Salon de l’Amif : les élus locaux attendent de l’État plus de moyens et de confiance

Enseignements de la crise sanitaire, décentralisation, rôle des collectivités locales dans la relance… tels ont été les thèmes discutés lors de la conférence inaugurale du 25e Salon de l’Association des maires d’Ile-de-France, mercredi 30 juin 2021. Une manifestation organisée à nouveau en présentiel.

En introduisant la conférence inaugurale du 25e salon de l’Association des maires d’Ile-de-France (Amif) mercredi 30 juin 2021, quelques minutes après le « coupé de ruban », Stéphane Beaudet, président de l’Amif, ne masquait pas sa joie « de se retrouver, d’échanger à nouveau physiquement » avec l’ensemble des élus locaux et des exposants présents au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) pour cet événement organisé à nouveau en présentiel, doublé d’un volet digital désormais incontournable.

Stéphane Beaudet, président de l’Amif, lors de la conférence inaugurale du Salon de l’Amif, le 30 juin 2021. © Jgp

Réunis après une année de crise, les participants de cette conférence inaugurale étaient invités à s’exprimer autour du thème « les collectivités au cœur de la relance ». L’occasion pour chacun de souligner le « rôle incontournable des élus locaux » durant cette période, selon les mots de Gérard Larcher. « On le voit bien parce qu’ils ont été dans la proximité, la réactivité, qu’ils ont coopéré et ont joué un rôle essentiel et ceci à tous les moments, depuis le premier confinement du printemps 2020 jusqu’à la campagne de vaccination aujourd’hui », a souligné le président du Sénat.

Gérard Larcher, président du Sénat. © Jgp

Valérie Pécresse plaide pour « l’hyper-décentralisation »

« Les collectivités locales ont montré une forme d’agilité que l’Etat n’a pas eu pendant cette crise, a appuyé Valérie Pécresse. Mais je ne crois pas que le sujet soit “qui fait mieux que l’autre”, le sujet c’est d’être partenaires et de faire là où c’est le plus utile. C’est pour cela que je me bats et que je soutiens l’idée des sénateurs d’un nouveau pacte girondin qui confierait aux collectivités ce qu’elles exercent le mieux ». La présidente de la région Ile-de-France, réélue lors du scrutin du 27 juin, a ainsi jugé « absurde » que l’agence régionale de santé (ARS), avec qui la Région et les maires « ont travaillé main dans la main » pendant toute cette période de crise pandémique, ne soit pas présidée par le conseil régional.

Valérie Pécresse veut ainsi donner plus de place au local et plaide pour « l’hyper-décentralisation » en matière de relance : « Nous avons relocalisé 140 entreprises quand l’Etat n’en a financé qu’une soixantaine. Les Régions, les collectivités savent faire mieux car elles gèrent mieux la proximité et notamment la territorialisation, a-t-elle poursuivi. Et cela permet de faire travailler les PME locales ».

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, au côté de Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris, lors de la conférence inaugurale du salon de l’Amif, le 30 juin 2021. © Jgp

Opposé sur le plan politique, Emmanuel Grégoire était cependant, sur ce point, sur la même ligne que la présidente de Région : « la crise a démontré des rigidités insupportables, a déclaré le premier adjoint à la maire de Paris. Dans la gestion de crise, il faut de la coordination et de l’agilité et le cadre institutionnel fait que nous avons manqué parfois des deux ». L’élu parisien a en outre estimé que l’État « ne fait pas confiance aux collectivités territoriales : l’Etat pense que les élus locaux sont des irresponsables dont il convient d’entraver l’action ».

Il a donc appelé à ce qu’une « forme de souplesse » soit donnée aux préfets de régions et aux collectivités territoriales pour injecter les fonds du plan de relance rapidement : « Nous avons besoin dans cette période que l’investissement local vienne accélérer le processus de stabilisation, d’abord pour éviter de nous enfoncer dans la crise ». « Nous avons besoin d’un relais de financement de court terme. Il faut reconstituer l’autofinancement des collectivités locales », a également déclaré Emmanuel Grégoire.

