Pour l’adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie, l’écologie est d’abord un moyen de lutter contre les inégalités.
Discret, posé, l’air sage conforté par ses petites lunettes rondes, mais toujours – et obstinément – présent : tel semble être Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. Autrement dit de quelques-unes des questions les plus centrales de l’action municipale. Soucieux de redonner aux habitants du 13e arrondissement un petit bout de Bièvre à ciel ouvert, il a participé aux cérémonies de réouverture de la rivière dans le Val-de-Marne.
Il a également été de presque toutes les réunions organisées par les intercommunalités sud-franciliennes engagées pour recouvrer le contrôle public sur la ressource en eau. Car Dan Lert n’est pas avare de son temps, surtout quand il s’agit d’expliquer, encore et toujours, pourquoi l’écologie n’est en rien, au contraire, l’ennemie des classes populaires.
Dan Lert. © Jgp
Sa patience et sa maîtrise de soi, le quadragénaire les a sans doute acquises lors de ses études de droit à Paris 2 Assas au début des années 1990. « A l’époque, se souvient-il, cette faculté était un bastion du GUD et l’extrême droite assumait la violence physique et les coups de force. Certains de mes amis en ont été victimes. » Président du syndicat étudiant Unef-ID, il se bat alors « avec les armes du droit, dans un combat extrêmement dur pour que les militants les plus durs aient un casier judiciaire et ne puissent jamais exercer de mandat important ».
Car avant d’être écologiste, Dan Lert est surtout un homme de gauche, profondément sensible aux inégalités sociales. « Je suis né dans le 13e arrondissement, mais j’ai grandi dans le 12e, au pied des voies ferrées, non loin de l’îlot Chalon, où vivaient des gens en conditions très précaires », se souvient-il. Les inégalités constituent également un sujet récurrent de conversation à table, le soir, entre sa mère, chercheuse en santé publique et son père sociologue, déserteur pendant la guerre d’Algérie. Dès ses années de lycée, à Montaigne (Paris 6e arr.), le jeune homme se prend d’ailleurs à militer.
L’écologie, « un levier d’égalité très puissant »
Il faudra cependant attendre 2004 pour que le juriste finisse par adhérer à un parti, en l’occurrence celui des écologistes. Il ne le fait pas, alors, pour des raisons liées à l’environnement, mais « parce que les Verts avaient, de mon point de vue, la meilleure position sur la régularisation des sans-papiers ». Les luttes contre le bétonnage ne viendront qu’ensuite, dans ce 19e arrondissement où il réside désormais depuis presque 30 ans. Elu en 2014 conseiller municipal dans ce quartier « qui représente ce Paris où les classes moyennes et populaires se mélangent », il apprécie « ce contrat très étroit avec les personnes que l’on représente ». Il se souvient avec émotion de permanences où des familles, sans logement, ont déposé leurs valises devant lui et de mariages célébrés illustrant la diversité et la mixité de l’arrondissement.
Qu’on ne lui parle pas, donc, d’écologie pour bobos. « L’écologie est un levier d’égalité très puissant, assure-t-il. Quand on lutte contre le bétonnage de la petite ceinture pour préserver des espaces de nature contre les promoteurs, quand on milite pour l’ouverture des parcs la nuit en période de canicule, quand on aide les personnes en situation de précarité énergétique à payer leurs factures et à réaliser les travaux de première urgence, on est dans des choses absolument essentielles qui relient l’écologie à la gauche ». De la même façon, la réouverture de la Bièvre doit permettre d’offrir des îlots de fraîcheur et un peu d’eau naturelle dans un des quartiers les plus populaires du 13e arrondissement.
A désormais 47 ans, ce père de deux enfants ne semble pas du genre à taper du poing sur la table du Conseil de Paris pour voir ses dossiers avancer. Mais, prévient-il, « nous avons noué avec les électeurs un pacte de confiance ». Tranquillement, posément, mais obstinément, Dan Lert continuera donc de cocher, un à un, les engagements figurant sur la feuille de route de la mandature.
