Une étude du cabinet de conseil Alenium consultants révèle que si un renforcement de l’offre de transport nocturne est nécessaire en Ile-de-France, le besoin en mode lourd – train ou métro – n’est « pas avéré » et pose des difficultés techniques.

Le 5 juillet 2016, dans le cadre de sa politique en faveur de la vie nocturne, la mairie de Paris annonçait qu’elle portait, auprès du Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), « la nécessité d’améliorer l’offre de transports en commun non seulement pour les noctambules mais aussi pour les travailleurs de nuit ». L’autorité organisatrice des transports dans la région a rendu public, le 30 septembre, une étude menée, à sa propre demande, par le cabinet de conseil Alenium Consultants qui « expose plusieurs pistes de travail pour améliorer les déplacements nocturnes sur l’ensemble de la Région ».

Les champs-Elysées, by night. © Jgp

Reposant en partie sur les données recueillies par l’Omnil, l’observatoire de la mobilité en Ile-de-France, ce document rapporte que les déplacements nocturnes représentent entre 4,7 % et 8,9 % (le samedi) de ceux comptabilisés sur un jour entier, soit deux à trois millions tous modes confondus (voiture, transports en commun, marche, vélo, etc.). La majorité se font avant minuit en semaine et ne s’étale plus tard que le vendredi et, encore plus, le samedi, avec des distances parcourues plus longues qu’en journée.

Plus de la moitié des déplacements de nuit se font exclusivement au sein de Paris et du cœur de métropole.

Hausse de fréquentation des Noctiliens

Les transports en commun sont utilisés dans environ 20 % des cas (voiture et deux-roues 60 %), et un peu moins le samedi, soit une part comparable aux usages en journée. « Les déplacements en fin de soirée (21 h-minuit) et au cœur de la nuit (minuit-4 h) sont essentiellement liés aux loisirs et autres activités personnelles, alors que ceux effectués tôt le matin (4 h-6 h) sont principalement liés au travail », signale le Stif.

Renforcé de manière continue depuis 2009, le Noctilien, réseau de bus de nuit francilien qui, compte 48 lignes et circule de 0h30 à 5h30 du matin, « est le mode de transport dont la fréquentation progresse le plus en Ile-de-France. Environ 24 000 personnes utilisent ce service en semaine et 38 000 en moyenne le week-end », fait valoir l’étude.

Depuis 2016, les horaires des métros étendus d’une heure le samedi puis, l’année suivante, le vendredi et veille des jours fériés ont permis de réaliser 127 000 trajets supplémentaires le samedi soir après 20 h et d’accompagner deux fois plus de voyageurs le samedi après minuit. « 122 000 personnes utilisent en moyenne le métro entre minuit et 2 h le samedi. »

Obstacles techniques

Ayant constaté une baisse importante de la demande après minuit, Alenium consultants estime que « les pratiques de mobilité des Franciliens la nuit ne traduisent pas un besoin de transports en commun lourds toute la nuit ». En revanche, la poursuite du développement et l’approfondissement du réseau Noctilien pourrait être « pertinente ». L’étude suggère également une amélioration de l’attractivité des modes ferrés en soirée, qui passerait notamment par :

• des renforts de fréquences des trains et RER,
• l’extension des horaires de circulation des bus desservant les gares de grande couronne,
• l’amélioration des fréquences de passage des lignes de tramway en soirée et la nuit,
• l’harmonisation des fréquences de passage des lignes de métro en soirée la semaine.

Au-delà de son coût, le développement de l’offre nocturne pose des problèmes en matière d’entretien des infrastructures, essentiellement réalisé de nuit, ou de circulation du fret pour la SNCF. Plus de 400 chantiers sont, par exemple, mis en oeuvre par nuit en moyenne sur le réseau RATP pour en garantir la sécurité et la fiabilité. La régie a indiqué au Stif que l’extension des horaires serait « complexe à initier sans fortement dégrader la qualité des services actuels ».