En Essonne, en attendant le T12

De Grigny à Evry-Courcouronnes, l’arrivée prochaine du tram-train qui reliera Massy, au nord, à Evry-Courcouronnes, au sud, suscite une nouvelle dynamique d’aménagement. Petit voyage le long des six dernières stations du T12, où Grand Paris aménagement et Grand Paris sud aménagement portent plusieurs projets.

« Le Grand Paris express est un axe du développement de la zone dense métropolitaine. Mais sur notre territoire essonnien, nous attendons également une nouvelle infrastructure de transport structurante : le T12, ce tram-train qui reliera à l’échéance de 2023 les deux grandes villes de l’Essonne, Massy au nord et Evry-Courcouronnes au sud. Son arrivée conforte le développement de certaines opérations préexistantes et en suscite de nouvelles. »

Camille Vielhescaze ne cache pas son enthousiasme. Tout à la fois directeur général de Grand Paris aménagement territoire sud et de Grand Paris sud aménagement – la toute première SPLA-IN (société publique locale d’aménagement d’intérêt national) créée, dès 2017, entre Grand Paris aménagement (51 %) et la communauté d’agglomération de Grand Paris Sud (49 %) –, il pilote un nombre inédit d’opérations.

Camille Vielhescaze, directeur général de Grand Paris aménagement territoire sud et de Grand Paris sud aménagement. © Jgp

A Evry, le T12 anime la ville nouvelle

De son bureau, il peut ainsi contempler l’avancement de la ZAC du centre urbain d’Evry-Courcouronnes où arrivera le terminus de cette nouvelle ligne, faisant du lieu un véritable nœud de transports : s’y croiseront le RER D, le futur TZen4 (Viry-Châtillon-Corbeil-Essonnes) et trois lignes de bus. « Cette opération préexistait au projet du T12, puisqu’elle a démarré au début des années 2000 », explique Odile Eveillard, directrice de projets. Mais s’il est en phase d’achèvement, ce projet, confié à la SPLA-IN depuis 2017, profite de l’élan créé par le nouvel axe de transport.
Ici, il s’agit d’animer le centre-ville d’Evry, cette ville nouvelle créée dans les années 1960, et d’y créer de nouveaux espaces publics de qualité. Deux immeubles de logements et un bâtiment signal, dédié aux bureaux et visible de l’autoroute A6, restent à construire.

Contiguë, se développe la ZAC des Aunettes où quelques lots de logements restent encore à attribuer. Le lieu devrait également accueillir un pôle médical et commercial ainsi qu’une zone tertiaire, développée par Spirit. Et ce n’est qu’un début : « Nous sommes en train de finaliser, en partenariat avec les collectivités, une feuille de route pour concevoir l’Evry-Courcouronnes de 2030 », explique Camille Vielhescaze. Alors qu’au nord du département, Massy a profité de sa gare TGV pour accélérer son développement, la ville préfecture espère bien en effet, avec l’arrivée du T12, trouver un second souffle.

Pose des rails du T12 dans le centre-ville d’Evry-Courcouronnes. © Jgp

Au Bois Briard, un lotissement intégré dans la pente

De l’autre côté de l’autoroute A6, l’ambiance sera bien moins minérale dans le futur lotissement « Bois Briard » qui doit se construire à proximité de la ferme éponyme et des parcs attenants. Ici, l’opération est directement liée à l’arrivée du T12, dont le lotissement se situera près des deux derniers arrêts. « Il s’agit, d’une part, d’aménager les abords du boulevard urbain que permet de créer le T12, explique Camille Vielhescaze, et, d’autre part, de faire, de l’autre côté, le lien entre ce boulevard et le centre historique de Courcouronnes, le centre commercial de Thorigny et les aménagements paysagers, dont le lac de Courcouronnes. »

Sur les 12 ha du site, 360 logements et 20 000 m² de locaux tertiaires doivent voir le jour d’ici à 2029. Ce futur quartier se veut environnementalement exemplaire : ainsi une étude est en cours pour étudier la faisabilité du réemploi des terres excavées issues des terrassements pour la constitution des futurs sols fertiles des espaces publics et privés et des murs de soutènement. « Il s’agit de créer une sorte d’économie circulaire entre les différentes opérations », explique Odile Eveillard.

