Le Pavillon de l’Arsenal consacre une exposition aux sentiers métropolitains, ces nouveaux aménagements urbains qui ont commencé à se développer dans les années 2000, d’abord de manière informelle, avant de gagner en visibilité, notamment avec le GR2013 marseillais et plus récemment le Sentier du Grand Paris.
Voir la ville autrement, appréhender les territoires périurbains et les espaces délaissés des métropoles, avec comme principal outil d’observation et de compréhension la marche à pied, c’est ce qui relie les sentiers métropolitains. Avant d’être formalisés sous ce terme, ces aménagements urbains à la croisée des mondes de l’aménagement, de l’art, du tourisme et de l’écologie trouvent leur origine dans différentes initiatives indépendantes qui ont émergé dans le courant des années 2000 dans plusieurs métropoles européennes : un architecte organisant des pique-niques périurbains à Bordeaux, un artiste proposant des treks dans la périphérie de Cologne, une commissaire d’exposition ouvrant un inventaire patrimonial dans un Algeco des quartiers Nord de Marseille…
Promenade sur le sentier du Grand Paris. © Florence Joubert
Ouverture du Sentier du Grand Paris
Cette pratique va gagner en visibilité avec le GR2013, premier sentier métropolitain de grande randonnée homologué et balisé créé à l’occasion de la manifestation Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture, et qui va inspirer la création d’autres sentiers en France et dans le monde : Istanbul, Tunis, Londres, Charleroi, Athènes, Boston, etc.
En 2014, l’éditeur Baptiste Lanaspeze (l’une des chevilles ouvrières du GR2013) et l’urbaniste Paul-Hervé Lavessière créent l’association Sentiers métropolitains pour généraliser la conception de ces sentiers et constituer un réseau. Un duo à qui l’on doit aujourd’hui l’exposition L’art des sentiers métropolitains, qui démarre le 11 juillet au Pavillon de l’Arsenal.
L’urbaniste Paul-Hervé Lavessière. © Jgp
L’éditeur Baptiste Lanaspeze. © Jgp
Une programmation qui intervient une année importante puisque c’est en « 2020 qu’a été créée l’Académie des Sentiers métropolitains et de la publication en ligne d’un Mooc (massive open online course, cours gratuit en ligne, ndlr) sur la fabrique des sentiers et c’est aussi l’année de l’ouverture du Sentier du Grand Paris », a expliqué Baptiste Lanaspeze lors d’une visite de l’exposition le 7 juillet.
Un projet de territoire
Initié en 2016, le Sentier métropolitain du Grand Paris (SMGP) est porté par les associations Sentiers métropolitains et Le Voyage métropolitain, avec l’artiste-marcheur Denis Moreau. « Lorsque nous avons démarré, nous avons eu la chance de rencontrer une jeune institution, la Métropole du Grand Paris, qui a depuis le début soutenu et porté à bout de bras le projet », a poursuivi Baptiste Lanaspeze. Outre la MGP (90 % du budget sur quatre ans), le SMGP bénéficie du soutien financier de la ville de Paris, de la Société du Grand Paris et de Grand Paris Sud Est Avenir, tandis que nombreuses institutions régionales sont partenaires.
Ballade nocturne dans le Grand Paris. © Florence Joubert
Alain Bocquet, de la société d’Histoire de Nanterre, dispense quelques explications aux abords du Parc du chemin de L’ile. © Eric Garault
« Pour que ce soit un projet de territoire, il faut le faire avec les acteurs locaux, ce n’est pas juste nous qui faisons un trait sur une carte », a précisé à ce propos Jens Denissen, cofondateur du Voyage métropolitain. Pour autant, il ne « s’agit pas d’une vitrine de la métropole », a souligné Paul-Hervé Lavessière.
L’élaboration du Sentier du Grand Paris, qui doit encore être affiné en vue de son inauguration prévue en 2024, fait l’objet d’une des trois séquences de l’exposition qui invite à découvrir cet art urbain de la marche à travers une sélection de cartes, livres, photos, vidéos, d’archives, de textes et de pièces sonores. En parallèle, des étapes du SMGP seront diffusées via des cartes géo-référencées chaque semaine, associées à un programme de marches à réaliser de manière autonome ou accompagnée.
L’art des sentiers métropolitains, du 11 juillet au 11 octobre au Pavillon de l’Arsenal.
