Des parkings en silos, « centrales de mobilité », s’élèveront au sein de la ZAC de l’écoquartier fluvial, sur le site du village olympique des Jeux de 2024 si la France les décroche. A terme, deux centrales de mobilité sont prévues au titre des équipements publics de la ZAC : le permis de construire de la première centrale sera déposé dans quelques jours.
L’écoquartier fluvial de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à l’extrémité sud-est de l’Ile, sur le site des anciens entrepôts du Printemps et ceux des Galeries Lafayette, sera un quartier sans voiture. D’où l’utilité de bâtir, sur plusieurs sites de la ZAC, des parkings en silos, baptisés centrales de mobilité.
Le premier permis de construire de ces bâtiments dessinés par K Architecture sera déposé dans quelques jours.
Puis Plaine Commune développement procédera, pour le compte de l’établissement public territorial (EPT) Plaine Commune à l’appel d’offres en vue de sélectionner les entreprises, la livraison de la centrale de mobilité étant prévue, après un an de travaux, pour l’automne 2017. « Les parkings en souterrains auraient été très complexes, dans cette zone inondable, souligne Catherine Léger. Il fallait donc penser autrement le stationnement des voitures », poursuit la directrice générale de Plaine Commune développement.
Faire se croiser les habitants au sein des espaces publics
Brigitte Philippon, (Agence Philippon Kalt) architecte, urbaniste de la ZAC, conseil de l’EPT pour cet écoquartier, met en avant une autre raison : « Si les habitants arrivent chez eux par leur parking souterrain qui les mène directement dans leur appartement ils ne se croisent pas dans les espaces publics, souligne-t-elle. Si l’on veut que le quartier vive il faut que les gens se rencontrent. »
« On est dans cette réflexion, cette vision d’une Ile où les gens ont un sentiment de liens entre eux », poursuit l’architecte, rappelant que la vie sur une île, fût-elle microscopique, invite à la convivialité. Un art de vivre ensemble qui caractérise aujourd’hui L’Ile-Saint-Denis, au tissu associatif particulièrement dense. Autre raison de créer un écoquartier sans automobile, « la linéarité de L’Ile-de Saint-Denis incite les conducteurs à rouler (trop) vite ». « Nous avons conçu un schéma directeur privilégiant les espaces publics, les modes de circulation doux, pacifiés, ajoute Brigitte Philippon. Excaver des terres remblayées au début du siècle dernier, plus ou moins polluées, aurait en outre été coûteux. »
Autopartage
Ces parkings en silos s’élèveront sur des zones de la ZAC moins propices à l’habitat, près de l’A86 qui traverse l’île, sous des lignes à haute-tension, ou au dos de l’immense « Marques avenue ». Plusieurs parkings, accessibles depuis le quai du Chatelier, ponctueront ainsi l’écoquartier, tous les 300 m environ. Le nombre de places, relativement limité, favorisera les mutualisations, par le biais de contrat de location longue durée ne donnant pas accès à une place réservée. « Les commerces et activités ont besoin d’emplacement la journée durant la semaine, tandis que les habitants plutôt la nuit et le week-end », rappelle Brigitte Philippon. Au rez-de-chaussée, différentes activités et services en feront des pôles multimodaux, ces centrales de mobilité intégrant des services aux habitants – stations de vélo-partage, autopartage ainsi que des espaces de livraison et autres conciergeries, constituant ainsi des lieux d’échanges entre les résidents.
L’écoquartier fluvial se distingue également par sa gestion des eaux pluviales, sans aucun rejet d’eaux usées dans le réseau, mais avec un système de récupération d’eau épurée par les plantes, rejetée propre dans le fleuve. « Tous les éléments du projet, gestion des eaux, quartier sans voitures, dérogent aux habitudes. L’écoquartier constitue une somme de propositions nouvelles adaptées au quartier qui s’appuie sur le développement durable et une pratique innovante, économe et frugale », résume Brigitte Philippon.
JO de 2024
Autre originalité, et non des moindres, cet écoquartier accueillera une partie du village olympique des JO de 2024, si la France les décroche. « Nous devons avancer, en attendant la décision, qui interviendra en septembre 2017, en veillant à l’adaptabilité du projet », résume Catherine Léger. Il s’agit, aussi, de prévoir l’héritage, c’est-à-dire l’avenir du village olympique au-delà des quelques semaines où il sera utilisé dans le cadre de la compétition.
Une coproduction avec les futurs locataires
Inédite également, la coproduction avec les futurs habitants des logements et espaces partagés d’un immeuble de 26 logements (mêlant logements sociaux et en accession), orchestré par Jullien Beller, architecte. Les travaux de cet immeuble démarreront à l’automne 2016.
Quant aux travaux de construction des 200 premiers logements de la ZAC, ils viennent d’être lancés par le groupement de promoteurs Ardissa / Financière Rive Gauche. (architectes : Périphériques, Thibaud Babled, Emmanuel Combarel et Dominique Marec – ECDM)
Ponkawall : un QR code pour créer des liens
Dernière originalité, l’agence Philippon Kalt a imaginé un mur antibruit protégeant les riverains de l’A86, composé de panneaux photovoltaïques dont certains prendront la forme d’un QR code.
Flashables depuis l’écoquartier, ils renverraient, selon les besoins, à des sites de partage d’informations locales, de mises en réseaux d’habitants, sur le modèle de AirBnb ou de Blablacar. Ces QR codes permettraient également aux passants de télécharger des applications leur offrant de visualiser leur environnement en superposant au réel des perspectives de leur aménagement futur. « Ces QR codes de grand format constituent des éléments graphiques que l’on trouve intéressants, des balises urbaines, moins polluants qu’un 4X3, et susceptibles de rediriger les passants où l’on veut sur internet », ajoute Jean Kalt (Philippon Kalt)