Les bâtiments devront s’intégrer dans la pente créée par un merlon existant et, pour limiter les murs de soutènement, des jardins en terrasses seront créés. L’architecture se veut sobre, avec un recours à des matériaux bruts, un maximum d’éclairage naturel, y compris des parkings, la création de continuités entre espaces publics et privés ainsi que d’espaces extérieurs aménagés communs, et la végétalisation des toitures terrasses. Le permis d’aménager concernant les logements devrait être délivré à l’été 2021 et les premières consultations lancées en fin d’année.

L’Hippodrome, futur cluster des sports

Encore un petit saut dans le tram-train vers le nord et l’on arrive à la station Bois de Saint Eutrope. Ici se trouve le site de l’Hippodrome de Ris-Orangis, un temps pressenti pour accueillir le grand stade de rugby pour la coupe du monde 2023. Le projet n’ayant pas été retenu, l’idée a émergé de transformer le lieu en cluster dédié aux activités de sport et de santé. Le projet, porté par Grand Paris Sud, a déjà reçu le nom de Grand Paris Sport. Reste à séduire les acteurs potentiellement concernés.

Grand Paris aménagement est actuellement en phase d’étude sur un périmètre de 220 ha constitué des 50 ha de l’hippodrome, mais également de l’ancien site Lu, du secteur Bobin (localisé sur la commune de Bondoufle) et de celui du bois de l’Epine.
L’idée est d’accueillir des fédérations sportives, une clinique du sport, la filière Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) de l’université d’Evry-Courcouronnes et des entreprises actives dans l’économie du sport. Une fois le projet lancé, il devrait être pris en main par la SPLA-IN.

Grigny bientôt dotée d’un centre-ville

Autour de la station Ferme Neuve, les grues s’activent sans relâche. Car ici se construit… le centre-ville de Grigny. Etrangement en effet, la ville était, jusqu’à présent, constituée de deux grands quartiers construits à la fin des années 1960, les copropriétés de Grigny 2 d’un côté, les logements locatifs sociaux de La Grande Borne de l’autre, sans lien aucun entre les deux. Une situation qui a contribué à l’enclavement de ces quartiers, objets aujourd’hui de lourdes opérations de renouvellement urbain.

Grigny aura bientôt un vrai centre-ville. © Jgp

Mais si le projet de créer un centre-ville a déjà 30 ans et que la déclaration d’utilité publique date de 1992, il aura fallu attendre la deuxième décennie du deuxième millénaire pour voir ériger de nouveaux immeubles et un centre commercial. Le quartier manquait en effet d’attractivité pour les investisseurs. Seules les opérations de renouvellement urbain contiguës, la volonté des acteurs locaux et l’arrivée prochaine du T12 et du TZen4 ont permis de relancer le projet. Le cœur de ville abritera 360 logements, 4 000 m2 de commerces – dont un supermarché O Marché Frais, très attendu –, un cinéma et un centre culturel. Très symbolique est la construction, par le promoteur Gambetta, de 68 logements en accession libre : une première pour la ville de l’Essonne, pour l’instant exclusivement habituée à l’habitat social !

La Grande Borne désenclavée

Dernière station de ce périple : Amédée Gordini. L’arrêt du tram-train se trouve au nord des « places hautes », dans le quartier de la Grande Borne, où 414 logements propriétés du bailleur Les Résidences Yvelines Essonne sont promis à démolition, sans doute en 2023. Grand Paris aménagement réaménagera ensuite le quartier, qui s’ouvrira vers l’extérieur : il sera notamment traversé par un nouvel axe majeur qu’empruntera le futur TZen4.

Construction de la plateforme Chemin du Plessis à Grigny. © Jgp

La RD445 toute proche, aujourd’hui voie quasi-autoroutière, sera quant à elle transformée en boulevard urbain et doit aussi donner une nouvelle perspective au quartier. « L’ambition est de construire un habitat plus qualitatif et d’introduire à la fois commerces et activités », explique Camille Vielhescaze. GPA entend ensuite réaménager tout le secteur de la ZAC Grand bord ouest – qui devrait être créée en 2022 –, que les nouvelles lignes de transport auront largement désenclavées.

 

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