L’adjointe à l’éducation du maire de Saint-Denis Mathieu Hanotin se consacre à son portefeuille, sans autre mobile déclaré que la satisfaction d’être utile.
D’où vient son patronyme ? L’entretien avec Leyla Temel s’envole d’emblée pour le sud de la Turquie, bien que l’on soit dans son bureau de la mairie de Saint-Denis, bardé de photos de sa vie d’élue et de famille, joyeux et convivial. « Mon grand-père était fondateur de son village », explique-t-elle, d’où son nom de famille, qui le signifie. L’adjointe à l’éducation du maire de Saint-Denis raconte la chance qu’eut son père de quitter la campagne turque pour suivre une de ses sœurs, mariée jeune, dans la province de Mersin, lui offrant la possibilité de poursuivre sa scolarité jusqu’au bac, puis de migrer en France afin de poursuivre ses études. C’est à Paris que son paternel rencontrera sa mère, issue d’un milieu bourgeois catholique, de gauche toutefois. Son père, diplômé en physique-chimie, exercera toutes sortes de métier, pour finir photographe, gérant d’un labo-photo à Paris. Sa mère est directrice de crèche à Yerres (Essonne). Leyla Temel décrit une enfance heureuse et une adolescence légèrement rebelle, éprise de liberté, face à un père un rien old school. Aujourd’hui, en parlant de lui, elle évoque avec des éclats dans les yeux « l’immense fierté qu’il éprouve face au parcours de sa fille », élue de la République, au déjà long parcours militant.

Leyla Temel. © DR
Au lycée en scooter
« Je n’étais pas une grosse bosseuse, mais mes résultats étaient satisfaisants », poursuit-elle. Elle va au lycée en scooter, joue au volley-ball, se plaît avec sa bande de copines qu’elle garde depuis l’enfance, tout comme son ami Raphaël Chambon, futur maître des requêtes au Conseil d’Etat qui dirigera le cabinet d’Anne Hidalgo. Elle doit à son amitié avec ce fils d’un sociologue son ouverture précoce sur la chose publique. « J’aime la fac, la vie étudiante, ce qui se passe dans les couloirs », raconte-t-elle pour décrire ses années de socio à Nanterre. Cette jeune femme pleine d’allant travaille en parallèle comme animatrice à la ville de Nanterre, au Latina café sur les Champs-Elysées, fait la fête et milite à l’Union nationale des étudiants de France (Unef).
La politique, elle y a déjà goûté, militante dès le lycée au Mouvement des jeunes socialistes (MJS). Elle se présente d’ailleurs aux municipales à Yerres en 2001, sûre de décrocher la ville. Mais Nicolas Dupont-Aignan l’emporte dès le premier tour. Remarquée pour sa pugnacité, elle est dépêchée à Toulouse, pour soutenir la campagne de second tour de François Simon face à Philippe Douste-Blazy. Encore raté… « Douste » s’impose facilement. D’où le souhait de la jeune Leyla d’arrêter, au moins provisoirement, la politique. Mais pas le militantisme. Elle gravira un à un les échelons de l’Unef, où elle croise déjà Mathieu Hanotin et son futur compagnon Corentin Duprey, l’actuel président du Syctom, l’agence métropolitaine des déchets.
Elle se passionne pour tous les sujets – le logement social, l’immigration ou l’éducation… – qui constituent les réunions régulières de l’Unef où elle côtoie jusqu’à pas d’heure Jean-Luc Mélenchon, dont-elle est particulièrement proche à cette époque.
En 2008, elle est embarquée cette fois en Seine-Saint-Denis par un jeune candidat aux cantonales qu’elle a déjà appris à connaître à l’Unef : un certain Mathieu Hanotin, dont elle fait la campagne avec Sibeth Ndiaye. « On se “pouillait” à la tribune des congrès, mais on se marrait bien ensemble », raconte cette fidèle de la gauche socialiste à propos de sa copine strauss-kahnienne. Le futur maire de Saint-Denis remporte le canton et est nommé vice-président du Département à l’éducation et à la jeunesse… Leyla Temel devient sa collaboratrice.
En 2012, elle intègre le cabinet de Stéphane Troussel, nouveau président de la Seine-Saint-Denis. En 2017, elle fait la campagne de Benoît Hamon, première surprise que son candidat ait gagné la primaire socialiste alors que ses motions n’ont jamais remporté un congrès.
« Elue en 2021 à Saint-Denis, j’ai dit à Mathieu [Hanotin] que c’était l’éducation sinon rien », résume-t-elle aujourd’hui. Leyla Temel a été récemment la cheville ouvrière de la gratuité dans les cantines dionysiennes, dont elle souligne les nombreuses vertus. « Je n’ai aucun plan de carrière » , dit celle qui déclare essayer simplement d’être utile. Face aux campagnes parfois âpres de dénigrement que sa majorité doit affronter, elle dit sa foi dans l’intelligence collective, l’engagement citoyen, le désintéressement en politique. Au sectarisme, elle assure préférer la bienveillance et la fidélité. A ses idéaux comme à ses compagnons de route.