Portrait : Emmanuelle Cosse nouvelle présidente de l’Union sociale de l’habitat

Emmanuelle Cosse vient d’être élue présidente de l’Union sociale de l’habitat. Elle succède à Jean-Louis Dumont, qui a occupé cette fonction pendant deux mandats successifs (2012-2020).

Avec une conviction claire et franche, Emmanuelle Cosse, la nouvelle présidente de l’Union sociale de l’habitat (USH) se définit comme « une militante du logement ». Car pour l’ex-ministre du Logement sous Manuel Valls, également présidente de Coallia habitat depuis 2019, un bailleur social qui gère des résidences, des foyers de travailleurs migrants, le sujet s’impose comme un enjeu politique de premier ordre. « Beaucoup considèrent cette problématique trop technique, ou mineure par rapport aux domaines liés à la santé, à la sécurité, à l’éducation, développe-t-elle. Pourtant, impossible de se désintéresser de la façon dont les citoyens vivent… Des logements trop petits, trop chers, insalubres, éloignés du lieu de travail, engendrent des souffrances. Il s’agit d’une question démocratique cruciale. »

Emmanuelle Cosse. © JGP

Née en 1974 dans le 14e arrondissement de Paris, la militante et femme politique jette sur sa ville un regard amoureux, qui n’empêche pas un réalisme cru. « C’est à la fois une ville extraordinaire, et ultra-compliquée à vivre, qui cumule les contraires : une forte attractivité, des richesses culturelles, une diversité humaine, un sentiment de liberté, mais aussi un manque de nature, des trajets fastidieux, et de dramatiques inégalités. » Dans le 12e, où elle grandit, elle côtoie l’injustice violente : certains de ses camarades d’école résident dans l’îlot Chalon, une sorte de « ghetto », de Bronx près de la Gare de Lyon. De quoi semer les graines d’une révolte saine…

Car, dans la famille Cosse, la résignation ne saurait être de rigueur. Les parents d’Emmanuelle, militants gauchistes, s’engagent sur des enjeux écolos dans les années 1980, des combats internationalistes… Durant les activités extrascolaires, pour les travaux pratiques, ils traînent les enfants en manifestation. « On m’a toujours appris à ne pas subir. On peut, chacun à notre échelle, changer le monde », explique leur fille. Ainsi, au lycée, elle milite au sein de la Fidl, avant de rejoindre, en 1992, les rangs d’Act up, une expérience fondatrice : « J’y ai appris ce que signifiait un mouvement collectif puissant, traversé de moments tragiques, mais aussi de joie, de luttes, d’amitiés… »

Fan de danse et de rugby

Après des études de droit, Emmanuelle Cosse exerce un temps comme journaliste, à Têtu puis à Regards, dont elle devient rédactrice en chef. Le métier la passionne pour sa capacité à « questionner le monde » mais, bien vite, cette position d’« observatrice » ne lui suffit plus : « J’avais envie d’action. » Ainsi, en 2010, elle intègre Europe Ecologie, avant d’en devenir secrétaire nationale en 2013 : une expérience passionnante mais compliquée, selon elle, car « les écolos manquent d’expérience du pouvoir ».

En 2016, elle devient ministre.  « C’est stimulant, car on apporte sa pierre à l’édifice, de façon concrète, résume-t-elle. Dans le même temps, on doit être clair, ne pas avoir d’état d’âme au moment de la prise de décision. Car la défaillance d’un ministre peut faire souffrir toute une société… » Là encore, Emmanuelle Cosse juge a posteriori, l’exercice enthousiasmant mais difficile. « J’ai particulièrement souffert de la surexposition médiatique, explique l’épouse de Denis Baupin. Les débats dans le monde virtuel, sur les réseaux sociaux, peuvent être d’une violence inouïe. »

Depuis, cette mère de trois enfants, fanatique de danse et de rugby, continue de faire de la politique, mais comme conseillère régionale d’Ile-de-France… Elle fait entendre avec vigueur ses positions sur l’immigration et sur la ville. Désormais à la tête de l’USH, son combat continue, concret, solaire et de terrain.

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