« Le Grand Paris constitue un projet mobilisateur et fédérateur pour le groupe Caisse des dépôts »

Foncier, aménagement du foncier, transport, équipement, logement, numérique, développement économique et prospection d’investisseurs internationaux avec identification des projets susceptibles de les intéresser, le groupe Caisse des dépôts (l’établissement public et ses filiales Icade, SNI, Egis, Scet, Transdev, CDC International Capital) est un acteur essentiel du projet du Grand Paris.

André Laurent Michelson, caissier général de la Caisse des dépôts, directeur de l’exécution des opérations financières, directeur chargé de la coordination du groupe Caisse des dépôts pour le Grand Paris, et Régis Pélissier, directeur régional d’Ile-de-France de la Caisse des dépôts, présentent ces multiples activités.

Quel regard portez-vous sur le Grand Paris ?

CdC

Régis Pélissier, directeur régional d’Ile-de-France de la Caisse des dépôts et André Laurent Michelson, caissier général de la Caisse des dépôts, directeur de l’exécution des opérations financières, directeur chargé de la coordination du groupe Caisse des dépôts pour le Grand Paris. © Jgp

ALM : Le Grand Paris est un projet essentiel qui nous engage pour les vingt prochaines années. Il est fortement mobilisateur et fédérateur pour le groupe Caisse des dépôts, pour le territoire du Grand Paris et pour tout le pays. Il faut le souligner, une région capitale performante, prospère et attractive internationalement, génère nécessairement des retombées favorables pour tout le pays notamment en termes de croissance, d’emplois et de ressources additionnelles pour les caisses publiques dont bénéficie la collectivité nationale. De plus, la région capitale ne peut prospérer et offrir les perspectives attendues par les investisseurs étrangers qu’à la condition de s’appuyer sur les ressources territoriales du pays dans toutes ses dimensions. Enfin, les considérables travaux à entreprendre vont également profiter aux entreprises implantées en dehors du Bassin parisien. La réussite du projet du Grand Paris est, à nos yeux, une condition de la promotion de la France dans la compétition internationale.

Comment êtes-vous organisé sur ce projet ?

ALM : Le groupe Caisse des dépôts, à vocation généraliste, est un acteur essentiel de ce projet et particulièrement bien armé pour contribuer à son succès, à côté de la Société du Grand Paris, plus spécialisée dans la construction du Grand Paris express et de ses prolongements. Le directeur général qui préside le groupe m’a confié, au sein du comité de direction, la mission de coordonner le projet du Grand Paris. Je m’appuie, pour ce faire, sur la structure centrale et cardinale qu’est la direction régionale Ile-de-France qui comprend, en son sein, une mission Grand Paris composée de quatre agents. Voilà le dispositif. Au sein du groupe, cette organisation travaille avec les différentes directions concernées, singulièrement celle des fonds d’épargne qui finance à long terme, et même à très long terme, le logement social et les infrastructures, en particulier celle du Grand Paris express. Nous travaillons également avec la direction de l’investissement et du développement local, qui apporte son expertise, finance des travaux d’ingénierie et investit. La direction régionale Ile-de-France, que dirige Régis Pélissier, s’intègre dans la direction du réseau et des territoires, qui vient d’être créée par le directeur général de la Caisse des dépôts, M. Lemas.

Ces deux directions sont mises au service des deux axes stratégiques définis par le directeur général : l’investissement et l’ancrage territorial. Le projet du Grand Paris relève, à l’évidence, par excellence de la mise en œuvre de ces deux axes. Six de nos filiales sont également mobilisées à cette fin :

  • Icade, la plus grande foncière d’Ile-de-France ;
  • Egis, qui réalise de nombreuses missions d’ingénierie ;
  • la Scet, qui conseille les collectivités locales et leurs outils comme les sociétés d’économie mixte ;
  • la SNI, opérateur du logement social du groupe, très impliquée dans le logement intermédiaire ;
  • Transdev, qui est intéressée évidemment par l’exploitation des futures lignes ;
  • CDC International Capital, qui aide à prospecter les investisseurs internationaux sur des projets d’une taille et d’une rentabilité suffisantes liés au Grand Paris.

A titre d’illustration de cette orientation, vient d’être  annoncé à Pékin, lors de la visite d’Etat du président de la République, par CDC International Capital et le fonds souverain chinois CIC, un partenariat de financement des projets et actifs du Grand Paris pour un montant d’un milliard de dollars dans un premier temps.

RP : Au total, le Grand Paris cristallise l’ensemble des transitions – écologique et énergétique, numérique, démographique, territoriale – qui constituent les priorités stratégiques que le directeur général a données au groupe. La Caisse des dépôts a été un acteur majeur de la construction de Paris et de l’Ile-de-France depuis le XIXe siècle. Nous inscrivons notre action dans cette continuité historique. Notre ambition est ainsi de continuer à accompagner, en prêt, en investissement, en crédit d’ingénierie parfois, les projets structurants du territoire francilien. Ce n’est pas seulement une question de taille. Tout dépend des territoires. Et notre ambition est aussi d’accompagner tous les territoires en Ile-de-France, métropolitains ou pas, de petite ou grande couronne, urbains ou ruraux. Pour reprendre une expression chère au directeur général, nous devons, en Ile-de-France comme ailleurs, incarner pleinement la « Caisse des Dépôts des territoires » : des grands projets d’aménagement à l’évolution des acteurs de l’économie mixte, en passant par le logement social, le très haut débit, les réseaux de chaleur, l’immobilier de bureaux, la logistique, le patrimoine universitaire, les équipements sportifs ou l’hébergement touristique – et ce ne sont que quelques exemples. Cette action doit naturellement être conduite en veillant à préserver les intérêts patrimoniaux de la Caisse des dépôts, qui est un établissement public, et le bilan du fonds d’épargne qui centralise l’épargne réglementée.

