Élu du 18e arrondissement de Paris, co-président du groupe Indépendants et progressistes, membre d’Horizons, Pierre-Yves Bournazel est favorable au non-remplacement du départ à la retraite d’un fonctionnaire sur trois au sein de la ville de Paris.
Quelles sont vos propositions pour Paris, alors que le conseil municipal se réunit cette semaine pour examiner notamment son budget pour 2024 ?
Je considère que Paris a besoin d’une alternative positive. Aujourd’hui, le clivage et la conflictualité sont permanents. Certes, la majorité municipale n’en porte pas seule la responsabilité. J’estime pour ma part que 2026 ne peut pas être un moment de revanche ou de vengeance mais doit être l’occasion de préparer l’avenir de Paris et du Grand Paris. C’est dans cet objectif que j’ai lancé récemment, par exemple, les conversations parisiennes, rendez-vous mensuel lors duquel une personnalité de la fabrique de la ville vient converser avec les Parisiennes, les Parisiens et moi-même sur la ville désirable. Notre prochain rendez-vous traitera de la lutte contre la grande exclusion.
Qu’est-ce qui doit, selon vous, être mis au crédit de l’actuelle majorité municipale ?
Lorsque l’on fait des rues aux écoles ou que l’on piétonnise un certain nombre de voies, je suis pour. Il serait absurde de s’y opposer. Même chose lorsque l’on promeut l’éveil musical dans les écoles. Mais des problèmes majeurs de vie quotidienne ne sont pas traités. Je pense, par exemple, à la propreté ou plutôt la saleté des rues, à la mauvaise gestion des travaux que l’on remarque à l’œil nu, ou à des troubles récurrents à la tranquillité publique. Des équipements scolaires culturels et sportifs sont parfois délaissés. Les plans de rénovation urbaine annoncés ne sont pas au rendez-vous. Il faut aller, dans tous ces domaines, plus loin et plus fort. Hélas, les propositions que nous formulons sur ces sujets sont systématiquement rejetées.
Vous affirmez que Paris est mal gérée. Quelles sont vos propositions dans ce domaine ?
Je propose un plan d’un milliard d’euros d’économies sur six ans, c’est-à-dire sur une mandature. Il porterait sur le fonctionnement et reposerait notamment sur le non-remplacement d’un agent partant à la retraite sur trois dans la technostructure de la Ville. Nous avons besoin d’agents publics sur le terrain. Je pense en particulier à la police municipale, aux agents de la propreté, de la petite enfance ou de nos cantines. Autre proposition d’économie, la suppression de la flotte automobile de la Ville, qui représente 25 millions d’euros. Nous entendons supprimer aussi les jetons de présence des élus de Paris au sein des conseils d’administration de ses SEM, soit une économie de 2 millions d’euros ! Nous proposons de supprimer le journal de Paris, que personne ne lit, puisqu’il existe déjà des journaux d’arrondissement. C’est à la fois un sujet financier mais aussi un sujet écologique, puisque près de 45 000 arbres seraient ainsi épargnés.
Paris est-elle sur-administrée ?
Madame Hidalgo et sa majorité ont multiplié les postes de directeurs et de sous-directeurs, ce qui participe d’ailleurs à la complexité des décisions, à l’inefficacité et à la démotivation des agents. Ce n’était pas le cas du temps de monsieur Delanoë ou de monsieur Chirac. L’absentéisme pose également de sérieux problèmes. Le dernier rapport de la chambre régionale des comptes évalue son coût à 160 millions d’euros, soit 920 millions sur la totalité de la mandature ! Or si l’on veut réussir la transformation écologique de Paris, améliorer la qualité de vie et investir sur la propreté, sur la tranquillité publique, sur la culture, le sport ou les infrastructures scolaires, il va falloir trouver des marges de manœuvre financières.
