G. Boulard : « Il faut redonner le pouvoir aux maires, grâce à la métropole »

Pour Geoffroy Boulard, conseiller de Paris, conseiller métropolitain, vice-président de la commission aménagement numérique de la MGP, la métropole du Grand Paris permettra aux élus locaux de reprendre la main face à la l’Etat.

Où en est la métropole du Grand Paris, trois mois après sa naissance ?

Geoffroy Boulard

Geoffroy Boulard, élu du 17° arr., conseiller de Paris et de la MGP. ©DR

En quelques semaines, Patrick Ollier a mis  la métropole en place, sans grands moyens, puisque tout est à créer. Nous n’avons pas de locaux, pas encore d’administration dédiée…  Mais le président de la métropole est un élu fondateur, doté à la fois de l’autorité et du sens du consensus nécessaire. C’est important, car la réussite de la métropole, c’est avant tout ce que les maires seront capables de mettre en commun. Patrick Ollier consacre donc tout son temps à la construction de la métropole, et je constate que les critiques, nombreuses lors de la création de la MGP, ont tendance à se réduire.

Comment cela se traduit-il concrètement ?

« Inventons la métropole », lancée il y a un mois, est justement la volonté de rendre concret, d’emblée, le projet métropolitain. Ce n’est d’ailleurs pas la métropole qui va préempter les lieux, ce sont les communes qui vont présenter des emprises. C’est réellement innovant. Il s’agit, en accord avec Anne Hidalgo, de faire appel à la mutualisation et à la force que représente cette coopération des maires que l’on ne peut pas comparer avec le conseil régional, élu au suffrage universel. J’estime que c’est au niveau de la métropole que réside l’avenir de notre région.

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Séance plénière de la métropole du Grand Paris, au Palais d’Iéna. ©Jgp

La métropole du Grand Paris n’est pas une structure de distribution de subventions. Quand on parle de l’organisation des Jeux olympiques de 2024 ou de l’Exposition universelle, lorsque l’on parle d’aménagement numérique ou d' »Inventons la métropole », on parle de projets concrets et structurels. Et Paris ne peut plus raisonner intramuros. Sur certains sujets, ce n’est pas une question de confrontation droite/gauche. Qu’il s’agisse de la question environnementale, du développement économique, du logement ou de l’aménagement numérique, sur lequel je vais m’investir dans le cadre de la commission mise en place à la métropole sur ce sujet.

Vous ne considérez donc pas qu’il faut, en 2017, fusionner la métropole dans la Région ?

On ne peut pas dire que le territoire de la métropole, c’est la Région. Une métropole, c’est une métropole urbaine. Ce qui ne veut pas dire que les territoires alentours doivent être oubliés. Mais on a besoin d’une métropole du Grand Paris forte, comme Lyon ou Londres ont su le faire. A Lyon, par exemple, les élus ont compris qu’ils sont plus forts, plus fédérés, au sein du Grand Lyon. 2017 est l’occasion de revenir sur la loi NOTRe. Mais je suis personnellement pour que l’on se dirige plutôt vers une fusion des départements. On ne peut pas avoir autant de strates, c’est certain. Il faut redonner des pouvoirs aux maires, sur un certain nombre de prérogatives, et développer une vision métropolitaine, dans le cadre d’une métropole de projets. L’idée, c’est d’attirer davantage les investisseurs, en montrant que l’on est plus forts ensemble, quelles que soient les appartenances politiques, ce que l’on ne retrouve pas à la Région. La politique a besoin d’instance comme la métropole où les élus cherchent à mener des projets ensemble.

La métropole, c’est aussi, selon vous, les maires plus forts face à l’Etat ?

Aujourd’hui, sur le Grand Paris express, l’Etat a pris la main, en créant, par exemple, la Société du Grand Paris. Heureusement, car si l’on avait attendu la Région, on n’y serait pas allé… Mais il est temps que les élus reprennent la main sur les projets d’infrastructures qui concernent leurs territoires, et c’est ce que doit permettre la métropole du Grand Paris. Par exemple, la RATP nous avait annoncé que le prolongement de la ligne 14 serait effectif en 2017 et serait coordonné avec l’arrivée du tribunal de grande instance de Paris. Au final, nous nous sommes rendus compte avec Brigitte Kuster, que tel ne serait pas le cas.

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« Magaly », qui a donné son nom au tunnelier du prolongement (retardé) de la ligne 14, avec Elisabeth Borne. ©Jgp

Les chantiers prendront des années de retard par manque de vision globale et d’anticipation. Il manque dans ces établissements des élus engagés, légitimes qui représentent les territoires. Il faut redonner le pouvoir aux maires, grâce à la métropole…

Beaucoup continuent de ne voir dans le Grand Paris qu’une strate de plus…

La métropole n’ajoutera pas une strate si elle permet, au contraire, de faire coïncider les projets, de les synchroniser, de leur donner une cohérence et une identité et de faire travailler les équipes ensemble, car on voit bien que l’on empile souvent les projets. L’attractivité du territoire se conçoit de manière métropolitaine désormais.

Et le 17° arrondissement dans tout ça ?

Aux Batignolles, nous disposerons de plus 100 000 m2 de bureaux, et pas l’ombre d’un incubateur ! C’est une demande que nous portons avec Brigitte Kuster depuis plusieurs années auprès de la maire de Paris qui – certes – fait l’Arc de l’innovation, ou inaugure le Cargo, dans le 19e mais qui n’investit pas un euro dans le 8°, le 16° ou le 17°, trois arrondissements qui pourvoient le plus de créateurs d’entreprises et de start-up de la Capitale. Or nous courrons le risque de voir nos jeunes pousses quitter l’Ouest parisien pour aller chez nos voisins de Neuilly ou Clichy ou à l’étranger. Le 17e compte, par ailleurs, plusieurs projets majeurs qui auraient tout à fait pu s’inscrire dans l’action de la métropole, qu’il s’agisse du tribunal de grande instance, du réaménagement de la porte Maillot ou des opérations de renouvellement urbain de la porte Pouchet.

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