Fatoumata Koné – Du marketing à l’écologie

Réélue conseillère à Paris, l’écologiste de 39 ans revendique son appartenance aux milieux populaires. Elle défend l’égalité entre arrondissements parisiens et l’accélération de la transition écologique. 

Son père a été éboueur de la ville de Paris toute sa vie, sa mère faisait et fait encore des ménages. Lui était du Mali, elle de la côte d’Ivoire. La famille était nombreuse – neuf enfants dans un logement social vers la Porte des Lilas, à cheval entre les 19e et 20e arrondissements parisiens. « On était les uns sur les autres, ce n’était pas simple », se souvient Fatoumata Koné, sourire timide aux lèvres, yeux noirs pétillants. Une enfance et une jeunesse modestes donc, qui lui font pourtant dire : « J’estime n’avoir jamais manqué de rien ». Une certaine fierté, aussi, d’être issue des minorités, des rangs de ceux qui vivent avec peu, mais qui font la force et la richesse de la République. Et qu’aujourd’hui, elle a la responsabilité de représenter.

Fatoumata Koné. © JGP

« Il y avait une chose avec laquelle mon père ne plaisantait pas, c’était l’école ». Fatoumata Koné est par conséquent une élève appliquée. Elle poursuit des études en marketing à Paris 3 Sorbonne Nouvelle, puis à l’INSEEC. Après un premier poste de chef de produit à Canal +, elle se retrouve au chômage et découvre l’engagement associatif. Elle recherche des mécènes pour l’association « Magev – magie curative », qui organise des spectacles de prestidigitation pour des enfants hospitalisés. « Enfant, j’ai attrapé la fièvre jaune et j’ai connu une longue hospitalisation. Je sais ce que c’est ». Plus tard, elle s’engage aux côtés de l’association Afrique Agri Solaire, qui crée des jardins maraîchers cultivés par des collectifs de femmes dans la région de Kayes, au Mali. En plus de contribuer à l’autonomie alimentaire des villages, ce travail permet aux femmes de s’émanciper. « Je suis féministe. Issue d’une famille musulmane de l’Afrique de l’Ouest, je me retrouve dans le discours sur l’égalité hommes-femmes ».

Pour une justice écologique et sociale

Lorsque les militants d’EELV l’approchent et lui proposent d’être sur leur liste aux municipales de 2014, elle travaille à Numéricâble et s’interroge sur une reconversion. Convaincue par leur discours sur l’égalité entre arrondissements parisiens, elle se dit que la politique pourrait être une opportunité de s’épanouir autrement. Et elle est élue conseillère municipale de Paris. Lorsqu’elle est réélue en 2020, elle est nommée présidente du groupe Écologiste de Paris et de l’Agence parisienne du climat. « Parfois, j’ai l’impression que le costume est trop grand pour moi. Je souffre du syndrome de l’imposteur ». Il faut dire qu’il n’est pas aisé de s’imposer en politique quand on est une jeune femme, noire de surcroît. Certains la prennent de haut. « La couleur de la peau, malheureusement, on la voit. Partout où je suis allée, j’ai regardé s’il y avait des gens qui me ressemblaient. Et j’ai réalisé que plus j’avançais dans mon parcours, moins il y en avait », constate-t-elle amèrement.

Aujourd’hui, elle a pris un congé sabbatique, ne souhaitant pas dépendre de son mandat politique. « Elle garde la tête froide, elle a une forme de sagesse, malgré son âge », estime une proche. Fatoumata Koné s’apprête à mener la bataille pour atteindre les objectifs ambitieux du Plan Climat de Paris : atteindre la neutralité carbone en 2050. « C’est le mandat charnière, la dernière chance pour le climat en Ile-de-France ! » Elle entend porter la cause verte, que certains considèrent comme « bobo », dans les quartiers populaires. « La rénovation énergétique des logements sociaux va permettre aux habitants de baisser leurs dépenses », clame celle qui reste convaincue que justice sociale et écologique vont de pair.

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