L’attractivité financière persistante de la Capitale

L’attractivité financière de Paris était, mardi 17 septembre, au menu du dîner-débat des Acteurs du Grand Paris. Les intervenants ont décrit les atouts persistants de la Capitale aux yeux des investisseurs internationaux.

Jean-Charles Simon, délégué général de Paris Europlace a rappelé ce que sont les éléments constitutifs d’une place financière : la concentration d’acteurs, la profondeur du marché des compétences disponibles, la diversité des métiers et des activités présents (banques, assurances, private equity et, de plus en plus, les fintechs, auxquels s’ajoute l’écosystème de conseils, avocats, etc…).

En l’occurrence et au sens large, le secteur de la finance emploie quelque 346 000 personnes en Ile-de-France (soit 20 000 emplois de plus qu’il y a cinq ans) contre 420 000 dans le Greater London. La profession se concentre au cœur de l’agglomération, avec 305 000 salariés en petite couronne et 160 000 dans Paris. Un salaire annuel moyen de 100 000 euros caractérise également ce secteur.

Jean-Charles Simon, délégué général de Paris Europlace. © Jgp

Lionel Grotto, directeur général de Choose Paris Region.© Jgp

Lionel Grotto, directeur général de Choose Paris Region, a souligné l’amélioration de l’image et de l’attractivité de l’Ile-de-France aux yeux des investisseurs étrangers depuis  2017, notamment grâce à la mise en place d’un taux d’impôts sur les sociétés unique à 25 %, ou à la tenue des sommets « Choose France ». « En réalité, l’attractivité financière de la place bénéficie d’une politique favorable de façon constante depuis 2013 et la mise en place du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) », a estimé Jean-Charles Simon.

« Les fondamentaux de l’attractivité ont évolué de façon positive au cours des dernières années », a fait valoir Lionel Grotto, se félicitant que Paris « dispose de deux des 10 meilleurs MBA au monde ». Si Paris se classe 3e pour les relocalisations d’entreprises liées au Brexit, la Capitale bénéficie aussi de l’ampleur de ses disponibilités en immobilier tertiaire, avec un parc de 55 millions de m2 contre 39 millions à Londres, sans oublier le premier quartier d’affaires d’Europe avec les 3,5 millions de m2 de Paris La Défense.

Paris 2e marché de l’immobilier de bureau après Londres

Malgré la sévérité de la crise immobilière en cours, « Paris demeure le 2e marché d’investissement dans l’immobilier d’entreprise dans le monde après Londres », a rappelé Christian de Kerangal, directeur général de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF). Ce dernier a indiqué que la France disposait en outre, avec la RE2020, de la réglementation environnementale la plus ambitieuse d’Europe, « sans que l’on puisse dire si cela constitue un atout ou un handicap pour son attractivité ».

Christian de Kerangal a rappelé le niveau très élevé du taux de vacance dans les bureaux franciliens, qui s’élève à 9 % en moyenne, avec de très fortes disparités, 2,5 % dans le quartier central des affaires parisiens et jusqu’à 20% dans certaines communes de première couronne. Une vacance due à la poussée du télétravail post-covid, mais aussi à la courbe démographique du pays, « qui conduira à ce que d’ici 5 ans, on comptera entre 8 et 10 millions de m2  de bureaux vacants, obsolètes », a également indiqué le directeur général de l’IEIF. Dès lors, la question de savoir comment renforcer le modèle économique de la transformation de bureaux en logement a animé les débats de la soirée. L’hostilité des maires à ces transformations, alors qu’ils sont désormais privés de la taxe d’habitation, le poids des exigences réglementaires, de sécurité notamment, ont été évoqués parmi les freins à la massification des transformations de bureaux en logement, malgré l’adoption de plusieurs articles de loi censés les favoriser. «Londres ou New York ont des réglementations beaucoup plus incitatives dans ce domaine », a indiqué Christian de Kerangal. Le délégué général de l’IEIF a souligné également l’insuffisance de l’offre de logements locatifs en zones tendues, gageant que les investisseurs institutionnels, qui réduisent leurs participations dans l’immobilier tertiaire sans souhaiter nécessairement contracter leur investissement global dans l’immobilier s’intéressent davantage, à l’avenir, à l’immobilier résidentiel, « seule classe d’actifs significative » en dehors du bureau.

S’il a appelé de ses voeux des mesures de solvabilisation des acquéreurs, à la hauteur de la crise que traverse l’immobilier, en étendant par exemple le périmètre des bénéficiaires de prêts à taux zéro (PTZ), il a confié son scepticisme sur l’opportunité de faire perdurer un statut fiscal privilégié pour l’immobilier, aux nombreux effets pervers, dont celui d’augmenter les prix.

Estelle Castres, directrice générale de BlackRock France, Belgique, Luxembourg et Monaco. © Jgp

Christian de Kerangal, directeur général de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF).© Jgp

Estelle Castres, directrice générale de BlackRock France, Belgique, Luxembourg et Monaco, invitée vedette de ce dîner-débat a décrit le développement du gestionnaire d’actifs en France, passé de 50 employés en 2018 à 230 aujourd’hui. Elle a indiqué que les taux courts étaient orientés à la baisse mais les taux longs à la hausse, annonçant une pentification de la courbe des taux, c’est-à-dire à une accentuation du différentiel entre les taux selon leur durée. Elle a appelé l’assemblée à l’optimisme, en soulignant l’existence, en Ile-de-France, de nombreux gisements de croissance persistants.

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