Pierre Bédier « dubitatif » après sa rencontre avec E. Macron

« Dix ans ont été nécessaires au général de Gaulle pour réformer l’administration locale francilienne », a rappelé Pierre Bédier à Emmanuel Macron, lors d’une rencontre en marge de la visite présidentielle aux Mureaux.

« Le président m’a dit qu’il poursuivait ses rencontres avec les acteurs concernés, sa décision n’étant pas prise concernant la réforme de l’organisation des collectivités en Ile-de-France. Il m’a indiqué également que les annonces à ce sujet auraient lieu dans deux mois. Je suis dubitatif sur les deux points », a indiqué Pierre Bédier le 6 mars 2018.

« Le président m’a dit qu’il poursuivait ses rencontres avec les acteurs concernés, sa décision n’étant pas prise concernant la réforme de l’organisation des collectivités en Ile-de-France », a indiqué Pierre Bédier. © Jgp

Lors d’un déjeuner de presse, organisé dans le Domaine de Madame Elisabeth, avenue de Paris à Versailles, l’ancien secrétaire d’État chargé des programmes immobiliers de la justice, sous le gouvernement II de Jean-Pierre Raffarin (2002-2004), a rappelé que le général de Gaulle avait entrepris la réforme conduisant à la nouvelle carte des départements d’Ile-de-France dès son accession au pouvoir en 1958, pour une création effective des départements concernés en 1968. « Il existe un risque réel de désorganisation », a poursuivi le président des Yvelines.

S’il doute également qu’Emmanuel Macron dise vrai en affirmant qu’il n’a pas arrêté sa décision, c’est que Pierre Bédier considère que la décision de supprimer les conseils départementaux est prise. Avec l’idée de transférer largement leurs compétences et leurs moyens aux groupements de communes. Ce qu’il dénonce. « En quoi le fait de remplacer une direction des routes départementales par une série de directions intercommunales, plus petites, est-elle un facteur d’efficacité et d’économie, je ne le vois pas », résume-t-il.

« Personne ne semble regretter, dans le département, la transformation de la N13 en D113. Qui aura les moyens, demain, d’investir les 90 millions d’euros que le département vient de consacrer au doublement des voies de la RD 30 inaugurée ce matin à Plaisir », a-t-il poursuivi.

Dilution de l’ingénierie

Le président du conseil départemental redoute, en outre, une dilution des structures d’ingénierie mises en place par les départements pour pallier le retrait de l’Etat, ce dernier ayant regroupé ses services déconcentrés au niveau des préfectures de région.

Concernant la distribution des prestations de solidarité servies par les départements, Pierre Bédier ne voit pas, non plus, l’intérêt de la transférer à des structures inférieures en taille et supérieures en nombre, mettant à mal la péréquation entre territoires. « Une péréquation nécessaire, sans laquelle les collectivités pauvres meurent », a rappelé l’élu.

« Bercy nourrit depuis 25 ans le fantasme de supprimer les communes et les départements pour les remplacer par le couple interco-région », regrette Pierre Bédier. © Jgp

Pierre Bédier a indiqué avoir rappelé, au passage, à Emmanuel Macron qu’une recentralisation du revenu de solidarité active (RSA) emporterait deux conséquences peut-être insoupçonnées. Il s’agit tout d’abord du renchérissement de cette charge pour l’Etat, ce dernier ne compensant aux départements qu’une partie de leurs dépenses en l’espèce, sur la base du montant qu’elles représentaient lors de sa décentralisation en 1988. Mais Pierre Bédier a pointé également une autre conséquence potentielle de la reprise du RSA par l’Etat : la disparition de l’incitation à mener des politiques d’insertion efficaces constituée pour les départements par les économies générées aujourd’hui dans leur budget par la baisse du nombre de bénéficiaires du RSA.

Pierre Bédier plaide notamment pour une révision de la loi NOTRe « levant l’interdiction de  conventionnements entre collectivités : la Région ne peut, aujourd’hui, passer une convention avec les départements pour l’entretien des lycées, ce qui aurait pourtant du sens », a-t-il illustré.

L’ancien maire de Mantes-la-Jolie a plaidé longuement en faveur des maires, et de la proximité, avec des élus que l’on peut croiser dans la rue, « à portée d’engueulade ». Il a rappelé que les libertés locales, municipales en l’espèce, remontaient en France à Louis VI le Gros (1081-1137). « Bercy nourrit depuis 25 ans le fantasme de supprimer les communes et les départements pour les remplacer par le couple interco-région », a-t-il regretté, se disant en revanche très favorable aux fusions de communes et au principe de subsidiarité.

Candidat à la présidence de la fédération LR 78

« Face à la complexité du chantier de cette réforme, que le président avait sans doute sous-estimée, et compte tenu des enjeux énormes représentés par l’organisation des JO et aussi du mondial de Rugby, il faut veiller à éviter le bazar », a conclu le président du CD78.

L’édile a, par ailleurs, condamné le report de la ligne 18. « Dire qu’elle sera construite en 2030 est une façon de dire qu’elle ne se fera jamais », considère-t-il, estimant qu’il s’agit « d’un coup du lapin » pour le développement du plateau de Saclay. Pierre Bédier a évoqué également le feuilleton de la reprise du patrimoine issu de la dissolution de l’Opievoy par Les résidences Yvelines Essonne, à la recherche de nouveaux partenaires alors que les négociations avec Action logement n’ont pas abouti. La loi prévoit en effet que les offices de l’habitat ne peuvent être interdépartementaux, ce qui suppose que l’Essonne porte seule des cités telles que la Grande Borne. « Nous cherchons donc à constituer une SA de manière à pouvoir mutualiser ces charges », a-t-il résumé.

Pierre Bédier a indiqué, enfin, qu’il brigue la présidence de la fédération LR des Yvelines, actuellement assurée par David Douillet. « Il y a trois personnalités fortes dans ce département, Gérard Larcher, Valérie Pécresse, – qui désigneront un représentant pour conduire la fédération –  et moi-même », a-t-il indiqué.

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