Bernard Jomier – Elu volontaire

Le sénateur de Paris, médecin généraliste, s’est porté volontaire pour rejoindre une unité Covid-19 à l’hôpital. Un retour à ses débuts dans la médecine tropicale.

J’ai estimé que j’étais plus utile à l’hôpital que dans mes fonctions politiques », indique Bernard Jomier par téléphone durant un de ses jours de repos. Le conseiller de Paris et sénateur a donc pris de la distance avec ses fonctions électives pour affronter concrètement la crise sanitaire à Melun (Seine-et-Marne). « Dans l’unité dans laquelle je travaille, le personnel est tendu vers les tâches qu’il a à accomplir, nous économisons le matériel car nous sommes juste à la limite. » Son cabinet du 19e arrondissement a, lui, vu son « activité s’écrouler » avec le Covid-19. Bien que le retour à l’hôpital « n’ait pas été simple », l’élu parisien avait déjà connu ce type de situation par le passé. Après un stage de 3e année de médecine en Côte d’Ivoire, il se spécialise en effet, durant ses études à Paris après un bac à Compiègne, dans la médecine tropicale. Il participe à la lutte contre une épidémie de choléra en Guinée, se retrouve au milieu de deux guerres civiles…

Bernard Jomier, sénateur de Paris. © DR

Puis, en 1993, il crée un cabinet de groupe dans le 19e arrondissement. « Je découvre le saturnisme, qui était beaucoup plus présent qu’on ne le racontait. Une maladie liée à l’habitat et à la pauvreté. » Il fera de la lutte contre ce phénomène son premier combat à Paris, qui le mènera à s’impliquer en politique. Il est ainsi élu sur une liste écologiste en 2001 et devient adjoint à la santé dans son arrondissement. Grâce à sa mobilisation, Bertrand Delanoë lance un plan de lutte contre l’habitat insalubre. « Nous redécouvrons avec le Covid-19 ce qu’est la santé environnementale, observe Bernard Jomier. Et c’est ce qui m’intéresse en tant que médecin généraliste : on soigne une personne dans son environnement. »

Conseiller municipal, il continue de travailler sur le saturnisme, et s’intéresse à la toxicomanie et à la qualité de l’air. Il participe d’ailleurs, sur ce dernier sujet, à un appel lancé un 2013 et signé par une centaine de médecins parisiens. En 2014, Anne Hidalgo lui propose de devenir son adjoint à la santé et au handicap. C’est alors la stagnation du nombre de patients atteints du VIH dans la Capitale qui le choque, identifiant des ressorts sociaux à ce phénomène. Un nouveau combat qui débouchera sur le programme « Paris sans Sida » qui permettra de « faire fléchir l’épidémie », rapporte-t-il.

Quotidien « chamboulé »

L’élu aime les nouveaux défis. En 2017, il choisit donc de se lancer à l’assaut du Sénat. « Je pensais avoir produit ce que je pouvais au sein de l’exécutif parisien, j’avais la volonté de travailler au niveau législatif. » La maire de Paris s’en agace temporairement, avant une réconciliation. « Même quand elle n’est pas d’accord, Anne Hidalgo écoute, et elle peut changer d’avis, contrairement à ce que certains racontent », souligne celui qui a quitté Europe écologie-Les Verts en 2016.

Au palais du Luxembourg, il s’implique au sein de la commission des affaires sociales, devient rapporteur de la commission spéciale sur le projet de loi relatif à la bio-éthique. « Si cette crise n’était pas arrivée, je me préparais à débuter une mission sur la santé environnementale. » Bernard Jomier a été rattrapé par une actualité qui « a chamboulé totalement son quotidien », mais viendra sans doute nourrir sa réflexion. Elle conforte déjà chez lui deux convictions : la nécessité, sans rejeter la technologie, de prendre en compte une médecine holistique et que « la démocratie est le type de régime le plus efficace face à ce type d’épidémie ».

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