Afin d’aider les artistes et les artisans, un couple de Montreuillois a ouvert Ici Montreuil fin 2012. Depuis, le concept fait florès.

Au rez-de-chaussée, l’ambiance est studieuse. En poussant les cloisons de bois, le visiteur pénètre dans les ateliers de conception ou de joaillerie, plus loin, l’espace de coworking. Les imprimantes 3D et les ordinateurs modernes tranchent avec le bois brut de cette « manufacture du XXIe siècle », comme l’appelle Nicolas Bard, qui l’a cofondée. Au sous-sol, les machines sont moins silencieuses. Les « makers » présents taillent dans le bois, l’acier ou le textile dans différents espaces dédiés à chaque matière. Depuis deux ans, un restaurant qui sert aussi de galerie d’exposition y a ouvert ses portes.

Au rez-de-chaussée d’Ici Montreuil entre le coworking et les ateliers. © Julien Dominguez

« Ici Montreuil donne accès à des machines que les artisans ne peuvent pas se payer, explique Nicolas Bard, le lieu permet aussi de se connecter à une communauté de savoir-faire et de disposer d’une aide en matière de marketing et de communication. » Aux résidents qui paient un abonnement mensuel sont venus s’ajouter, en octobre, les entrepreneurs retenus dans le cadre du programme d’incubation montée avec Créatis (voir ci-dessous).

Trois projets en Ile-de-France

L’agrégation des compétences a permis de développer, d’un part, un catalogue de formations, avec des modules allant de 3 à 500 h, afin d’apprendre à coudre, souder, etc. D’autre part, de grandes entreprises comme Bouygues ou Renault leur confient des projets (objets connectés, installation, etc.) pour lesquels une équipe de résidents est constituée, et rétribuée. « C’est plus simple pour elles de s’adresser à Ici Montreuil où sont réunis les différents artisans dont elles ont besoin », signale Nicolas Bard.

L’atelier de découpe d’acier et de soudure d’Ici Montreuil. © Julien Dominguez

Les 1 800 m2 de Montreuil deviennent toutefois un peu petits et de nombreux projets sont en cours. Après l’ouverture d’Ici Marseille, trois sites sont en projet en Ile-de-France : au sein du Wikivillage (2 500 m2 à Paris 20e), dans l’ancienne usine de traitement des eaux d’Ivry-sur-Seine (lauréat de « Réinventer la Seine », 4 000 m2) et dans l’usine EIF de Montreuil (lauréat d’« Inventons la métropole », 5 000 m2). « Nous allons profiter de ces espaces pour proposer des ateliers privatifs pour que des TPE puissent rester et profiter de la communauté et des machines », souligne le fondateur.

Atelier Rusch

Design urbain

L’Atelier Rusch accompagne la conception et la gestion de projets, participatives.

Michael Schnell est designer. Marie Demée est urbaniste. Ensemble, ils ont monté un collectif devenu entreprise en 2016 mobilisant les méthodes du design sur des problématiques urbaines. « Nous intervenons en cas de conflit d’usage dans un espace public ou pour l’utilisation d’un service, à partir des besoins exprimés par les usagers », explique Michael Schnell. L’Atelier a ainsi accompagné un bailleur pour réorganiser un square sous-utilisé à Massy Opéra. Avec La Poste, c’est une interface pour passer le code de la route qui a été réalisée. Pour les projets de rénovation urbaine sur lesquels ils sont mobilisés à Longjumeau ou à Neuilly-sur-Marne, un mot d’ordre : « Participer pour s’approprier ».

Chantier participatif dans le quartier de Massy Opéra organisé par l’Atelier Rusch. © Atelier Rusch

MyFabLab

Fablab en ligne

Le site Internet propose des services de fablab clé en main.

Constance Lavergne découvre Ici Montreuil au cours d’une formation sur les techniques de fabrication numérique. En 2016, elle crée MyFabLab, un atelier de fabrication numérique en ligne, qui propose aux entreprises de bénéficier de tous les services d’un fablab à distance. L’année suivante, elle revient à Ici Montreuil au sein de la première promotion de l’incubateur sur le « made in France » lancé avec Créatis. Le service permet de faire réaliser des prototypes ou des petites séries en réservant seulement les matériaux et la prestation. La société s’occupe ensuite du devis, de la fabrication et du choix du fablab qui va s’en charger en fonction des spécificités de la commande.

Mordix

Design textile et web

Mauricio Fernandez est designer dans le textile et sur le web.

Sous le nom Mordix, il conçoit des chapeaux, des accessoires et des costumes, notamment pour le théâtre, plutôt pour homme. Il réalise aussi des pièces sur-mesure ou pour d’autres marques. Sous son nom à lui, Mauricio Fernandez accompagne des acteurs du monde du spectacle, des photographes, des architectes en matière de webdesign – logo, création de site Internet –, après avoir travaillé pour des institutionnels. « Ici Montreuil me permet de faire les deux », observe-t-il. Et aussi de monter des projets avec d’autres résidents. A l’avenir, il souhaiterait toutefois se consacrer davantage à la création qui, pour l’instant, « rapporte moins » que le web.