Catherine Léger – La force tranquille

Depuis 2008, elle dirige la SEM Plaine commune développement. A 62 ans, Catherine Léger affirme toujours une passion vive pour son métier d’aménageure, et son département de la Seine-Saint-Denis.

Ce jour, un franc soleil d’hiver inonde le bureau de Catherine Léger. « Oh là là, les carreaux sont sales ! », s’émeut cette figure de l’aménagement parisien, tout en blondeur, lèvres rouge vif et mise en plis impeccable. A travers ses baies vitrées, la directrice générale de la SEM Plaine commune développement peut admirer, in situ, les constructions qu’elle a contribué à ériger : un quartier entier de La Plaine Saint-Denis, flambant neuf autour du terminus de la ligne 12, Front Populaire. « A ma prise de fonction en 2009, l’avenue de la Métallurgie s’arrêtait à nos bureaux, situés dans une sorte de bout du monde », se rappelle celle qui a forgé, avec d’autres équipes, son environnement immédiat – du concret.

Catherine Léger, directrice générale de la SEM Plaine commune développement. © JGP

Et pourtant, si l’on demande à cette professionnelle chevronnée, animée d’une sorte de force tranquille, en quoi consiste au quotidien sa fonction d’aménageure, elle répond du tac au tac : « J’enchaîne les réunions… ». Avec ses équipes, les investisseurs, les élus, les urbanistes… Si la tâche, ainsi énoncée, peut paraître fastidieuse, elle comble Catherine Léger qui, à 62 ans, ne pense pas à la retraite. « Je n’ai pas de loisirs hors du boulot. J’ai travaillé dur, élevé trois enfants. Je n’ai pas vu le jour pendant 30 ans… Le problème des femmes, je ne vais pas vous en jouer un air ! Donc, oui, mon métier, c’est ma passion ! » affirme-t-elle, entourée de cartes et d’une photo géante, vue du ciel, de Plaine Commune.

Les cartes, justement. A bien y réfléchir, Catherine, fille d’un père comptable et d’une mère commerçante, les a toujours côtoyées : « Gamine, avec mes parents, on sillonnait la France en voiture. Et ma mère avait toujours tout un tas de plans routiers. Ça a semé la graine. » Plus tard, lors d’études pour devenir prof d’histoire, elle se passionne pour la géographie… Et intègre la toute première promotion d’une formation d’urbaniste à l’Ecole des ponts et chaussées.

Bien avant l’heure, à l’orée des années 1980, cette étudiante militante, secrétaire générale de l’Unef, réalise un mémoire sur les friches industrielles. « C’était le moment des désindustrialisations et de la décentralisation… Une autre époque, vous imaginez ? », dit-elle. D’ailleurs, au tout nouveau conseil général de la Seine-Saint-Denis, son premier métier consiste à inventorier les friches et à prévoir leur reconversion. En 1988, elle intègre la Sidec, une société d’aménagement créée par le Département, et gravit les échelons : de chargée d’opération à directrice générale.

Département « maltraité »

Sur son parcours, elle révèle ses fiertés : avoir encouragé la promotion des femmes dans ses équipes ; avoir bataillé avec la direction des routes – et obtenu gain de cause – pour modifier le trajet de l’A86, afin que la voie ne constitue pas une entrave dans un quartier défavorisé ; ou avoir permis l’implantation de Panasonic, à la fin des années 1980 à La Plaine Saint-Denis, premier bâtiment à transfigurer le territoire… « Au début, ils voulaient simplement installer leurs entrepôts. Je leur ai dit : vous devez aussi ouvrir le siège ici. C’est du donnant-donnant ! Il s’agissait d’attirer des capitaux dans ces environnements sacrifiés mais si riches de ressources. »

Car cette Pantinoise d’origine nourrit un véritable amour pour son département « maltraité », « considéré de tout temps comme un réservoir de main-d’œuvre ». Bientôt, Plaine Commune recevra les JOP : un challenge, un défi pour transformer durablement « son » territoire. Catherine Léger s’en réjouit et conclut : « Pas facile, quand même, de résumer 40 ans de carrière en une petite heure ! »

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