Favoriser les liens entre les territoires, les entreprises, l’université, les associations et porteurs d’initiatives diverses : c’est une des vocations de la conférence des projets de la Vallée scientifique de la Bièvre. Exemple à Sceaux avec l’ouverture d’un DU Passerelle, qui enseigne le Français aux réfugiés ou la création d’une épicerie solidaire, orchestrée par Cop1.
Sceaux, qui compte 9 000 étudiants pour une population de 20 000 âmes, Jean-Philippe Allardi, adjoint au maire (culture, patrimoine, esthétique urbaine) a également la charge d’une délégation au campus urbain, reflet de l’importance que la Ville accorde à ses liens avec les étudiants, mais aussi avec l’ensemble de la communauté éducative et universitaire. Sceaux cultive ses relations avec le monde universitaire, dans le cadre de la conférence des projets de la Vallée scientifique de la Bièvre ou de l’association des villes universitaires de France, à laquelle elle adhère comme la plupart des communes du territoire.
Exemple avec l’ouverture récente d’un diplôme universitaire (D.U.) Passerelle : lancé en 2019 en France, ce cursus vise à faciliter l’accès des réfugiés et des étudiants en exil à l’enseignement supérieur français, en levant les obstacles auxquels ils sont confrontés, notamment la barrière de la langue. Ce dispositif s’inscrit dans une initiative plus large lancée par le réseau universitaire, Migrants, qui regroupe des actions en faveur de l’inclusion des étudiants réfugiés.
Le programme se distingue par sa vocation à offrir non seulement un apprentissage intensif du français, mais aussi un accompagnement social et administratif complet, permettant l’accès aux bourses et logements du Crous.
Une dynamique locale forte
Le D.U. Passerelle a été implanté à l’Université Paris-Saclay, sur le campus de Sceaux, en 2022, en réponse à l’afflux d’étudiants ukrainiens en raison de la guerre. Depuis, le programme a accueilli plusieurs cohortes d’étudiants en exil, principalement d’origines ukrainienne, afghane ou encore palestinienne. Chaque année, le nombre d’étudiants varie entre 18 et 25.
Le rôle de la ville de Sceaux dans ce projet est fondamental. Nathalie David, représentante de la mairie, participe activement à l’accueil des étudiants, les guidant dans leurs démarches administratives et les orientant vers les infrastructures culturelles et sportives locales. « Les étudiants se sentent bienvenus à Sceaux. C’est crucial pour leur intégration », explique Jean-Noël Senne, responsable du D.U. Passerelle. En plus de l’accueil pratique, la mairie offre un accès aux infrastructures sportives et culturelles du territoire, comme l’arboretum et des visites de sites locaux, pour enrichir leur expérience.
Partenariat avec l’IUT de Sceaux
La Ville contribue également à l’hébergement des étudiants en proposant des solutions comme les logements contre services, où des étudiants peuvent vivre à moindre coût en échange de services rendus à des habitants locaux. Cette coopération territoriale se révèle bénéfique tant pour les étudiants que pour la Ville, qui renforce ainsi ses valeurs d’accueil et son attractivité.
Le D.U. Passerelle à Sceaux bénéficie également du soutien de l’IUT de Sceaux, avec lequel un partenariat a été noué. Les étudiants du D.U. participent à des projets collaboratifs, comme la création d’un escape game culturel sur la ville, qui rapproche les étudiants réfugiés des étudiants locaux, tout en favorisant l’intégration sociale et culturelle.
Le financement du D.U. Passerelle repose sur un partenariat public-privé. Bien que le coût de formation par étudiant reste modeste par rapport à d’autres programmes universitaires, le programme bénéficie d’une subvention ministérielle et de dons d’entreprises par le biais de la fondation universitaire. Cette coopération permet non seulement de maintenir le programme mais aussi de financer des activités d’inclusion pour les étudiants réfugiés.
« Il faudrait davantage de liens entre le campus et la ville, pour que les étudiants se sentent réellement chez eux », conclut Jean-Noël Senne, tout en soulignant que la coopération territoriale reste la clé pour renforcer ce projet et faire de Sceaux un véritable modèle d’intégration universitaire.
