Célia Blauel – Vert panache

Adjointe à la maire de Paris chargée de l’environnement, Célia Blauel se bat pour mettre en œuvre un nouveau modèle et bâtir une ville durable, sans forfanterie. Mais non sans panache.

Le poster d’une céphalantère rouge, encore appelée élléborine, une orchidée d’Asie, orne son bureau de l’hôtel de ville. Une gravure de Ferrette aussi, plus en retrait, comme un lieu de repli. De souvenir. C’est son village natal, de 1 000 habitants, perdu à l’extrême sud de l’Alsace. Un bourg jurassien tranquille, où l’adjointe d’Anne Hidalgo, chargée de l’environnement depuis 2014, passa une enfance radieuse. Des parents « bienveillants », des cousins à chaque coin de rue et des promenades en forêt qui lui donnent d’emblée le sens du collectif et le goût de l’environnement. Un désir de solidarité aussi : « Je connaissais ma chance, je me disais, enfant, que j’avais envie de m’occuper un jour de ceux qui en ont moins. » Des gamins moins veinards, elle en croisera. Au-delà de ce à quoi elle s’attendait sans doute.

Celia Blauel.

Célia Blauel. © JGP

A 24 ans, après des études à Sciences-po Strasbourg et un master de communication à la Sorbonne, elle devient chargée de mission à la section des Verts de la mairie du 14e en répondant à une offre déposée dans sa faculté. « J’ai beaucoup aimé les élus verts que j’ai rencontrés alors, parce qu’ils parlaient normalement », résume-t-elle. Son élu, René Dutrey, souffrant, elle assure ses permanences : des mères lui présentent leurs enfants victimes d’asthme à cause de logements insalubres ou la peau marquée de morsures de rats. « J’ai toujours eu envie de m’engager », indique-t-elle, avec, parfois, un reste de candeur juvénile dans son regard franc et vif. En 2005, les « nettoyages » des squats de la Fraternité dans le 19e puis de la Tombe-Issoire dans le 14e, qu’elle considère comme des actes cyniques, faussement justifiés par le souhait de mettre à l’abri leurs occupants après l’incendie d’un hôtel insalubre, finissent de la convaincre. L’évacuation par des CRS d’enfants, leur cartable à la main, à 6 h du matin le jour de la rentrée du 2 septembre 2005, la blesse.

Jardins partagés

Trois ans plus tard, elle quittera son poste de chargée de mission de la section des Verts pour celui d’élue dans cette même mairie du 14e. Elle devient chargée de com’ à la mairie de Palaiseau, pour gagner sa vie. Puis à l’Institut de prévention et d’éducation à la santé. La sobriété, toujours… « Ils avaient besoin de quelqu’un pour discuter avec le lobby de l’alcool », indique-t-elle.

La jeune femme se prend au jeu de la politique. Dans un 14e qu’elle connaît comme sa poche, et dont elle est tombée amoureuse. Elle crée des jardins partagés, « lieux de démocratie participative », qu’elle fréquente toujours aujourd’hui. Célia Blauel, qui confesse, sans le moindre apprêt, qu’elle vient de refuser un poste au sein du gouvernement, ne rate jamais, chaque 21 juin, le repas annuel d’un des jardins qu’elle a lancés.

Pas d’égo démesuré donc chez cette adepte d’un engagement pragmatique, raisonné, aujourd’hui à la tête d’Eau de Paris – un Epic de 900 employés – où elle se bat pour promouvoir le modèle choisi par Bertrand Delanoë de gestion publique, dans un environnement hyperconcurrentiel où elle sait qu’on ne lui fera pas de cadeaux. Présidente de l’Association européenne des entreprises publiques de l’eau, celle qui se décrit comme perfectionniste défend régulièrement ce modèle chez nos voisins. L’Europe ? Une vieille histoire pour Célia Blauel, dont le grand-oncle fut déporté à Buchenwald parce qu’il refusait, dans une Alsace alors annexée, de combattre aux côtés des Allemands.

Sur le même sujet

Top