Lutte contre le changement climatique : ne pas oublier l’éclairage

Si la décarbonation de l’économie ne fait aucun doute pour lutter contre le changement climatique, l’éclairage n’apparaît que trop peu dans les solutions préconisées. Coup de projecteur sur une solution déjà déployée dans vos villes et facile à optimiser.

Lorsque l’on parle de transition énergétique, différents leviers nous viennent naturellement à l’esprit : évolution du mix énergétique, développement des énergies renouvelables, isolation des bâtiments… mais plus rarement on cite la rénovation de l’éclairage alors qu’il représente 41 % de la consommation d’électricité des collectivités territoriales (source ADEME).

La seule modernisation en LED peut permettre 50 à 70 % d’économies d’énergie. La Métropole de Dijon via son projet de Métropole connectée OnDijon prévoit au terme des 12 ans du contrat, une économie de 65 % de sa consommation. Grâce à la modernisation de son éclairage, Copenhague a d’ores et déjà réduit de 55 % sa facture par rapport à 2010 et évité 3,2 tonnes d’émissions annuelles de CO2.

Eclairer, mais pas que cela

Le bon éclairage, au bon endroit et au bon moment, une phrase qui résonne comme une logique implacable. Dans les faits, les réalisations concrètes sont encore peu nombreuses. Et si rénover permet sans conteste de faire des économies, c’est aussi le moyen d’éviter cette pollution lumineuse qui donne facile- ment envie de tout éteindre la nuit alors qu’éclairer, c’est aussi sécuriser l’espace public.

Une sécurité encore difficile à quantifier mais bien réelle lorsqu’on pose la question aux citoyens en termes de ressenti ou de sécurité perçue. Eclairer c’est d’une certaine façon protéger les femmes qui rentrent seules la nuit, c’est redonner vie à des quartiers laissés de côté, c’est empêcher certains délits avant qu’ils ne surviennent.

© EDF – GUILLAUME MURAT

L’éclairage créé un trait d’union entre les quartiers plus et moins favorisés, adoucit les frontières des périphéries urbaines déshumanisées ou délaissées économiquement. A Alcala de Henares, en banlieue de Madrid, à Sète ou à Menton, quelques mises en lumière ont offert la nuit venant, une nouvelle physionomie aux rues, aux quais, à la promenade de bord de plage, dont les habitants et les visiteurs profitaient peu.

De nouveaux services et des bénéfices à la portée de tous

Nos illustres candélabres sont implantés dans nos rues, sur nos routes depuis des décennies, voire parfois depuis la fin du XVIIIe siècle, soit bien avant l’apparition de l’électricité. Aujourd’hui, les infrastructures sont là, alors pourquoi ne pas en développer les usages puisqu’elles jalonnent nos espaces de vie ?

Sous tension ou pas, les mâts d’éclairage de nos villes restent les supports idéaux pour protéger, recharger, mesurer, embellir, informer, échanger des données, rester connectés… Des besoins et usages que la ville doit pouvoir fournir à ses citoyens en temps normal et qui deviennent indispensables en cette période inédite de confinement que nous nous connaissons.

Augmentée de nouveaux services, la lumière devient alors créateur de valeur. A Calais, les premiers candélabres dotés de prises électriques permettent aux habitants de recharger leurs véhicules électriques une fois stationnés en centre-ville. En Wallonie, les passages piétons s’éclairent au passage d’une personne pour capter l’attention et alerter les automobilistes. Maîtriser l’éclairage c’est donc bien disposer d’un des meilleurs outils pour concilier le bien-être des citoyens, la nécessité d’un service public de qualité et la prise en compte des préoccupations environnementales urgentes. Chaque ville a en main un des vecteurs les plus efficaces pour freiner le changement climatique, avoir une incidence positive sur les émissions de CO2 et sur la préservation de l’environnement. Un impact qui se révèle aujourd’hui d’autant plus fort en France, que notre électricité est déjà décarbonée à près de 90 %.

La solution la plus simple est parfois sous nos yeux. La nôtre est partout dans nos villes, devant nos portes, déjà opérationnelle, facile à enrichir et sans compromis avec nos engagements pour le climat. Elle s’appelle l’éclairage.

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