Épicerie solidaire
Une épicerie solidaire, orchestrée par l’association Cop1, en partenariat avec la Ferme de Marcoussis et la MGEN, constitue un autre exemple de partenariat local fructueux. Les étudiants peuvent y venir se fournir gratuitement une fois par semaine en produits d’alimentation divers dans un local mis gracieusement à disposition de l’association par la Ville.
Par ailleurs, Sceaux est pilote dans le projet d’un Observatoire territorial du logement étudiant (OTLE), afin de dresser le bilan des capacités d’accueil de la Ville, mais aussi d’élaborer des perspectives. « Nous avons souhaité que le périmètre d’étude soit celui de la conférence de la Vallée scientifique de la Bièvre », souligne Jean-Philippe Allardi. Si trois résidences étudiantes ont été récemment créées, gérées par Fac-Habitat, auxquelles s’ajoute une résidence étudiante privée, les capacités d’hébergement dédiées demeurent insuffisantes, ce dont profitent encore des marchands de sommeil indélicats.
Des panneaux photovoltaïques sur les ombrières des parkings de l’ESITC
Autre exemple de lien fructueux facilité par la VSB : le partenariat en cours entre
la coopérative Sud Paris Soleil et l’École supérieure d’ingénieurs des travaux de
la construction (ESITC), basée à Arcueil.
Jean-François Quenet, président de la coopérative Sud Paris soleil, et Emmanuel Natchitz, directeur du développement de l’École supérieure d’ingénieurs de travaux de la construction (ESITC), ont fait connaissance lors d’une rencontre organisée par la Vallée scientifique de la Bièvre, en 2023. La coopérative Sud Paris soleil, qui fait partie du mouvement Energie partagée, est née à Cachan d’une initiative citoyenne d’habitants désireux de produire de l’énergie photovoltaïque locale en faisant appel à l’épargne citoyenne. Elle récolte des fonds auprès de ses sociétaires et réalise des projets d’énergie solaire.
Des collectivités locales figurent parmi les sociétaires de la coopérative. C’est le cas de Cachan, d’Arcueil, de Châtillon ou Villejuif, qui ont pris des parts dans la coopérative. En 2019, ce groupe de Cachanais contacte leur mairie, afin que celle-ci leur mette à disposition une toiture lui permettant de réaliser un de ces premiers projets. La société coopérative, créée en 2019, se charge de l’investissement et de l’exploitation de ces centrales, installées dans divers sites de la banlieue sud de Paris.
Etude de préfiguration
Composée uniquement de bénévoles, la coopérative recherche des étudiants, ingénieurs ou techniciens, qui puissent l’aider dans ses opérations. Elle est en quête de compétences en informatique, financières, économiques. D’où l’intérêt de se rapprocher de l’ESITC, émanation de l’ESTP qui forme des ingénieurs travaux. L’opportunité ainsi offerte aux étudiants intéresse ces derniers, désireux de s’investir bénévolement en faveur de la transition énergétique, dans le cadre d’une initiative citoyenne.
Les premiers travaux de ce partenariat vont consister à réaliser une étude de préfiguration de l’installation de panneaux photovoltaïques sur des ombrières disposées sur le parking de l’école. Des installations produisant une quarantaine de kilowatt crètes sont envisagées à ce stade. Une énergie qui bénéficiera à l’école, dans un schéma d’autoconsommation, réduisant d’autant ses factures d’énergie. L’école et l’association se partageront les recettes de la production d’électricité, permettant également à la coopérative de verser des dividendes à ses actionnaires.
Qarnot, qui a pour client plusieurs entreprises du territoire, souligne à son tour l’importance de son ancrage territorial. « La chaleur des serveurs, au lieu d’être un déchet, devient un atout », résume Nicolas Sainthérant, directeur de l’innovation de Qarnot, implanté à Montrouge, pour décrire son modèle économique. Lorsque des serveurs sont en fonctionnement pour des calculs de haute performance, ils dégagent une chaleur considérable. Plutôt que de la laisser se dissiper, Qarnot a développé un système où cette chaleur est récupérée et réutilisée. « Nous ne nous contentons pas de fournir de la puissance de calcul, nous offrons aussi de l’énergie sous forme de chaleur », précise-t-il. Ce modèle a permis à l’entreprise de se diversifier et de générer de nouvelles sources de revenus, en vendant cette chaleur à des réseaux de chaleur, des industries, ou même des bâtiments nécessitant une source continue de chauffage.