droit vers un fiasco financier. Si l’on doit supprimer la ligne 17 parce que l’on réalise le CDG express, il faut démontrer la rentabilité du projet ! D’autant que le CDG express arrivera à la gare de l’Est qui est un véritable cul de sac. On parle de son raccordement à la gare du Nord, pourquoi pas grâce à des tapis roulants… Ce n’est pas sérieux !

On évoque aussi un report du calendrier de la ligne 18, prévue pour relier Orly à Saint-Aubin, puis à Versailles ?

Il faut savoir à quel jeu on joue. Si l’on est XXI° siècle, alors le territoire de Saclay doit jouer un rôle de premier plan et l’on doit lui donner les moyens de s’organiser, de respirer. Pourquoi pas un métro en partie aérien ? Mais il faut, en toute hypothèse, un métro automatique, moderne, pour ce qui doit devenir l’un des plus grands clusters au monde.

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