Le maire du 19e arrondissement François Dagnaud a annoncé mardi 3 décembre que Paris renonçait finalement à son projet de créer un crématorium à la place du square Forceval, près de la Porte de la Villette. La décision devrait être officialisée lors du prochain Conseil de Paris.
C’est l’épilogue d’un long feuilleton. La mairie de Paris renonce finalement à son projet de création d’un centre funéraire à la place du square Forceval, dans le 19e arrondissement de Paris, Porte de la Villette. Cet équipement devait notamment offrir, sur une surface de 3 000 m2, un deuxième crématorium à la Capitale, où seul celui du Père Lachaise est aujourd’hui en service. Outre un crématorium, il devait accueillir, pour un montant total de 25 millions d’euros, un jardin cinéraire destiné à l’accueil des cendres des personnes décédées dont le corps a donné lieu à crémation, comprenant un espace aménagé pour leur dispersion, ainsi qu’un équipement mentionnant l’identité des défunts, un columbarium et enfin, une chambre funéraire. En juin 2019, la Ville avait adopté une délibération approuvant le contrat de délégation de service public portant sur la conception et la construction, par la Société des crématoriums de France, de ce parc funéraire.
Mais si un tel renfort des capacités parisiennes en la matière s’impose, alors que la crémation est devenue majoritaire (voir ci-dessous), ce projet suscitait depuis l’origine une forte opposition des riverains et des associations de défense de l’environnement. Le collectif « Aux arbres citoyennes et citoyens de La Villette » avait notamment organisé une série d’actions sur le square Forceval, des parrainages d’arbres menacés et des plantations notamment, ainsi que la réalisation d’une fresque. Plusieurs collectifs (Stop béton, Collectif climat Aubervilliers, Association pour le suivi de l’aménagement de Paris Nord-Est, Collectif de Paris 19, Mouvement national de lutte pour l’environnement) s’opposaient également à ce projet. Ces opposants estimaient notamment qu’il n’existait aucune raison à ce que la totalité des crématoriums parisiens soient implantés dans le nord-est de la Ville.
Une histoire mouvementée
Le square Forceval a connu une histoire récente mouvementée. Il a successivement accueilli des migrants tunisiens après les printemps arabes, au début de la décennie précédente. Il a ensuite été un lieu de consommation de crack, jusqu’à son évacuation par les forces de l’ordre en octobre 2022.
Plus récemment, certains urbanistes avaient estimé que la Ville ne pouvait construire un tel centre funéraire sur une parcelle que le plan local d’urbanisme bioclimatique classe par ailleurs en zone urbaine verte. La municipalité n’a pas indiqué, pour l’heure, si un nouveau site pouvant accueillir un tel équipement avait été identifié.
Le nombre de crémations a augmenté en moyenne de 2,3 % par an à Paris et sa petite couronne et de 3,6 % par an sur l’ensemble de l’IIe-de-France au cours de la précédente décennie. Les trois départements de la petite couronne sont équipés de sept crématoriums situés à Nanterre, Clamart, Arcueil, Valenton, Champigny-sur-Marne, Montfermeil et Villetaneuse, gérés par le Sifurep. Le crématorium du Père-Lachaise est, depuis plusieurs années, saturé. Depuis 2015, près de 6 000 crémations y sont réalisées par an, soit 1 000 à 1 500 opérations de plus que la capacité envisagée initialement pour cet équipement. Ceci a été rendu possible par la mise en service du cinquième four, en principe tenu en réserve, indique la ville de Paris.