Dans son dernier ouvrage, la journaliste Isabelle Rey-Lefebvre décrit les ravages de la spéculation immobilière avant de présenter des nouvelles formes d’habitat solides et joyeuses déjà mises en œuvre en Europe.
« Halte à la spéculation sur nos logements ! » crie la couverture du dernier livre de la journaliste Isabelle Rey-Lefebvre. Au-delà d’un cri qui n’aurait pu que rester en l’air, le sous-titre soulage : « Les solutions pour habiter les villes ». Donc mieux que « Des » solutions, « Les » solutions. L’ouvrage décrit en effet des réalités d’habitats européennes à l’œuvre depuis des décennies échappant à cette spéculation immobilière qu’Isabelle Rey-Lefebvre qualifie de « mortifère ». L’auteure, spécialiste du logement, ancienne journaliste au Monde, expose à travers un tour de l’Europe les multiples façons concrètes de « créer du logement accessible et replacer l’habitat au cœur de nos villes ».
Isabelle Rey-Lefebvre, spécialiste du logement, ancienne journaliste au Monde. © DR
Ces exemples s’appuient entre autres sur les organismes fonciers solidaires dérivés de ceux créés en 1984 aux États-Unis par Bernie Sanders et des coopératives d’habitations en vie depuis plus de 100 ans dans des pays européens dont la France ou la Suisse. Où l’on apprend, avec étonnement, qu’à Genève 85 % des habitants sont locataires, dont 5 % dans des immeuble coopératifs, ou que 60 % des Viennois habitent dans des immeubles à loyers contrôlés de la municipalité ou appartenant à des sociétés non lucratives.
Des solutions sous forme de voies hybrides
L’ouvrage s’ouvre sur les conséquences des ravages de la spéculation immobilière : fracturation du territoire, cohabitation forcée, expropriation de population dont une partie perd alors son emploi. Tel un ogre, elle avale Madrid, fragilise le statut du locataire et le logement social. En réponse, les solutions sous formes de « voies hybrides » illustrées en image et en texte par des modèles existants à la manière de la coopérative berlinoise Bremer Höhe, qui accompagne les locataires victimes de spéculation pour racheter leur immeuble et le transformer en coopérative. Des intervenants évoquent les solutions : Honoré Puil, le vice-président de Rennes Métropole, délégué à l’habitat et au logement et président jusqu’en 2023 du réseau Foncier solidaire de France, l’architecte et doctorante en urbanisme et aménagement à l’université de Toulouse Hélène Morel, dont la thèse porte sur l’accession à la propriété des ménages modestes.
À la lecture de ce livre, on se dit que ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est non seulement de récupérer le droit d’habiter mais, également, de remettre l’écologie et l’humain au cœur de nos vies, de notre « art de vivre », comme dit l’autrice. « Les bénéfices sociaux, en termes de bien-être, de stabilité et de sécurité, sont immenses ».
« Halte à la spéculation sur nos logements ! » – Éditions Rue de l’échiquier
