Les opérations préalables à la construction du futur campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris-Nord (Seine-Saint-Denis) ont démarré en novembre 2022. Mardi 11 avril, l’AP-HP organisait une visite du chantier du site qui va accueillir l’hôpital, où les travaux de déconstruction et de dépollution de l’ancienne usine PSA-Stellantis se veulent exemplaires en termes de réemploi, de gestion des nuisances, de traitement et d’évacuation des déchets.
Les énormes mâchoires de métal broient des blocs de béton avant d’en extraire des morceaux de ferraille qui sont ensuite déposés à quelques mètres de là. Dans le même temps, une pelleteuse équipée d’une pince de tri décroche une par une les planches de bois de la toiture du bâtiment voisin, un entrepôt industriel qui abritait jusqu’en 2021 des ateliers de l’usine PSA-Stellantis.
Sur cette emprise de 4 ha au cœur de la ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) désormais propriété de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l’institution hospitalière a engagé son « plus gros chantier de la décennie à venir », selon les mots de Jean-Baptiste Hagenmüller, directeur délégué de l’AP-HP. C’est là que va s’élever la partie hospitalière du futur campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris-Nord (CHU SO-GPN). Le pôle universitaire sera lui développé sur 3 ha, sur une parcelle voisine auparavant occupée par un Conforama et un parc d’activités et séparée du site PSA par une voie ferrée.
Limiter les nuisances
Depuis novembre 2022, les maîtres d’ouvrage, l’AP-HP d’un côté et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Grand Paris aménagement et l’Université Paris Cité de l’autre, ont démarré les opérations de déconstruction et de dépollution préalables à la construction du campus. « Nous nous sommes engagés sur des techniques et des méthodes qui vont au-delà de ce que les pratiques et la réglementation nous enjoignaient de faire, en lien avec les demandes des collectivités pour la préservation de l’environnement, a expliqué Jean-Baptiste Hagenmüller, par ailleurs directeur du projet du CHU SO-GPN, lors d’une visite du chantier organisée mardi 11 avril 2023. En particulier concernant les techniques utilisées dans la phase de déconstruction pour le traitement et l’évacuation des déchets pour lesquelles nous assumons un surcoût important. C’est un point majeur pour nous de nous donner les moyens d’être exemplaire sur ce chantier ».
Pour mener ces opérations préalables de déconstruction et de dépollution, l’AP-HP a choisi un groupement de maîtrise d’œuvre dont le mandataire est Antea France, société d’ingénierie et de conseil en environnement, associé à Batirim, tandis que les travaux de dépollution et de déconstruction sont assurés par un groupement d’entreprises composé de Cardem (mandataire), Valgo et Extract. « L’AP-HP avait des attentes fortes, en premier lieu pour limiter les nuisances », a précisé Julien Crouchet, directeur du projet chez Cardem. Les entreprises utilisent ainsi des équipements de dernière génération, a-t-il poursuivi, permettant notamment de limiter le bruit et la dispersion des poussières. « Nous avons par ailleurs mis en place un suivi acoustique et vibratoire avec des sondes positionnées autour du chantier qui envoient des alertes en temps réel », a ajouté Julien Crouchet.
Evacuation des déchets par voie fluviale et ferrée
Une autre exigence de l’AP-HP portait sur la démarche de réemploi : ainsi, les ressources issues de la déconstruction (briques, tuiles, divers éléments de second œuvre) sont valorisées. Des objectifs de taux minimum de réemploi ont été fixés, « largement au-dessus de ce qui est attendu normalement », relève Julien Crouchet. Ces taux sont de 5 % pour le clos et le couvert, de 20 % s’agissant des corps d’état architecturaux et de la plomberie-sanitaire, et de 30 % pour l’éclairage, les câbles et les appareils industriels. Au total, plus de 240 000 t de terre, béton, ferraille et autres éléments du bâtiment vont être gérés. Une partie intègrera l’économie circulaire pour être réemployée, tandis qu’un traitement des déchets amiantés à haute température est réalisé, permettant de les rendre inertes et d’éviter tout enfouissement de produits dangereux.
Enfin, afin de limiter au maximum le transport routier et de réduire l’empreinte carbone, un mode d’évacuation des déchets par voie fluviale et ferroviaire a été mis en place. 70 % seront évacués par ces deux modes : 135 000 t de terres (soit 54 % de celles excavées sur le chantier) par la Seine et 44 000 t de béton concassé (soit 17 %) par l’ancienne voie ferrée de l’usine qui sera remise en service à cet effet. « C’est assez exceptionnel, cette évacuation par train n’avait, je crois, jamais été faite, a souligné Isabelle Noraz, architecte ingénieur travaux à l’AP-HP et directrice des opérations. Un train par jour circulera entre la mi-mai et septembre ».
Ces opérations préalables doivent être achevées en avril 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques. Après les travaux de curage/désamiantage et de déconstruction des superstructures de l’ancienne usine PSA-Stellantis (avec maintien des parois périmétriques) qui se poursuivent jusqu’en juin, aura lieu durant l’été la fin de la déconstruction des superstructures, en particulier des façades. Les six derniers mois seront consacrés aux travaux de terrassement. Il faudra ensuite attendre 2026 pour voir sortir les premiers éléments de terre et 2027 pour le gros œuvre.
Sur le plan des volumes traités, les opérations de dépollution/déconstruction du site du futur hôpital représentent 48 000 t de béton, 11 000 t de briques, 7 000 t de ferraille, 183 000 t de terres excavées, 100 t de bois et 900 t de déchets industriels banals (DIB).
Le choix de l’AP-HP de faire appel à des techniques privilégiant au mieux la préservation de l’environnement a entraîné des surcoûts, assumés par l’institution : de 1,2 million d’euros concernant le recours à la voie ferrée pour l’évacuation des déchets et de 250 000 euros pour l’inertage de l’amiante, une technique qui permet d’éviter l’enfouissement. Au total, le chantier de déconstruction représente un montant de 8 millions d’euros.