A Roissy, des élus locaux démunis face à la crise de l’aérien

En raison de la chute durable du trafic aérien, les élus des communes entourant l’aéroport de Roissy sont confrontés au défi de la reconversion des actifs. 10 000 salariés sont au chômage partiel depuis un an.

Air France, Aéroports de Paris, Servair, Connecting bag services… Les suppressions d’emplois et licenciements s’enchaînent à cause de la chute du trafic aérien, qui ne se remettra pas de sitôt de la crise. Des sous-traitants du secteur aéroportuaire à l’hôtellerie restauration, ses effets sont fortement ressentis dans les communes voisines de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, victimes d’une très forte spécialisation de leurs activités.

10 000 salariés sont au chômage partiel depuis un an sur le bassin d’emploi Grand Roissy-Le Bourget. © Jgp

« Sur 1 000 administrés, 300 ou 400 travaillent sur le plateau de Charles-de-Gaulle. Des couples sont au chômage technique depuis plus d’un an, qui veulent vendre leur maison et demandent un appartement. Je vois des dossiers inédits arriver au sein de mon CCAS (centre communal d’action sociale) », constate Alain Aubry, maire du Mesnil-Amelot et président de Roissy dev aerotropolis, l’agence de développement économique de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France. Le groupement d’intérêt public Paris CDG alliance qui couvre le bassin d’emploi Grand Roissy-Le Bourget estime qu’il y a 10 000 salariés au chômage partiel depuis un an. Alors que l’activité aéroportuaire, florissante avant la crise, dopait les créations d’emploi des territoires alentour, les élus locaux sont pris de court.

+ 15 % de demandeurs d’emploi

Si les collectivités aident les entreprises sur le plan économique, notamment à travers le fonds Résilience, elles peinent à prévenir les conséquences sociales de la crise. Malgré les efforts de Roissy dev aerotropolis pour promouvoir le prêt de main d’œuvre entre employeurs, « les entreprises n’arrivent pas à s’en saisir », constate Delphine Goniaux, directrice de la maison de l’emploi Roissy Pays de France. D’où l’espoir que suscite le dispositif gouvernemental « Transitions collectives », auquel participe le GIP Paris CDG alliance. Il vise au moins un millier de reconversions de salariés sans passer par la case chômage (voir encadré).

Dans la zone d’emploi de Roissy, le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) a déjà augmenté de 15 % en 2020, selon la Direccte Ile-de-France. Pour ces profils, les élus locaux misent aussi sur l’outil traditionnel de la formation dans l’objectif de concrétiser les réorientations ou reconversions professionnelles. « Dans ce domaine, il faut pouvoir se former dans les villes alentour », estime Frank Cannarozzo. A Aulnay-sous-Bois, il attend, d’ici à la fin de l’année, l’ouverture d’un « campus des métiers du numérique qui pourra accueillir 400 personnes ». « Il faut nous assurer que tous nos jeunes aient accès aux formations pour occuper des emplois plus qualifiés », abonde aussi Alain Aubry. Roissy Pays de France étant à cheval sur deux académies, la communauté d’agglomération travaille, avec les rectorats concernés de l’Éducation nationale, à faciliter l’accès aux formations d’un département à un autre pour éviter toute perte d’opportunité.

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