Marie Deketelaere-Hanna – Républicaine

Marie Deketelaere-Hanna, pionnière du Grand Paris, a gravi tous les échelons de la fonction publique avec le sens du service public chevillé au corps.

« Je n’ai pas prononcé le mot de République. Il compte pour moi », me rappelle Marie Deketelaere-Hanna, quelques minutes après la fin de notre entretien. Avec la voix profonde et le regard souriant, d’une infinie bienveillance, qui la caractérisent. Fragile ? On ne dirait pas, comme ça. « Je reste sensible au regard que l’on porte sur moi, confie cette brillante cadre sup de la fonction publique. Enfin, de ceux que j’aime ou que j’estime », précise-t-elle.

Marie Deketelaere-Hanna

Marie Deketelaere-Hanna. © JGP

Tout le monde connaît, dans le Grand Paris, celle qui fut conseillère de Jean-Paul Huchon, puis directrice générale adjointe de la région Ile-de-France, en charge de l’Europe et de l’international. Un poste qu’elle adore alors, parce qu’il consiste à faire travailler ensemble des talents d’origines diverses. Et de produire. « Je suis à la fois impatiente et obstinée », résume cette Parisienne d’origine, née de parents « très différents », ce qui explique, dit-elle, son envie de rapprocher les points de vue, son aversion pour l’injustice, son désir d’être « peut-être utile », qui la résument.

Elle lit Sun Tzu aujourd’hui, pour prendre le temps de faire des détours qu’elle n’aurait peut-être pas effectués jadis. « Je vais vite, parfois trop vite », poursuit-elle. Des détours, elle en a fait beaucoup pourtant, comme en témoigne son CV. Après une licence de mathématiques et de linguistique, Marie Deketelaere-Hanna s’ennuie à l’inspection des impôts. Celle qui devrait intégrer dans quelques jours le prestigieux Commissariat général à l’environnement et au développement durable (CGEDD), au poste d’inspectrice générale, s’engage dans le syndicalisme. A la CGT. Elle se souvient avec émotion des neuf semaines de grève, menées en 1989, en réaction à la réforme jugée brutale du ministère des Finances, pilotée par Michel Charasse. « Il était sans doute nécessaire de réformer, mais pas de cette manière », concède celle qui apprécierait l’en-même-temps-tisme présidentiel, n’était-ce le décalage qu’elle voit avec les mesures prises. Cette agnostique revendique des valeurs de gauche mais n’est pas encartée. En 1989, après 12 ans aux impôts, elle décroche un DESS de traducteur et monte en grade, jusqu’à celui d’administrateur civil.

« Française moyenne »

« Un titre que j’utilise alors comme un passeport », confie-t-elle. Cette amatrice de musique sacrée et de Leonard Cohen, qui se voit comme une « Française moyenne » mais aime fréquenter des milieux différents, devient adjointe au directeur de l’Institut de la gestion publique et du développement économique. Puis, après un passage à la direction générale de l’industrie, elle intègre la Région, désireuse d’aller servir dans la territoriale. « Je me suis toujours intéressée à plusieurs choses à la fois », dit cette passionnée d’urbanisme.

Après, Marie Deketelaere-Hanna sera la première directrice de Paris métropole, où elle contribuera à l’éclosion du Grand Paris, aux côtés de son ami Pierre Mansat dont elle cite une maxime qu’elle estime, hélas, toujours d’actualité. « Le pire serait que le Grand Paris se résume à ne rien faire, mais ensemble. »

Pudique, elle ne s’étend pas sur un départ forcé et douloureux du syndicat mixte présidé alors par Daniel Guiraud. Elle intègre ensuite Valophis, bailleur social du Val-de-Marne, où elle peut mettre en pratique ses convictions sur le nécessaire rééquilibrage régional en matière de logement. Intarissable sur les occasions ratées du Grand Paris et son inaboutissement présent, elle espère pouvoir continuer d’œuvrer pour ce projet fabuleux, dont elle estime que la solidarité et le rayonnement sont les deux composantes indissociables.

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