Laure Confavreux-Colliex – La culture de l’accueil

Cofondatrice de Manifesto, société de conseil en ingénierie culturelle, Laure Confavreux-Colliex est devenue l’indispensable carte artistique dans le jeu du Grand Paris.

Lorsqu’elle est invitée à se projeter hors du temps présent, Laure Confavreux-Colliex est comme la table de réunion de son bureau : de marbre. Quand on pilote la programmation culturelle de trois sites d’« Inventons la métropole du Grand Paris », de l’Atelier de l’Arsenal ou la direction artistique de la Société du Grand Paris – aux côtés de José Manuel Gonçalvès –, la liste de rêves à exaucer attendra.
Car pour l’heure, Laure Confavreux-Colliex est bien occupée à faire grandir le bébé né de sa rencontre avec Hervé Digne : Manifesto. Lorsque la Lyonnaise d’origine cofonde cette société de conseil stratégique en initiatives culturelles et artistiques, elle s’inscrit « dans le prolongement » de ses dix ans passés à affirmer la notoriété de la filiale européenne de Lord, leader en programmation muséale. Au cours de cette décennie, le sceau Confavreux-Colliex a été apposé sur la Cité du vin de Bordeaux, la Monnaie de Paris ou le Louvre-Lens, « des missions que l’on oublie difficilement et qui m’émeuvent encore lorsque j’y retourne », dit-elle, l’œil rieur.

Laure Confavreux-Colliex

Laure Confavreux-Colliex, cofondatrice de Manifesto. © DR

Fait peu surprenant, c’est dans les allées glissantes des musées que la directrice générale de Manifesto mûrit son projet de vie. « Ils ont toujours été un espace de liberté pour moi, un lieu familier », confie celle qui déclare apprécier « ces moments de contemplation, de calme et de réflexion ».

A 37 ans, elle s’est fait une spécialité des montages financiers, partie imergée de l’iceberg culturel. Entre déambulations aux dernières expositions et contemplation dans les salles de théâtre, le « cœur du réacteur », Laure Confavreux-Colliex s’est aussi passionnée pour cette nécessaire étape. Et de prendre, jeune, la voie d’une école de commerce plutôt que celle de la recherche, pour se roder à l’exercice.
A l’heure où les musées deviennent de véritables forteresses minées par les scanners, l’ingénieure culturelle peut en rire. Elle qui connaît ses premiers émois professionnels au Metropolitan Museum of Art de New York, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001 : « C’était une ambiance assez particulière, un moment très déstabilisant. Nous étions en plein questionnement sur la sécurité des musées, et plus largement la question du vivre ensemble à New York », narre-t-elle.

« Révéler des porteurs de projet »

Pour Laure Confavreux-Colliex « la dimension culturelle et artistique est une clé dans la manière de vivre ensemble, dans des espaces de plus en plus contraints […] c’est un ciment, un lien crucial dans la société d’aujourd’hui », philosophe-t-elle, toujours droite sur sa chaise. Cette solidité est un baume qu’elle s’applique quotidiennement. Elle s’attache « à révéler des porteurs de projet qui pourraient paraître très fragiles aux yeux de promoteurs » et préfère « consolider » les projets en cours que caracoler dans les concours.

Là encore, en baptisant sa structure «Manifesto», elle revendique le choix commun « d’un nom fort, qui porte la conviction que l’art et la culture doivent être présents dans la ville ». Un nom qui porte haut la barre des exigences que Laure Confavreux-Colliex veut honorer par son engagement envers les migrants. Mentor du programme « Place », elle s’ancre dans « une démarche personnelle » envers les réfugiés désireux de créer une entreprise. Sans réaction passionnée mais intimement convaincue, elle clame volontiers son leitmotiv associatif : « accueillir renforce les sociétés ».

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