Florence Berthout, officier des Arts et des Lettres

La maire du 5° arrondissement et présidente du Fonds régional d’art contemporain s’est vue remettre les insignes d’officier des Arts et des Lettres lundi 6 mai 2019 par le ministre de la Culture Franck Riester. Devant un aréopage impressionnant de VIP, du monde des arts et de la politique.

C’est loin du 5° arrondissement de Paris, au Plateau, vaisseau amiral du Fonds régional d’art contemporain (Frac), sur les hauteurs du 19°, que Franck Riester a remis, lundi 6 mai 2019, les insignes d’officier des Arts et des Lettres à Florence Berthout. En présence d’une foule de personnalités. Alors que les premières œuvres de l’exposition de Simon Starling, « Catherine, Masahiko, Rex et les autres », étaient accrochées, on notait notamment la présence de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, de Michel Cadot, préfet de région, d’une pléiade d’artistes, à l’instar de Charlélie Couture, d’anciens ministres, de Patrick Ollier à Jacques Toubon, Renaud Donnedieu de Vabres ou Jean-Louis Borloo, de nombreux élus, Jean-François Legaret, Pierre-Yves Bournazel, Jérôme Chartier ou Nathalie Fanfan, ainsi que des personnalités d’horizons divers, qu’il s’agisse d’Augustin de Romanet, président du groupe Aéroports de Paris, de Bertrand de Feydeau, président de la Fondation Palladio, ou de Nicolas Beytout, directeur de l’Opinion.

Florence Berthout. © Jgp

Valérie Pécresse, Florence Berthout, Franck Riester. © Jgp

Valérie Pécresse a décrit la carrière politique de Florence Berthout, « femme politique mais aussi femme de culture, comme conseillère parlementaire puis ministérielle, conseillère de Paris et désormais maire du 5°». « Florence ne lâche jamais », a déclaré la présidente de la Région, évoquant son combat pour que le Frac d’Ile-de-France dispose d’un troisième lieu, à la fois espace d’exposition et de stockage de ses œuvres, qui va ouvrir ses portes à Romainville (Seine-Saint-Denis).

« Florence est une femme de conviction, de passion, qui ne fait jamais les choses à moitié », a-t-elle poursuivi, évoquant « une formidable maire du 5°, qui sait défendre ce quartier latin que nous aimons ». « Je suis très fière d’avoir Florence Berthout à mes côtés, très fière qu’aujourd’hui, elle soit honorée par la République des Arts et des Lettres », a conclu l’élue.

« La diversité est le lieu de l’art »

« Quand je vois le monde qui t’entoure ce soir, qui se rejoint autour de toi, quand je vois toutes ces vies réunies, en un seul endroit, un seul moment, comme autant de fils qui se relient, je réalise combien, au fil des années, tu as su rassembler », a souligné Franck Riester. Le ministre de la Culture a également rendu hommage « au dévouement d’une femme engagée, tenace, qui n’a jamais compté ses heures, jamais fléchi, jamais cédé à la fatalité, au service de la France et de l’intérêt général ». « Notre pays tout entier est plus riche de ton audace, de ton optimisme et de ton obstination à changer les choses », a-t-il souligné.

« La diversité est le lieu de l’art », a déclaré Florence Berthout, citant Camus, un de ses auteurs préférés, en ouverture de son allocution, pour évoquer la diversité de l’assemblée, « qui pourrait faire croire, dans un moment d’égarement, à une recomposition du paysage politique. Rassurez-vous, il n’en est rien », a-t-elle ajouté.

« Votre présence à tous m’honore à un moment où les Frac sont parfois décriés », a souligné la présidente du fonds francilien, rappelant « toute la légitimité de ces structures, qui s’incarne dans un esprit de recherche singulier, qui consiste à soutenir des artistes souvent ignorés des réseaux traditionnels, et dans une véritable culture de proximité, qui nous pousse à donner à voir et à goûter l’art contemporain, auprès de très larges publics ».

Valérie Pécresse et Florence Berthout.

Franck Riester. © Jgp

« Sans le Frac d’Ile-de-France, des artistes aussi renommés que Johannes Kahrs en peinture, ou Florence Chevalier en photo n’auraient jamais connu un tel retentissement, a-t-elle fait valoir. Certains ont été primés, d’autres non, certains ont reçu des prix prestigieux, comme le prix Marcel Duchamp pour Carole Benzaken, c’est dans cette prise de risque que réside l’originalité irremplaçable des Frac. »

« Des livres comme des trésors »

« Ma première initiation à la vie politique eut lieu dans une étable, où mon père qui était exploitant agricole, en Haute-Vienne, tint tête à une notabilité locale, qui voulait absolument l’enrôler sur une liste municipale que mon père jugeait peu représentative et à laquelle il refusa de participer, s’est-elle souvenue. Quant à ma première grande émotion artistique, c’est véridique, elle reste irrémédiablement associée à un calendrier des PTT qui reproduisait la série des fameux tableaux de Brueghel l’ancien. »

« Mais pourtant je crois qu’aussi loin que remontent mes souvenirs, la politique et la culture ont toujours été indissociablement liées, a-t-elle poursuivi. J’ai eu l’immense chance d’avoir des parents qui avaient l’absolue conviction que l’école de la République élève, pour peu que l’on travaille dur, et pour peu que les devoirs y supplantent toujours les droits », a-t-elle ajouté. « Et puis, dans une famille qui n’était pas très argentée, les livres étaient considérés comme des trésors, a-t-elle fait valoir. Ma première grande aventure littéraire, la lecture de L’Iliade et de L’Odyssée d’Homère m’a vraiment ouvert l’appétit pour la vie. »

« J’ai débuté ma carrière à la Caisse des dépôts sur ma seule force de conviction, a-t-elle indiqué, nommée directrice départementale sans jamais avoir jamais réalisé un seul tableau d’amortissement ni calculé une seule indemnité actuarielle brute, mais après une tonifiante formation aux maths financières, j’ai renégocié des millions d’encours de dette qui asphyxiaient les collectivités de Champagne-Ardennes, et mon fait de gloire a été de faire à l’époque un des premiers prêts en francs suisses, à un élu communiste, cela ne s’invente pas », a-t-elle narré.

Villepin fan de Mylène Farmer

« Je ne connaissais rien au circuit de programmation et de diffusion du spectacle vivant en France, on me choisit pour prendre en charge le mécénat du festival d’Avignon, découvrant la cour d’honneur et tous les lieux mythiques de cette cité médiévale où je n’avais jamais mis les pieds, a déclaré la récipiendaire, puis je rejoins le ministre des Relations avec le Parlement alors que je n’ai jamais, à l’époque, adhéré à un parti politique. »

Florence Berthout a retracé sa carrière auprès du président du Sénat Christian Poncelet, au sein des cabinets de Jean-François Copé, de Dominique Villepin, dont on apprît qu’il aimait écouter Mylène Farmer en voiture en se rendant à la séance des questions d’actualité. L’ancienne directrice générale de la Villette a retracé également les excellentes relations qu’elle eût avec la CGT lors de son passage à l’établissement public du parc et de la grande halle, où elle officia neuf années durant, avant de devenir maire du 5°, en 2014. Elle a rendu hommage à sa famille, s’excusant au passage d’un manque de disponibilité qui conduisit ses enfants « à rapidement comprendre qu’ils devraient toujours cocher non à la case des réponses à la question de savoir si leurs parents seraient libres pour les accompagner en sortie scolaire ».

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