La Défense : nouvelle offensive du projet des tours Hermitage

Le promoteur russe Emin Iskenderov annonce par communiqué que l’intégralité des recours contre les permis de construire du projet Hermitage Plaza prévu à l’entrée du quartier d’affaires a été purgée début juin 2019. Il compte dès lors lancer les travaux à la rentrée.

Cette fois-ci, est-ce la bonne ? Car les annonces du sulfureux Emin Iskenderov se suivent et se ressemblent sans jamais toutefois se concrétiser. Alors qu’en mars 2018 au Mipim de Cannes, le promoteur russe affirmait « qu’Hermitage avait levé tous les freins qui pouvaient bloquer le projet » et que « plus aucune procédure n’empêchera le démarrage de la construction des tours Hermitage », il annonçait en juillet suivant que le Conseil d’Etat avait rejeté « définitivement » les recours d’Axa et d’Allianz contre le permis de construire et, à nouveau, que « plus aucune procédure n’empêchera la construction des tours Hermitage ».

Culminant à 320 m, les deux tours seront « les plus hautes d’Europe » et peut-être les plus chères : 2,5 milliards d’euros.

Ce 11 juin 2019, toujours par communiqué de presse interposé, le promoteur indique que « Hermitage a obtenu, début juin, la purge de l’intégralité des recours contre les permis de construire du projet Hermitage Plaza », conçu par Norman Foster. « Plus aucun recours n’est donc possible », prévient ce dernier qui détaille un calendrier de réalisation.

Il prévoit ainsi de lancer « dans les prochaines semaines » des négociations avec un opérateur hôtelier et des locataires de bureaux, la commercialisation des appartements, et du centre commercial étant prévue après le démarrage de la construction. « Dès la rentrée de septembre », Hermitage « se rapprochera de l’intégralité des acteurs concernés par ce projet (Paris La Défense, Bouygues bâtiment Ile-de-France, etc.) », et compte « débloquer les fonds nécessaires au démarrage des travaux préalables au chantier (telles que les opérations de désamiantage, de démolition, etc.). »

Nouveau protocole avec Paris La Défense ?

Faut-il prendre pour argent comptant cette bonne nouvelle pour ce méga projet consistant à la construction de deux tours culminant à 320 m, soit « les plus hauts immeubles jamais construits en Europe » ? Car le projet est aussi séduisant (appartements, penthouses, bureaux, boutiques, hôtel de luxe, restaurants et bars panoramiques, centre de thalasso, auditorium, etc.) qu’ambitieux financièrement puisqu’il nécessite quelque 2,5 milliards d’euros d’investissement.

Or, Emin Iskenderov repousse sans cesse l’annonce de ses partenaires financiers qui aurait dû tomber en janvier dernier. Et les avocats des habitants expulsés dans le cadre de ce projet montrent à qui le demande des pièces attestant des difficultés financières du promoteur, contraint d’emprunter à des taux prohibitifs pour régler des dettes de quelques centaines de milliers d’euros alors qu’il porte un projet de plusieurs milliards.

Emin Iskenderov. © Jgp

Reste à savoir également quelle issue sera trouvée pour relancer le protocole signé avec Paris La Défense il y a près de dix ans. Alors qu’Emin Iskenderov fait valoir sa validation jusqu’en juin 2020, Marie-Célie Guillaume, directrice générale de l’établissement public local de gestion de La Défense, indiquait au Journal du Grand Paris en février 2019 que « le projet Hermitage tel qu’il était prévu dans le protocole n’est plus valable. […] Si jamais le promoteur trouvait des financeurs, il devra repartir en discussion avec Paris La Défense afin de signer un nouvel accord. »

La bataille juridique d’Emin Iskenderov n’est peut-être pas encore tout à fait terminée.

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