Aujourd’hui, la Ville est obligée de réduire ses investissements. Des économies sur le train de vie de l’Hôtel de ville éviteraient par exemple de réduire le budget de la culture. Je crois que Paris doit être une grande capitale culturelle. Nous avons besoin de soutenir nos théâtres, nos conservatoires, nos bibliothèques de quartier. Pour retrouver des marges de manœuvre, madame Hidalgo va également baisser en 2024 le budget alloué à la sécurité, en baissant les financements des équipements et les budgets de formation de nos agents de la police municipale.
Quelles seraient vos priorités d’investissement ?
La transformation écologique de la Ville est pour moi une priorité absolue sur laquelle il faut changer de braquet, en la pensant à la bonne échelle, qui est celle du Grand Paris. Je propose par exemple une grande étude sur la plantation en pleine terre. La végétalisation de l’ensemble des boulevards des maréchaux créerait autant d’îlots de fraîcheur. Je propose de faire de la petite ceinture une véritable ceinture verte. Je demande également que soit mené un vrai travail sur le verdissement des toits de Paris. Nous estimons aussi qu’il faut travailler davantage sur le levier de la transformation de bureaux usagés en logements.
Quelles sont vos propositions en matière de mobilité ?
Elles sont nombreuses. Il faut, par exemple, un grand plan de circulation, là aussi à l’échelle métropolitaine. On le demande depuis des années. Il faut moins de voitures dans Paris, ce qui suppose de trouver des solutions alternatives, notamment pour celles et ceux qui ne résident pas à Paris. C’est le sens de notre proposition de créer des parkings relais aux grands carrefours des lignes de métro et des nouvelles qui vont émerger avec le Grand Paris express.
De même, je suis pour le développement du vélo à Paris, avec là aussi une approche grand parisienne. Mais dans ce domaine comme dans d’autres, madame Hidalgo se contente d’effets d’annonces. Aujourd’hui, à mi-mandat, elle n’a réalisé que 21 % du plan vélo promis.
Même chose pour les grandes forêts urbaines. L’actuelle majorité a déconstruit Vélib’, qui fonctionnait très bien ainsi qu’Autolib’, qui aurait dû être renouvelé et repensé mais qui était un service intéressant. Je pense qu’il faut moins annoncer, moins promettre, mais faire davantage. La majorité municipale depuis 2014 n’est pas à la hauteur des attentes des Parisiennes et des Parisiens.
Quelles sont vos propositions pour le boulevard périphérique ?
Concernant le périphérique, il faut là aussi avoir une stratégie d’ensemble, basée sur des études d’impact et de trafic, qui font défaut. Aujourd’hui, il y a une méconnaissance totale de l’usage du périphérique. Cela dit, je suis favorable à la sanctuarisation, au-delà des JOP, de la voie réservée au covoiturages, de même qu’abaisser la vitesse à 50 km/h me semble pertinent, alors qu’aujourd’hui, la vitesse moyenne de circulation tourne plutôt autour de 30 km/h. Il ne sert à rien que mesdames Hidalgo et Dati continuent à s’empoigner sur ces questions, alors que le vrai sujet serait de disposer des études d’usage pour pouvoir progressivement transformer ce boulevard.
Quel regard portez-vous sur la politique de la municipalité en faveur du logement social ?
Je considère qu’il faut mettre un terme à la politique de préemption, sauf pour le logement insalubre et indigne. Je le dis d’autant plus que j’étais l’auteur, en tant que député, d’un amendement qui permet la réquisition des biens des marchands de sommeil définitivement condamnés. Mais lorsque l’on achète avec l’argent du contribuable des logements privés que l’on transforme en logements sociaux, on ne crée pas un logement supplémentaire et on a dépensé beaucoup d’argent. Mieux vaut transformer des bureaux usagés en logements, ce qui permet de créer véritablement du logement. En réalité, la politique de préemption menée depuis des années par madame Hidalgo et son exécutif municipal a participé à la raréfaction de l’offre privée et donc à l’augmentation des prix.