On dit que le DG de la Caisse suit personnellement le dossier ?

ALM : Comme je l’ai dit, Pierre-René Lemas a fait de l’investissement et de l’ancrage territorial ses deux axes stratégiques. Quelle meilleure illustration pour cela que le Grand Paris ? Le directeur général est fortement mobilisé sur ce projet et se tient constamment informé de son avancement. Nous envisageons d’ailleurs d’organiser un colloque qu’il présidera au début de l’année prochaine afin de montrer comment le groupe Caisse des Dépôts se met au service du Grand Paris, notamment aux représentants de l’Etat, aux élus et au grand public. Nous veillerons à illustrer le travail commun entre des membres du groupe et ses partenaires extérieurs en traitant de sujets concrets et vivants à l’aide de films, documents et de présentations courtes suivies de débats avec les participants.

Vous veillez à coller aux besoins du terrain ?

RP : La Caisse des Dépôts est, depuis longtemps, un partenaire des collectivités – nous sommes notamment actionnaires d’une soixantaine de sociétés d’économie mixte en Ile-de-France – et des services déconcentrés de l’Etat. Nous œuvrons ainsi, en étroite liaison avec les pouvoirs publics, nationaux et locaux, et avec la préfecture de région, dans le cadre d’un comité de pilotage trimestriel. Au sein de la direction régionale, des équipes sont dédiées aux différents territoires. Nous avons noué d’excellents rapports avec les préfectures et avec les élus locaux, sur lesquels nous nous appuyons fortement et que nous soutenons dans leurs projets. Comme l’a dit André Laurent Michelson, le directeur général ayant fait du renforcement de notre ancrage territorial une priorité, nous venons d’effectuer une tournée des huit départements pour échanger avec les services de l’Etat, et mieux nous coordonner pour cerner les enjeux de chaque territoire. C’est la première fois que nous nous livrons à un tel exercice, très fructueux.

Vous participez à la recherche d’investisseurs internationaux susceptibles d’être intéressés par le Grand Paris ?

ALM : Pour financer les projets du Grand Paris, les fonds des investisseurs internationaux constituent un enjeu majeur. Dans ce cadre, clairement fixé lors du comité interministériel Grand Paris du 14 avril dernier, la direction régionale de la Caisse des Dépôts apporte sa connaissance du terrain et CDC International Capital celle des investisseurs internationaux. En effet, pour que des projets suffisamment attractifs soient financés par ceux-ci, il faut une participation de la Caisse des Dépôts pour démontrer aux fonds étrangers l’intérêt des dossiers que nous leur présentons. Nous avons déjà recensé un certain nombre de dossiers opérationnels, à plus ou moins court terme, certains à très court terme. L’enjeu de la mobilisation des investisseurs internationaux sur les projets du Grand Paris fait l’objet d’un suivi attentif et régulier par le cabinet du ministre de l’Economie.

Quel bilan pour le prêt Gaïa 1 ?

RP : C’est un prêt sur fonds d’épargne qui a pour objet de financer l’acquisition foncière par des bailleurs sociaux, des collectivités locales, des SEM, des EPF. Ce prêt, sur 15 ans, requiert de ses bénéficiaires qu’ils prennent l’engagement d’une production de 25 % de logement social, soit 25 % de la surface de plancher, opération par opération. Le reste pourra être dédié à de l’immobilier d’activité, de bureaux, des équipements publics, tout ce qui concourt au développement du territoire. En Ile-de-France, dans le cas des territoires inclus dans le périmètre des contrats de développement territoriaux (CDT), ce critère de production de logement social est apprécié à l’échelle du CDT depuis 2012. C’est pour cela que l’on a parlé d’un prêt Gaïa Grand Paris. L’idée est d’avoir un prêt pour contribuer à la maîtrise du foncier qui constitue la matière première de l’aménagement et en fait un outil de financement d’une stratégie de développement territorial.

Quelles adaptations sont intervenues lors du comité interministériel du 15 octobre dernier ?

RP : Rappelons les caractéristiques de ces prêts : 15 ans, dont 14 ans de différé, à un taux de livret A + 60 cts. A l’issue du comité interministériel du 15 octobre dernier, l’attribution des prêts Gaïa Grand Paris a été élargie au périmètre des contrats et opérations d’intérêt national et, dans ce cadre, l’engagement exigé en termes de logement social pourra être réduit de 25 à 15 % lorsque la proportion de logement social sur le territoire dépasse déjà 25 %. Il ne s’agit naturellement pas d’une remise en cause des objectifs de la loi SRU, mais de tenir compte de la particularité des territoires concernés par ces périmètres géographiques. Des périmètres au sein desquels la proportion de logement social peut parfois être déjà très élevée. Par ailleurs, la durée du prêt Gaïa Grand Paris pourra s’étendre sur 20 ans, toujours avec 14 ans de différé, et les équipements publics et infrastructures primaires y seront éligibles.

Quels montants de prêts ont été accordés à ce titre ?

RP : Le Gaïa Grand Paris, en place depuis 2012, représente à ce jour 310 millions de prêts accordés. On estime que le potentiel de ce prêt, compte tenu des adaptations récemment apportées, s’élève à 200 millions d’euros par an, ce qui constitue une montée en charge très significative. Evidemment, ce n’est pas par la seule vertu du prêt Gaïa que l’on va débloquer la construction de logement. Mais il s’agit de proposer un outil de financement adapté à l’ambition du Grand Paris en matière de logement. Nous sommes également engagés en matière de renouvellement urbain dans le cadre, par exemple, des 54 contrats de ville en Ile-de-France.

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