Marc Verrecchia, président du groupe Verrecchia, explique pourquoi il estime que la neutralisation juridique de la période de confinement aura des conséquences catastrophiques sur le monde de l’immobilier et le secteur du bâtiment dans son ensemble. Le promoteur annonce également le lancement de la fondation Verrecchia.

Vous redoutez l’impact de l’ordonnance du 25 mars, qui a suspendu les délais de délivrance des autorisations d’urbanisme compte-tenu de la crise sanitaire ?

Marc Verrecchia. © DR

En l’état actuel des choses, cette ordonnance doit progresser sur différents points : en matière de délai de recours, de permis de construire et de délai de rétractation. Prenons un exemple très simple : pour un permis accepté le 17 janvier, le délai de recours des tiers expirait en théorie le 17 mars. Vous avez procédé pendant ce temps à des réservations qui elles, souffriront de ces délais de prolongation. Mais l’ordonnance prévoit qu’à compter du 12 mars, et jusqu’au 24 mai plus un mois, tout s’interrompt, les délais repartant à zéro, les délais de recours s’ouvrant de nouveau, pour deux mois, à compter du 25 juin.

Quelle en est l’issue ?

Nous comprenons que tout cela vise à neutraliser, juridiquement, la période de confinement. Mais les conséquences de ces mesures pour les professionnels de l’immobilier sont catastrophiques pour l’avenir. Les entreprises du secteur sont déjà confrontées à une perte d’activité alors comment imaginer un avenir après le déconfinement si les demandes de permis de construire ne sont pas instruites ? Ou si les délais de recours sont gelés durant la période de confinement ?

Nous adhérons à la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Elle se mobilise avec les acteurs du BTP en partenariat avec le gouvernement pour faire évoluer cette ordonnance relative à la prorogation des délais échus pendant la période d’urgence sanitaire. C’est une question de bon sens et l’exécutif est à l’écoute de nos préoccupations pour une reprise de nos activités. Attendons de connaitre le nouveau texte sur la suspension des délais d’instruction et des délais de recours. Il devrait être présenté au prochain Conseil des ministres le 15 avril.

Marc Verrecchia, le 16 mai 2019, lors de l’inauguration, devant près de 200 personnes, d’un nouveau concept de bureau de vente dans le centre commercial Domus à Rosny-sous-Bois. ©JGP

Vous étiez déjà dans une période ralentie avant la crise sanitaire ?

Nous sommes frappés par ce ralentissement aussi soudain qu’imprévu, dû à la crise sanitaire. D’autant que nous avons déjà été confrontés au cours de l’année écoulée, à l’approche des élections, à un déclin lié à une réflexion urbaine des maires. Nous nous apprêtions donc à déposer des permis en nombre. N’ajoutons pas à cela un affaiblissement plus fort encore pour l’avenir ! Le secteur du bâtiment, rappelons-le, constitue une composante majeure de l’économie française. Nous sommes en contact avec de nombreuses entreprises de construction très inquiètes de savoir si nous allons leur confier des chantiers rapidement.

Liée au respect des mesures du confinement, une très forte baisse d’activité sur l’ensemble de nos chantiers est évidemment constatée. Ils sont quasiment tous à l’arrêt. ll est trop tôt, à ce jour, pour connaître l’impact réel sur le délai final de livraison. Nos équipes anticipent afin de pouvoir être opérationnelles lors de la reprise totale des activités.

La sécurité des compagnons passe par des acquisitions massives de masques ?

Oui, du gel hydro-alcoolique et des protections complémentaires sont également indispensables. La sécurité du travail sur les chantiers doit être assurée à travers des procédures adaptées, notamment pour respecter les gestes-barrière et maintenir les distances entre les intervenants. Je suis fils de maçon. Lorsque je plantais un clou dans une planche de bois, mon père la tenait à moins d’un mètre de moi. Le respect des mesures de distanciation sera donc très compliqué sur les chantiers. Il faut mettre à disposition des masques et toutes mesures nécessaires, afin de rendre la sécurité optimale le plus rapidement possible. La FPI vient de commander un million de masques dont 100 000 seront destinés aux soignants. La vie passe naturellement avant le travail.

Marc Verrecchia et Claude Capillon, maire de Rosny-sous-Bois, inaugurent la résidence Cottages 2. ©Jgp

Vous fêtez les 30 ans de Verrecchia ?

Absolument ! Construction Verrecchia a été créée en 1990. Nous fêtons 30 ans de travail, 30 ans de savoir-faire, 30 ans de passion. A cette occasion, et motivés d’autant plus par la situation actuelle, nous avons décidé de maintenir le lancement officiel de la Fondation Verrecchia qui était prévu initialement en juin 2020.

Notre entreprise reste forte, unie et désire transmettre un message positif afin de marquer les esprits en soulignant notre raison d’être qui n’a pas changé. Elle est inspirée de nos origines méditerranéennes, au retour des valeurs essentielles et humaines. Verrecchia est une famille qui construit ses immeubles en pierre de taille, et la Méditerranée, cela tombe bien, regroupe des pays où tout le monde a construit avec de la pierre calcaire. C’est une civilisation qui s’est toujours montrée ouverte, ne s’est jamais isolée, même en période de crise, de guerre ou de difficulté.

Avec pour philosophie d’entretenir et de promouvoir l’épanouissement, le dépassement de soi, ainsi que la cohésion sociale, la Fondation Verrecchia se positionne sur trois axes : la culture, le sport et le culinaire. Nous mettons un point d’honneur sur la remise en lumière de la transmission, de l’artisanat et de l’idée forte du « local ». Le respect de l’environnement et de nos valeurs sont des fils conducteurs dans la mise en place des partenariats de la Fondation Verrecchia. Elle répondra à des problématiques d’actualité en se souciant de l’avenir, pour permettre aux futures générations de ne pas subir les impacts de cette crise.

Vous soutenez « Protège ton soignant » ?

C’est pour moi fondamental d’être solidaire, et nous serons ensemble compétitifs. Verrecchia a fait en effet un don à « Protège ton soignant ». Nous participons, ainsi, à l’effort collectif et national.