Sérial repreneur, Gaël Chervet, qui a fait fortune dans la dématérialisation des marchés publics, a constitué un groupe de presse professionnel puissant, dans les métiers de la finance, du juridique, de l’architecture, de l’aménagement ou de la cybersécurité. Avec la valeur d’usage comme boussole.
Il arrive sur son vélo électrique, ce matin-là, dans les locaux du Groupe Ficade, qui occupent la totalité du rez-de-chaussée d’un immeuble du 9e arrondissement de Paris. Et reçoit avec une grande urbanité dans son petit bureau, à l’étage. Avant de commencer par s’intéresser à vous. Puis de narrer sans frime, et avec un sens aigu de l’anecdote et du détail, sa success story. Un CV à l’américaine, où se croisent la chance et le labeur. « Je ne fais rien pour l’argent. Je monte des projets qui répondent aux besoins des gens », affirme-t-il, toujours souriant, attentif, raffiné.
Le patron de Ficade, qui possède aujourd’hui une quinzaine de titres de presse BtoB, dont Innovapresse, et qui vient de racheter Décideurs TV et Leaders League, a fait fortune dans la dématérialisation des marchés publics.
Gaël Chervet. © Jgp
Ce lyonnais de bonne famille, « mes ancêtres étaient bijoutiers, avocats, généralement débrouillards », raconte-t-il, se distingue dès le début de ses études à Supélec, qu’il intègre après avoir fait Math sup et Math spé au lycée du Parc. Président de la junior entreprise de l’école, il décroche un job chez Accenture parallèlement à ses études. « Je gagnais 1 500 francs par jour, on me payait un abonnement aux taxis G7 pour me rendre au siège, sur les Champs-Elysées ». « J’ai adoré ces années-là », se souvient-il.
Puis il intègre Price Waterhouse Coopers (PWC), pour une mission de deux ans chez France télécom. Avant qu’un chasseur de tête le débauche, pour rejoindre un cabinet conseil de plus petite taille, auprès de Daniel Petit, qui lui demande de développer une plateforme de sourcing de fournisseurs pour des grands groupes industriels français. Bonne pioche. C’est l’essor des directions des achats. La structure croît rapidement. « On travaille pour des groupes comme Valéo, Schneider, on fait des gros coups », raconte-t-il avec gourmandise. Jusqu’à ce qu’Aéroports de Paris souhaite recourir à ses services. Mais la structure n’est pas adaptée aux marchés publics. C’est pour Gaël Chervet l’occasion de créer sa première société. Celui qui s’est fixé le défi personnel d’acquérir un bien immobilier par an vient de s’installer dans un grand appartement haussmannien près de la gare de l’Est.
Succès fulgurant
Avec deux stagiaires et un associé ingénieur, il y monte une nouvelle plateforme et se lance dans la dématérialisation des marchés publics… quelques mois avant que la publication d’un décret rende la réponse électronique aux appels d’offres publics obligatoire.
Le succès est fulgurant. Forsup, sa société, décroche en chaîne des dizaines de marchés, dont celui de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, puis des 170 chambres de commerces et de la mairie de Paris. Pour finir en apothéose, en remportant un marché avec la Scet, le cabinet d’ingéniérie de la Caisse des dépôts pour accompagner quelque 200 sociétés d’économie mixte (SEM) sur la route de la « démate ».
Forsup est racheté ensuite par le groupe Moniteur et intégré à Achatpublic.com, dont Gaël Chervet devient président, à la suite de Thierry Lajoie. Il restera trois ans à la tête de cette société qui offre aux acteurs publics une plateforme de dématérialisation de leurs marchés, avant de se lancer dans une nouvelle carrière : celle de business angel d’abord, puis d’entrepreneur, bien vite, préférant être au cœur de l’action que simple actionnaire. Il acquiert successivement plusieurs titres de presse professionnelle, dont Legal News (veille juridique) ou les éditions de Verneuil (Gestion de Fortune).
Père heureux de cinq enfants
Gaël Chervet applique une méthode semblable à l’ensemble de ses acquisitions, développant autour du média, auquel il affirme laisser une totale indépendance, un système d’information et de référencement, ainsi que l’organisation d’événements. A l’image du Forum des projets urbains, organisé chaque année à la Porte Maillot, qu’il a dupliqué dans plusieurs métropoles de France.
Fils d’un psychiatre en vue, président de la Société psychanalytique de Paris, et d’une pédiatre qui exerce toujours, marié une première fois avec une marocaine, sa nouvelle compagne partage à la fois sa vie et son travail au sein du Groupe Ficade. Père heureux de cinq enfants, il évoque la Young president organization, qui regroupe quelque 250 dirigeants d’entreprises en France, et dont il apprécie les diverses activités, d’entraide professionnelle et de divertissement familial et festif. Des rendez-vous vécus comme autant de respirations, pour ce travailleur acharné, qui porte une ambition toute aussi forte pour la construction de sa famille que pour le développement de ses affaires.
