Lionelle Maschino – Une femme de réseaux

Après une carrière chez Veolia, Lionelle Maschino va consacrer sa retraite à mettre en réseaux des acteurs publics et privés pour développer des projets de territoires. Du Grand Paris.

Elégante, raffinée, Lionelle Maschino peut presque paraître guindée au premier contact. Ou autoritaire. « Je suis en réalité très timide », confie-t-elle, avec dans le regard une intermittence de mises à distance et d’éclairs, flamboyants. Cette fille d’ingénieur aime rire. De l’esprit de cour qui est aux antipodes de son caractère. Mais elle préfère s’intéresser à ce qui fonctionne. Le Grand Paris ? « Un petit miracle, considère-t-elle. Qu’il existe enfin, après tant de péripéties législatives, est inespéré. » A la critique, que son impatience pourrait la conduire à formuler, Lionelle Maschino préfère l’éloge de ceux qui, inlassablement, ont porté ce projet : Maurice Leroy, alors ministre du Grand Paris ; Pierre Mansat, dont elle salue le manifeste du Grand Paris « courageux vu le scepticisme ambiant » ;  Chiara Corazza de Paris-Ile de France Capitale Economique, les hommes et les femmes de Paris métropole, de la mission de préfiguration, de la Société du Grand Paris, de la CCI ou des « Entreprises » qui croient au projet. Son carburant ? Le goût de la vie, de l’action, la conviction que rien n’est jamais figé.

Lionelle Maschino.

Lionelle Maschino. © JGP

Une combattante, sous des dehors de bourgeoise tranquille ? Son enfance fut marquée par les guerres. Son grand-père, consul de Russie à Marseille, accueillit en France des dizaines de ses compatriotes fuyant la révolution bolchévique. Sa famille maternelle, lorraine, paya un lourd tribut aux guerres mondiales. Agée de cinq ans, Lionelle Maschino émigre à Alger, Hydra exactement, où son père, qui fut résistant au sein de la Société des eaux de Marseille, est envoyé pour diriger une société d’ingénierie (Setude). La guerre, là aussi, sera sur son parcours. Elle contraint sa famille à rentrer à Paris, à l’orée des années 1960. Son bac en poche, elle suivra sans conviction des études de pharmacie, puis de chimie, avant d’intégrer la filiale de la Compagnie générale des eaux que dirige son père. Elle y fera toute sa carrière, brillante, qui la conduit à la tête de la Société des eaux de Versailles et Saint-Cloud (Sevesc). Le groupe Veolia lui donne l’occasion d’exercer de multiples fonctions (Générale d’image, direction de la communication, Tecic, Anticoreau), grâce auxquelles elle se constitue un carnet d’adresses impressionnant qui explique pourquoi le président de Veolia lui demandera, en 2010, de créer la mission Grand Paris.

Des « petits Grand Paris »

« Lionelle est une pionnière du Grand Paris, dit Thomas Hantz. Dès l’origine, elle a été l’un des premiers représentants du monde de l’entreprise à comprendre le projet dans toutes ses dimensions et à le prendre à bras le corps, pour mettre son entreprise en mouvement autour de ces problématiques nouvelles et transversales », poursuit le président du Club de la communication du Grand Paris. Consultante dans quelques jours, elle compte mettre ses réseaux au profit des projets de territoires. « Pour créer des petits Grand Paris un peu partout en Ile-de-France. J’aime l’entreprise pour sa faculté de faire travailler ensemble des acteurs de cultures différentes », fait-elle valoir. La qualité qu’elle préfère ? l’intelligence, la pétillance. Le défaut qu’elle déteste ? Le conformisme. « Trop de gens ne parviennent pas à penser par eux-mêmes », résume-t-elle. Sans aucun mépris. Ce n’est pas sa marque de fabrique. « Mon père, bien que né en France, était Russe. Il a obtenu la nationalité française à 21 ans. J’ai été élevée dans l’idée que la France se méritait. Qu’elle constituait une chance », confie-t-elle avec ce sourire généreux, ce regard franc et joyeux, presque débonnaire, qui la caractérisent.

Top