Consolider la capacité d’autofinancement des communes

En écho, Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) et secrétaire général de l’Association des maires de France, a déploré la régression que connaît le pays en matière de décentralisation par rapport aux années 1980, avec tout à la fois une perte d’autonomie financière et fiscale pour les collectivités territoriales. « Les communes sont les principaux maitres d’ouvrages : si elles ne décident pas de lancer des chantiers, ils ne se font pas », a-t-il insisté en lançant cet appel : « il faut donner confiance, donner envie d’investir. Mais si les collectivités n’ont pas la capacité de financement, elles ne le feront pas pour ne pas se retrouver dans des situations de surendettement. »

« L’Etat doit accompagner la consolidation de la capacité d’autofinancement des collectivités plutôt que de faire des dotations ciblés qui ne sont pas toujours attribuées. Sinon, le plan de relance ne fonctionnera pas », a assuré Philippe Laurent qui a par ailleurs estimé qu’en matière de décentralisation, rien ne pourra se faire sans « une évolution institutionnelle, si ce n’est culturelle, et cela ne peut être impulsé qu’au plus haut niveau ».

Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris. © Jgp

Philippe Laurent, maire de Sceaux, secrétaire général de l’Association des maires de France. © Jgp

Stéphane Beaudet a quant à lui relevé que la base des investissements du plan de relance se fait à partir des orientations prédéfinies par le gouvernement, « ce qui peut interroger sur la liberté d’action réelle des communes ». Et s’il a concédé que le plan de relance français était « très bien fait », c’était pour enfoncer un peu plus le clou dans la phrase suivante : « il est très bien fait pour le secteur privé mais pour nous [collectivités territoriales], clairement  le dispositif n’est pas adapté à ce que nous sommes et pourtant nous sommes essentiels dans l’investissement du pays ».

Et comme un signe d’apaisement, c’est sur le mot de « confiance » que le président de l’Amif a souhaité conclure ces échanges. Confiance entre les collectivités territoriales et l’Etat, à l’image de ce que les membres de l’association d’élus franciliens ont pu observer lors d’un voyage à Copenhague, au Danemark : « voilà un pays qui contractualise avec les collectivités, y compris pour l’impôt sur le revenu sur la base d’une contractualisation triennale qui donne à la collectivité le choix de toucher à toutes les compétences possibles sur une durée limitée. C’est sans doute un peu extrême pour nous et cela ne correspond pas à notre fonctionnement mais c’est une image sur le chemin qui [peut être emprunté] pour restaurer la confiance entre l’Etat et les collectivités », a lancé Stéphane Beaudet.

Le parcours inaugural en images

Les élus et partenaires de l’Association des maires d’Ile-de-France ont rendu visite à l’ensemble des stands mercredi 30 juin, lors de l’ouverture du salon, qui se tient cette année au Parc des expositions international de Villepinte. En présence de Gérard Larcher, président du Sénat, de la présidente de l’Ile-de-France fraîchement réélue Valérie Pécresse, du président de la Métropole du Grand Paris Patrick Ollier, du préfet Marc Guillaume, du président de la Chambre de commerce Didier Kling, et de nombreux maires, dont le président de l’Amif Stéphane Beaudet, le maire de Sceaux et secrétaire général de l’Association des maires de France Philippe Laurent, ou celui de Mennecy, également 1er vice-président de l’Amif Jean-Philippe Dugoin-Clément. 

Le traditionnel coupé de ruban. De g. à dr. : Grégoire de Lasteyrie, Philippe Laurent, Didier Kling, Patrick Ollier, Valérie Pécresse, Stéphane Beaudet, Gérard Larcher, Marc Guillaume, Jeanne d’Hauteserre et Emmanuel Grégoire © Jgp

Stéphane Beaudet. © Jgp

Valérie Pécresse et Stéphane Beaudet. © Jgp

Philippe Laurent, Patrick Ollier et Stéphane Beaudet sur le stand de la Caisse d’épargne Ile-de-France, accueillis par Nathalie Szczepanski, directeur du secteur public, aménagement et PPP.© Jgp

Patrick Ollier, Stéphane Beaudet et le préfet Guillaume acceuillis par Pierre Monin sur le stand d’Engie. © Jgp

Stéphane Beaudet, Valérie Pécresse, Grégoire de Lasteyrie et Philippe Laurent sur le stand de Transilien SNCF.© Jgp

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