Méga-territoire de la grande boucle de la Seine : les maires affichent leur détermination

Ils étaient tous là, en mairie de Rueil-Malmaison vendredi 20 mars 2015 pour affirmer leur union sur cet objectif : les maires de la boucle nord de la Seine souhaitent créer un méga-territoire, de près d’un million d’habitants. Et ne voient pas ce qui pourrait les en empêcher.

Les membres de l'association des maires pour la création du territoire de la "Grande boucle de la Seine", vendredi 20 mars à l'hôtel de ville de Rueil-Malmaison. ©jp

Les membres de l’association des maires pour la création du territoire de la « Grande boucle de la Seine », vendredi 20 mars à l’hôtel de ville de Rueil-Malmaison. ©jp

« Nos communes rassemblent 100 000 entreprises, 650 000 emplois. Notre regroupement répond à une logique économique, une logique de projet, une logique de développement durable et de transition écologique, autour de la Seine notamment », a souligné Patrick Ollier, maire (UMP) de Rueil-Malmaison, en ouvrant la conférence de presse de lancement de l’association des maires pour la création du territoire de la grande boucle de la Seine. Une association qui rassemble, pour l’heure,

©jgp/apur

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Argenteuil, Asnières-sur-Seine, Bois-Colombes, Clichy, Colombes, Courbevoie, Gennevilliers, La Garenne-Colombes, Levallois, Nanterre, Rueil-Malmaison, Suresnes et Villeneuve-la-Garennes. Soit 943 830 habitants, alors que la loi Maptam, en cours de révision au parlement via la loi NOTRe, prévoit des seuils de population de 300 000 habitants pour les futurs territoires de la petite couronne, qui devront être créés au 1er janvier 2016.

Au sein de ce vaste territoire, qui va de Villeneuve-la Garenne au Nord à Rueil-Malmaison et Suresnes au sud, et inclut Argenteuil, qui a décidé il y a plusieurs mois d’exercer son droit d’option en faveur de son intégration à la métropole du Grand Paris, seules les communes de Neuilly-sur-Seine et Puteaux font de la résistance. « Les discussions se poursuivent avec les maires de ces deux villes», a indiqué Patrick Ollier.

Pas de plafond

Ce dernier a rappelé que lors du débat par la commission des lois sur la loi Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), Marylise Lebranchu avait indiqué que « rien, absolument rien » ne s’opposait à ce que des territoires rassemblent, en petite couronne, jusqu’au million d’habitants. La loi, en l’espèce, ne fixe qu’un plancher. Il n’empêche. Les maires alto-séquanais savent que tout le monde ne voit pas d’un bon œil la naissance d’une telle collectivité, considérée avant tout comme étant défensive par certains. Le 5 mars dernier à l’Assemblée nationale, lors de l’examen de la loi NOTRe en première lecture, un amendement a été soutenu par Jean-Luc Laurent, député-maire (SRC) du Kremlin-Bicêtre, proposant de fixer le nombre d’habitants des établissements publics territoriaux à 450 000 avec une marge de plus ou moins 20 %. Il n’a pas été adopté.

Les membres de l'association des maires pour la création du territoire de la "Grande boucle de la Seine", vendredi 20 mars à l'hôtel de ville de Rueil-Malmaison. ©jp

«  Nous ne pouvons pas donner un plafond dans la loi. Nous avons fixé un plancher, commentait Marylise Lebranchu ministre de la Décentralisation, dans l’hémicycle. Je souhaite néanmoins que l’on regarde de très près des projets de territoires qui ne seraient pas des projets de mutualisation », avait-t-elle alors déclaré.

Un territoire de projets ?

Les maires réunis en mairie de Rueil-Malmaison représentent un large éventail politique. Si la majorité d’entre eux appartient à l’UMP, Clichy est socialiste, tandis que Patrick Jarry (Nanterre) et Patrice Leclerc (Gennevilliers) sont tous deux membres du Front de gauche. Mais tous se sont employés à affirmer que leur association répondait donc bien à une logique de projet, et de mutualisation. Et non au seul objectif de peser face à Paris, qui formera un territoire de deux millions d’habitants correspondant à son périmètre actuel.

« Nous souhaitons bâtir une coopérative de villes, selon l’expression de Patrick Jarry », a déclaré Christian Dupuy, maire (UMP) de Suresnes, président de l’association. Jacques Kossowski, maire de Courbevoie, a décrit le projet de cluster que l’association portera à La Défense. « A l’exemple du Grand Londres, nous voulons que les entreprises soient associées davantage aux choix effectués pour ce périmètre », a-t-il indiqué. Pour les promoteurs du territoire de la Boucle de Seine, ce projet présente en particulier l’intérêt d’ouvrir La Défense sur le territoire qui l’environne, offrant ainsi un périmètre porté par les deux poumons économiques que sont le quartier d’affaires et le port de Gennevilliers.

Pour Patrice Leclerc, ce projet de méga-territoire « contribuera à réduire les écarts sociaux extrêmes qui caractérisent ce périmètre, les revenus médians des habitants allant de 13 000 euros par an à Gennevilliers à 40 000 à Neuilly-sur-Seine ». «La Grande boucle nord de la Seine est une idée ancienne, a fait valoir Alain-Bernard Boulanger, maire (DVD) de Villeneuve-la-Garenne, puisque le Schéma directeur de la région Ile-de-France y fait déjà référence. »

« Ce projet respectera la spécificité des villes », a souligné pour sa part Yves Révillon, maire de Bois-Colombes, reflétant la tonalité générale de défense de la liberté d’agir des maires à laquelle tous les édiles présents ont affirmé leur attachement.

Ce projet dérange-t-il le président des Hauts-de-Seine ? Pas le moins du monde, a répondu Patrick Ollier, affirmant que « tous les maires autour de cette table soutiennent le candidature de Patrick Devedjian à la présidence du conseil général », dans une vision un rien extensive de l’union des maires présents, aussitôt rectifiée, avec le sourire, par Patrick Jarry.

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