Lise Mesliand – Clairvoyante

Directrice déléguée aux projets urbains chez Linkcity, formée à l’architecture, Lise Mesliand officie depuis plus de 30 ans dans la maîtrise d’ouvrage. Une femme qui met ses talents au service de l’aménagement du territoire.

Se faire comprendre par chacun, à commencer par les non-initiés à la maîtrise d’ouvrage, son domaine : voici le souci de Lise Mesliand. Voix grave, élégance sobre pimentée de touches de fantaisie, tels ses pendants d’oreilles bleu électrique, elle parle clair avec des pointes d’humour, voire d’autodérision. Derrière ses lunettes s’impose son regard franc. Celui d’une femme qui garde le cap, sans présomption, sûre de ses compétences acquises par le travail et l’expérience. Aujourd’hui, cette directrice des projets urbains chez Linkcity, filiale de Bouygues, planche sur des aventures urbanistiques titanesques : la création d’un spot de surf « outdoor » à Sevran ou la transformation de l’ancienne chocolaterie Menier de Noisiel en « Cité du goût ». « En termes urbanistiques, raisonner à l’échelle du Grand Paris me paraît une nécessité », dit-elle.

Lise Mesliand, directrice déléguée aux projets urbains chez Linkcity. © DR

Tout commence pourtant loin de la Capitale. Née en 1961, celle qui se qualifie de « Méridionale de l’étape », grandit en Avignon. Par volonté de se démarquer de sa famille et désir de ne pas fréquenter l’université Aix-Marseille, dirigée par son père, elle opte pour des études d’architecture. Une orientation hasardeuse qui la révèle : « J’ai adoré ce cursus qui favorisait le travail collectif. Et puis, grâce à cette discipline ouverte, on abordait la sociologie, le dessin, le cinéma, la littérature… Et bien sûr, on nous incitait à découvrir des œuvres sur le terrain. » Ainsi, dans le cadre de son école, Lise Mesliand séjourne à Naples pour étudier, sur les traces de Michel Foucault et sa théorie du grand renfermement, le Real Albergo dei Poveri, un immense bâtiment du XVIIIe, sorte d’Hôtel-Dieu qui demeura inachevé… De son passage napolitain, elle garde le goût de « ces métropoles denses, intenses, doublées de grands horizons, telle Marseille ».

Férue d’environnement urbain et de politique

Et pourtant, c’est à Paris – ville qu’elle « adore » – qu’elle poursuivra sa carrière dès le début des années 1990. Sa curiosité inlassable l’amènera à changer de poste et de structure régulièrement : de la RATP, où elle pilote la transformation du patrimoine en logements sociaux ou l’aménagement de la gare du Nord, à Poste immo, où elle initie la restructuration de la poste du Louvre, en passant par des missions de consultante.

Son fil rouge ? La maîtrise d’ouvrage. Cette férue d’environnement urbain et de politique au sens « noble », l’assume : « Je me trouve meilleure à faire travailler de bons architectes qu’à exercer moi-même dans ce domaine ». Parmi ses fiertés, elle cite ainsi la mise en œuvre de l’EPA Paris-Saclay, durant huit ans – « je garde un souvenir fort de cette aventure humaine collective. Et je jette sur ce territoire, avec ses défauts et ses qualités, un œil satisfait et ému » –, mais aussi le pilotage de la consultation internationale sur les Halles – « quel enjeu de réfléchir sur ce cœur emblématique de Paris ! ».

Aujourd’hui, avec Linkcity, Lise Mesliand relève un nouveau challenge, dans le secteur de la promotion immobilière. Et ne cache pas son enthousiasme. A la tête d’une dizaine de personnes, elle confesse aimer le « management », cette science qui requiert, selon elle, « patience et générosité ». L’idée d’avoir un impact sur les territoires et le cadre de vie des gens, grâce à ses réalisations, l’anime. Mais pour elle, la construction d’aménagements durables nécessite avant tout « modestie » et « respect » avec, pour unique ligne de mire, le « goût de l’intérêt général ». Lise Mesliand avance, déterminée certes, mais avec des ajustements permanents et un regard attentif porté sur ce qui l’entoure.

Sur le même sujet

Top