EDF : pour le Sipperec, le projet Hercule oublie les collectivités et les usagers

« Les collectivités, propriétaires des réseaux, souhaitent être parties prenantes de la réorganisation d’EDF », estime Jacques JP Martin. Le président du Sipperec déplore que le projet Hercule, qu’il estime motivé avant tout par des raisons financières, n’associe pas les collectivités territoriales.

« Élaboré par la direction d’EDF à la demande de l’État, le projet Hercule vise à répondre aux contraintes financières d’EDF pour faire face au mur d’investissements dans le nucléaire en oubliant les collectivités et les usagers », estime Jacques JP Martin, le président du Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication (*) (Sipperec).

Jacques JP Martin, président du Sipperec. © Jgp

Ce projet prévoit notamment la séparation des activités d’EDF en trois entités : EDF « Bleu » (ensemble des activités nucléaires et gestionnaire de réseau du transport d’électricité RTE), EDF « Azur » (activités hydrauliques) et EDF « Vert » qui comprendrait les activités commerciales du groupe (la vente d’électricité au consommateur), le réseau de distribution Enedis et les énergies renouvelables, rappelle le Sipperec. « EDF « Vert », les « bijoux de famille » du groupe EDF serait ouverte aux capitaux privés, éventuellement en Bourse, dans une proportion non connue à ce jour, poursuit Jacques JP Martin. Les collectivités, propriétaires des réseaux, souhaitent être parties prenantes de la réorganisation », affirme-t-il.

Des réseaux propriété des collectivités locales

« L’exploitation du réseau a été confiée à Enedis sous forme de concession de service public. Créé en 1924, le Sipperec est autorité organisatrice tant pour la distribution que pour la fourniture d’électricité et doit être partie prenante des choix en cours », souligne également le maire (LR) de Nogent-sur-Marne.

« Le projet Hercule, dans la version connue à ce jour, tourne le dos aux préoccupations et aux compétences des élus locaux en charge de l’électricité », estime-t-il également.  « La hausse des prix de l’électricité inscrite dans cet accord aura un impact significatif sur la facture des consommateurs alors même qu’une importante crise économique et sociale se profile, déplore le syndicat. C’est à l’actionnaire de l’entreprise et non aux consommateurs de subir la dérive des coûts de construction de l’EPR de Flamanville, ajoute-t-il. La qualité de service va se dégrader encore davantage car, avec l’entrée de capitaux privés dans EDF « Vert », les investisseurs privés demanderont des rendements encore supérieurs alors que les dividendes versés par Enedis à sa maison mère EDF sont déjà exorbitants et en augmentation constante ces dernières années », prévient le Sipperec.

« Nous demandons solennellement au gouvernement de revoir sa copie et d’associer les collectivités concédantes à cette négociation, conclut Jacques JP. Martin. Aujourd’hui, pour assurer une transition énergétique efficace, les collectivités territoriales, notamment celles en charge de la gestion des réseaux d’énergie souhaitent que les citoyens-consommateurs qu’elles représentent restent au cœur de la réorganisation du secteur électrique ».

 

* Le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’énergie et les réseaux de communication (Sipperec) est la première autorité concédante en électricité au niveau national, avec + 5 % de la consommation française, représentant 84 collectivités et près de 4 millions d’habitants.

Sur le même sujet

Top