Paul Lecroart : « La piétonnisation des voies sur berges concerne toute l’Ile-de-France »

Urbaniste à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme, Paul Lecroart livre son analyse sur l’annonce d’Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris, de vouloir piétonniser une partie des quais de Seine rive droite.

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Paul Lecroart, urbaniste à l’IAU. ©Philippe Serieys

Ce qui est intéressant, c’est que l’on constate partout dans le monde un mouvement pour revenir sur les voies rapides conçues et aménagées dans les années 1960. Ceci pour plusieurs raisons : souvent, ces axes coupent les villes de leur fleuve ; c’est un peu le cas à Paris, mais on voit aussi que cela concerne toute l’Ile-de-France. Dans les Hauts-de-Seine, par exemple, on s’aperçoit également que les voies sur berges séparent la Seine des quartiers riverains. On constate également qu’à New-York, à Portland aux Etats-Unis, en Allemagne, ou encore à Stockholm, il s’opère un mouvement pour récupérer ces espaces. Il y a 10 ans, quand l’argent public était moins rare, on avait tendance à couvrir ces infrastructures ou à les enfouir, pour piétonniser au-dessus. Aujourd’hui, on se rend compte que l’on a peut-être moins besoin de ces infrastructures routières et que l’on peut simplement les rendre accessibles au public, éventuellement les piétonniser une partie de la semaine comme cela se fait à Sao Paulo au Brésil. Il y a différentes façons de traiter la question mais il est vrai que, de plus en plus, comme il y a une diminution globale de l’usage de la voituredans les pays développés, on peut envisager des aménagements plus ambitieux, plus pérennes. C’est une première réponse sur Paris ; il y en a d’autres et il y en aura d’autres à l‘échelle du Grand Paris.

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« On constate partout dans le monde un mouvement pour revenir sur les voies rapides conçues et aménagées dans les années 1960 », souligne Paul Lecroart, urbaniste à l’IAU. © JGP

La Ville de Paris a montré dans le passé qu’elle pouvait agir très vite. Effectivement, l’aménagement des berges en rive gauche et en rive droite de Seine a été réalisé dans des temps records. Ce sont des aménagements qui, par rapport à d’autres, coûtent relativement peu chers et qui ont déjà été expérimentés. En s’appuyant sur les leçons de ces expériences, je pense que l’on peut aller aussi vite.

Aujourd’hui, on a vu que le tramway en Ile-de-France apportait des services intéressants pour les quartiers traversés, mais aussi à plus large échelle. On a l’expérience du T3 à Paris, mais aussi une dizaine de lignes en Ile-de-France qui fonctionnent bien. Je pense que c’est une idée intéressante. C’est vrai que ce n’est pas en bordure du Seine que l’on peut avoir les fréquentations les plus importantes. Mais si l’on imagine que ce tramway se prolonge dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne, on obtient un mode de transport qui peut être une alternative à la voiture vraiment intéressante.

La France est un des pays qui a le plus misé sur le tramway. On a une « école française du tramway ». En termes de diffusion à l’échelle mondiale, on observe des villes-tramway, et des villes-métro. En Allemagne par exemple, on est assez tramway. En Amérique du Nord, on en trouve de plus en plus, notamment au sein de villes pionnières comme Portland. Au contraire, au Japon, en Corée à Séoul, ou en Chine, on ne construit pas de tramway. Ce sont des choix qui ont chacun leurs avantages, chacun leurs inconvénients.

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