Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis rend public, à partir du lundi 7 décembre 2020, les travaux des lauréats de sa consultation pour imaginer la Seine-Saint-Denis en 2030. Les projets des équipes de l’école Kourtrajmé, de l’architecte Catherine Tricot et du CNRS sont disponibles sur une plateforme en open source.
Fin 2019, le conseil départemental a lancé une consultation internationale afin d’imaginer la Seine-Saint-Denis en 2030. Trois équipes pluridisciplinaires ont été sélectionnées mais leurs travaux n’ont pu être révélés qu’à partir du 7 décembre, crise sanitaire oblige. Les trois lauréats sont l’école Kourtrajmé, l’équipe de l’architecte Catherine Tricot et un collectif de chercheurs du CNRS (voir encadrés).
Objectif : « donner du sens aux profondes transformations que le territoire va connaître dans les dix prochaines années afin que les retombées sociales, économiques et celles liées à l’environnement de vie et de travail soient profitables pour tous et toutes les habitant.e.s de Seine-Saint-Denis », note le conseil départemental. En effet, en une décennie, la Seine-Saint-Denis accueillera entre autres les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, un tiers des gares du Grand Paris express, des programmes de rénovation urbaine en pagaille et la création du grand hôpital Nord, à Saint-Ouen.
Open-source
Le résultat des travaux des lauréats est conçu sous la forme d’une émission d’une heure. Cette dernière est disponible sur une plateforme en open-source, où l’ensemble des éléments ayant permis la conception des projets sont également disponibles. Une manière pour le Département d’enrichir la vision des décideurs publics et privés qui s’intéressent au territoire. Les projets seront également dévoilés de manière plus détaillée sur la même plateforme.
Elle sera publiée le 10 décembre et se compose de quatre épisodes de neuf minutes, centrés sur les changements climatiques à venir sur le territoire. Cette œuvre d’anticipation se déroule en 2030, alors qu’une crise écologique et économique a transformé la société. « Pour y faire face, le département de la Seine-Saint-Denis, qui a gagné en indépendance, expérimente des lois vertes », résume le pitch de la série. A chaque épisode, une nouvelle loi est présentée et un personnage en incarne les conséquences. Les thématiques abordées sont propres aux enjeux et à l’urbanisme séquano-dionysien, tandis que les quatre épisodes mettent en avant des lieux tels que le Stade de France, la cité Bel-Air à Montreuil, la piscine Tournesol à Bondy ou encore le parc de La Courneuve.
Ce projet, qui sera dévoilé le 15 décembre, est axé sur l’enjeu de recréer du commun en Seine-Saint-Denis. Pour ce faire, « six territoires types ont été sélectionnés pour tester le passage du productivisme au post-productivisme ». Située à Bobigny, Montfermeil ou Sevran, la transformation de ces territoires est pensée grâce à cinq concepts (les communs, l’empowerment, le néo-terroir, le nouvel âge industriel et l’urbanisme tactique ou transitoire), dont les promoteurs en France ont été interviewés par les équipes de l’architecte. Grâce à ces concepts, l’enjeu est de dépasser, à l’horizon 2030, « l’actuelle contradiction entre un territoire redevenu riche économiquement, mais socialement toujours plus pauvre », note l’équipe de Catherine Tricot. Le Département enregistre un taux de pauvreté de 28,6 % contre 14,7 % au niveau national, alors qu’il est le troisième contributeur national en TVA.
Enfin, le 21 décembre, sera dévoilé le projet du CNRS sur « la reconquête écologique de la riveraineté des routes départementales sillonnant le territoire ». Les chercheurs ont en effet travaillé sur un projet départemental en réseau, avec pour objectif de renouveler les relations entre la voie et les quartiers qu’elle dessert. Il vise à faire cohabiter et dialoguer des programmes existants à des programmes complémentaires. Par exemple, le CNRS propose d’intégrer un réseau de quatre Labs (Civic lab, Eco lab, Common lab, Life lab) sur le tronçon de la RD29 entre Saint-Denis et Stains. Ce tronçon comprend des zones pavillonnaires, des logements sociaux, des écoles, l’université Paris VIII ou encore des jardins partagés associatifs. A titre d’exemple, les chercheurs veulent y intégrer le Civic lab. Cet « aménagement réversible de grands espaces minéralisés » se conjugue avec des « usages limités dans des lieux culturels en plein air dédiés aux dialogues multiculturels, aux projets et partenariats Nord/Sud, à la mixité et au civisme portés par la culture populaire ».