Exclusif : alerte sur la dette du Stif

Si le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif) n’améliore pas son autofinancement, il dépassera le seuil d’alerte d’endettement en 2016.

Le débat d’orientation budgétaire qui s’est déroulé le 1er octobre 2014 au Stif a été l’occasion de constater que des doutes existent sur le financement de ses investissements (qui concernent le matériel roulant). Sur la période 2015-2025, l’organisme prévoit des besoins en la matière à hauteur de neuf milliards d’euros, dont environ quatre pour les « coups partis » et cinq pour les projets à venir, notamment dans le cadre du Grand Paris express.

Or la situation financière pourrait devenir préoccupante rapidement selon les éléments transmis aux élus, que Le Journal du Grand Paris s’est procuré. Alors qu’il n’avait pas de dette il y a trois ans, le syndicat a depuis dû massivement recourir à l’emprunt, son investissement ayant été à 44 % financé par des prêts en 2014 contre 16 % en 2013. L’autofinancement a en parallèle subi une « nette diminution », passant de 34 % l’an passé à 9 % en 2014.

Des chiffres qui font craindre un dépassement des ratios d’alerte des collectivités locales avec un franchissement du seuil de 15 ans de ratio de désendettement redouté en 2016 si l’épargne brute ne s’améliore pas. Si la droite parle déjà de « faillite annoncée » et a souhaité – sans succès – demander un audit de la Cour des comptes, l’exécutif est plus mesuré dans sa communication :

Il est important que le Stif restaure et augmente son autofinancement afin de financer les investissements à venir et limiter le recours à l’emprunt.

Nouvelles sources de financement

Avec un besoin d’environ 800 millions d’euros d’investissement par an sur les dix ans à venir, l’institution n’est pas sereine quant à l’évolution de ses recettes, d’autant que la SNCF, elle aussi endettée, souhaite se désengager de sa participation sur le matériel roulant.

« Nous arrivons un peu à la limite des modes de financements actuels et il faut trouver de nouvelles sources pour les années à venir », observe Corinne Valls, conseillère régionale (DVG) de Seine-Saint-Denis qui siège au conseil du Stif. Pour trouver des marges de manoeuvre, le président (PS) du conseil régional d’Ile-de-France Jean-Paul Huchon propose d’aller se financer sur les marchés financiers, comme le fait déjà la région. Une stratégie qui permettrait d’accéder à des taux plus faibles… si le ratio de désendettement repassait sous les dix ans, est-il indiqué dans le document distribué en préalable au débat. L’objectif premier est donc d’améliorer le niveau d’autofinancement.

« Il n’y a eu aucune présentation sur l’évolution des tarifs qui risquent d’augmenter l’an prochain », redoute François Durauvray, conseiller régional (UMP). Outre un désengagement de l’Etat, l’opposition pointe les « mauvaises décisions » qui ont conduit à cette situation comme le dézonnage du pass Navigo le week-end. Un choix qui pèse sur les recettes de fonctionnement, comme la hausse de la TVA sur les transports décidée par le gouvernement et que tous les membres du conseil souhaiteraient voir revenir à 5,5 %. Une unanimité également constatée sur le voeu présenté par Valérie Pécresse (UMP) pour élaborer un plan de lutte contre la fraude qui représenterait 200 millions d’euros par an.

Le débat continuera lors de l’examen du budget qui se tient généralement en décembre.

Sur le même sujet

Top