Michel Cadot chargé d’une mission de concertation sur le CDG express

La ministre des Transports Elisabeth Borne a chargé le préfet d’Ile-de-France d’une mission de concertation sur le projet de liaison directe entre la gare de l’Est et l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Il n’est pas question, à ce stade, de revoir le calendrier.

Déjà missionné en octobre par le Premier ministre pour une mission de coordination et de pilotage des interfaces des travaux programmés sur l’axe ferroviaire Paris Nord, Michel Cadot doit désormais mener une démarche plus spécifique sur le CDG express. Cela après que les élus d’Ile-de-France mobilités ont voté une demande de suspension des travaux de ce projet afin de ne pas nuire au fonctionnement du RER B dont il partagera des voies en cas de perturbation.

Le préfet Cadot a été missionné pour mener une concertation sur le CDG express. © JGP

La commande d’Elisabeth Borne ne porte toutefois pas sur le calendrier de la liaison Paris-Roissy qui doit être mise en service début 2024, la ministre demandant au préfet d’aboutir à « une série de recommandations visant à améliorer la compréhension de ce projet et à préciser les conditions de sa réalisation », indique la préfecture de région. Pour bien préciser que la suspension des travaux n’est pas à l’ordre du jour, cette dernière souligne d’ailleurs que « cette mission permettra de faire le point sur les enjeux de ce projet qui renforcera l’attractivité touristique et la compétitivité économique de la région Capitale ».

Participer au désengorgement du RER B

Alors que la contestation enfle du côté des collectivités, Valérie Pécresse a été contrainte lors du conseil d’administration d’Ile-de-France mobilités du 12 décembre, de présenter un amendement à une délibération relative à l’avis du syndicat sur le CDG express. Si l’avis est positif, l’amendement appelle à la suspension des travaux du projet porté par le Groupe ADP et SNCF réseau. Un choix contraint par les positions de certains alliés politiques de la présidente du Val d’Oise ou de Seine-et-Marne, qui se sont ajoutées aux voies de l’opposition.

Le Groupe ADP avait, dès le vote d’IDF mobilités, rappelé tout l’intérêt de cette liaison qui « répond au constat de saturation des voies d’accès routières et ferroviaires de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle ». Face aux craintes exprimées de risque d’impact du RER B en cas d’incident, l’établissement public indique que le projet « participera au désengorgement [de cette ligne], en lui permettant de retrouver son rôle de transport du quotidien ». Et de préciser que les porteurs du CDG express investiront 177 millions d’euros « pour la robustesse opérationnelle » du RER B.

Risque de pénaliser les investissements étrangers

« Il s’agit d’une urgence pour notre pays », a affirmé Augustin de Romanet, PDG du Groupe ADP, sur BFM le 20 décembre 2018, avant de répondre point par point aux critiques faites à l’encontre de ce projet. Il a notamment rappelé que celui-ci ne bénéficiera d’aucune subvention publique, malgré le prêt d’1,7 milliard d’euros que l’Etat français va accorder à la société chargée du projet.

Augustin de Romanet

« Il s’agit d’une urgence pour notre pays », a affirmé Augustin de Romanet, PDG du Groupe ADP, sur BFM le 20 décembre 2018. © Groupe ADP/S. de Bourgies

« Cette liaison rapide entre l’aéroport et le cœur de de la Capitale est un facteur d’attractivité », fait valoir Alexandre Missoffe. Le directeur général de Paris-Ile de France Capitale Economique indique qu’aujourd’hui, la difficulté de transfert est pointée par les visiteurs étrangers lors de leurs déplacements à Paris. Le fait de repousser ce projet pourrait donc, selon lui, « pénaliser les investissements internationaux, qui représentent 17 % des emplois en Ile-de-France ». Enfin, il observe qu’un décalage des travaux  produirait un mauvais message sur « la crédibilité de la France, sa capacité à tenir ses promesses ».

Garanties de maintien de la qualité de service

Dans une prise de parole commune le 13 décembre, Anne Hidalgo et Stéphane Troussel ont rappelé que « Ile-de-France mobilités a formulé plusieurs demandes pour obtenir des garanties nécessaires au maintien de la qualité de service sur l’ensemble de ces lignes, que ce soit pendant les travaux ou pendant l’exploitation du CDG express ». La maire de Paris et le président de la Seine-Saint-Denis, qui demandent également la suspension des travaux, estiment que « des adaptations sont indispensables en particulier pour éviter l’effet de « boule de neige » en situation très dégradée ».

Un point de vue transpartisan puisque les élus du conseil départemental du Val d’Oise, dans un avis sur le projet voté le 30 novembre 2018, se sont prononcés unanimement contre. « Alors qu’il facilite la réalisation du CDG express, [l’Etat] retarde le projet voisin de la ligne 17 pour des raisons financières », note la collectivité qui regrette que la mise en service du Grand Paris express soit reportée à 2027 jusqu’au Triangle de Gonesse et 2030 jusqu’à Roissy CDG.

La tâche ne s’annonce pas simple pour Michel Cadot. Le CDG express n’est en effet « pas le seul chantier structurant de l’axe ferroviaire Paris Nord, qui verra d’ici 2024, une dizaine d’opérations de grande ampleur devant être menées parallèlement, parmi lesquelles figurent le programme de régénération de la caténaire du RER B et les travaux d’accueil du nouveau matériel roulant du RER B », note la préfecture. Certains observent qu’à l’heure des gilets jaunes, le pic des nuisances du chantier du CDG express, qui coïncidera avec les prochaines périodes pré-électorales, pourrait être un puissant argument de dénigrement de la gestion des élus en place pour ceux qui voudraient surfer sur la vague de l’exaspération des Franciliens quant aux dysfonctionnements du RER.

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