Adjointe à la maire de Paris chargée de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante, Marie-Christine Lemardeley décrit son parcours avec humour et une ironie mordante.
Avec son allure d’aristocrate britannique, ses tailleurs impeccables et un air un rien guindé de prime abord, Marie-Christine Lemardeley cultive un côté old school. Dont elle est la première à jouer. « Je suis plus marrante que j’en ai l’air », sourit cette spécialiste de littérature américaine, détendue après vous avoir d’abord jaugé pendant plusieurs minutes. « Vous vous cassez le c… à faire normale sup, à réussir l’agrégation d’anglais, à rédiger des thèses de doctorat et tout le monde s’en fout. Une photo de vous avec Mick Jagger sur les réseaux sociaux et c’est la notoriété », poursuit-elle, racontant, pour décrire l’époque, comment la photo de la longue discussion qu’elle a eue avec la rock star l’été dernier, en marge des Jeux olympiques, a fait le buzz.
L’adjointe à la maire de Paris chargée de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante alterne l’affichage de ses convictions et l’auto-distanciation. Au nombre des valeurs qu’elle défend figure un certain goût pour l’organisation, la méthode, le cadre, qu’elle a mis en œuvre durant ses mandats de présidente de l’université Sorbonne nouvelle, de 2008 à 2014. « Ce sont les conditions de la transparence et de la clarté », étaye-t-elle, avant d’ajouter : « j’ai adoré être présidente de cette université ».
Combat contre l’amiante
Cette fille de médecin, née dans le 10e arrondissement de Paris, évoque la richesse de ses rapports avec la communauté enseignante, avec les représentants syndicaux et les étudiants. Si elle « remet du cadre » au sein de cette université, elle doit également « taper du poing sur la table » vis-à-vis de l’Etat, qui tarde à traiter le site amianté de Censier. Elle finit par obtenir gain de cause auprès de François Hollande, alors président de la République, qui décidera du déménagement des locaux de la Sorbonne nouvelle vers l’avenue de Saint-Mandé, dans le 12e arrondissement. Ce combat contre l’amiante lui fera rencontrer également un certain Jean-Louis Missika, chargé de l’enseignement supérieur auprès de Bertrand Delanoë. L’adjoint apprécie la force avec laquelle Marie-Christine Lemardeley défend son dossier. Et lui propose de s’engager dans la campagne pour les municipales de 2014, pour défendre la candidature d’Anne Hidalgo. Avec succès.
Tout comme elle a aimé présider l’université Sorbonne nouvelle, Marie-Christine Lemardeley « adore » faire de la politique. Le contact avec les gens, les rencontres, le sentiment d’être utile l’enthousiasment. Elle annonce avoir renoncé, pourtant, à se porter candidate en 2026 pour une troisième tentative de prendre la mairie du 5e à la droite. Si elle aime faire campagne, et s’y livre totalement, ses défaites la blessent. « Ça a été atroce », confie-t-elle à propos de l’issue des deux dernières élections municipales, lors desquelles elle n’a pu détrôner la droite, malgré des scores très prometteurs au premier tour. Dans un 5e arrondissement que la gauche, au vu des résultats aux dernières élections, estime gagnable, c’est Marine Rosset, candidate pour le PS aux dernières législatives, qui devrait porter les couleurs des socialistes lors des prochaines municipales.
Mais l’essentiel, pour cette femme de lettres, semble être son action en faveur du développement de la recherche et de l’enseignement supérieur dans la Capitale auprès d’Anne Hidalgo, dont elle salue au passage le courage politique. Parmi ses motifs de fierté, elle décrit Paris recherche, le dispositif mis en œuvre pour faire de Paris un vaste campus, stimuler encore la recherche, offrir aux chercheurs des lieux de collaboration, faire plancher des doctorants sur les politiques municipales… Ou encore la réhabilitation de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles (ESPCI) de la ville de Paris, qu’elle préside.
Cette universitaire chevronnée, qui consacra un mémoire à Samuel Beckett rédigé à l’université d’Oxford et deux thèses de doctorat à la poésie américaine, n’a jamais cessé d’enseigner ni de contribuer à divers travaux littéraires. Dernière œuvre en date, la quadrilogie des romans de John Steinbeck, dont elle a dirigé l’édition dans la Pléiade. « J’adore travailler en équipe », signale-t-elle, de nouveau enthousiaste. Une qualité qui est sans doute celle qui la définit le mieux, avec son sens de l’admiration. Pour les films de Sean Baker (Palme d’or à Cannes avec Anora) par exemple, dont elle vient de voir toute la filmographie. Le côté rock’n’roll, là encore, de celle qui peut aller jusqu’à trois fois par semaine au cinéma. Comme une respiration pour mieux affronter le réel.